AlloCiné : La saison 2 des Bracelets Rouges a été un beau succès sur TF1. Est-ce que vous êtes soulagé ? J’imagine qu’il y a toujours une petite appréhension que le public ne revienne pas, surtout qu’il y avait une grosse attente...
Nicolas Cuche, réalisateur : Vous êtes toujours tendu avant de présenter votre travail aux spectateurs et peut-être plus encore avec Les Bracelets Rouges en ce qui me concerne car c'est une série qui me tient vraiment très à coeur, qui compte beaucoup pour moi. Les retours sont très bons, c'est un soulagement. Je sais en plus que le premier épisode de la saison n'était pas conventionnel, car c'était en quelque sorte le dernier épisode de la saison 1. Il fallait que l'on dise au revoir au personnage de Sarah et démarrer sur un deuil c'était un peu risqué. Et au final, ça a bien fonctionné.
Au-delà du succès d'audience, on était hier au contact d'enfants pour l'association Les Petits Princes, et on a reçu plein de témoignages d'amour. On avait une mission de ce point de vue, celle de changer le regard sur le handicap, et on est heureux d'avoir su la remplir. C'est une série utile, indispensable même. C'est rare les séries qui vont au-delà du divertissement pour porter un message, mener un combat. Plein de gamins nous disent qu'elle les a un peu aidés à supporter leur maladie. C'est très émouvant et gratifiant.
La série originale catalane n'a duré que 2 saisons. Est-ce que dans un premier temps c'était votre objectif ? Est-ce qu'il a été question d'arrêter là ?
Nicolas Cuche : Pas de mon côté et surtout pas quand on tournait la saison 2. J'avais déjà très envie d'une saison 3. J'avais toujours en tête qu'on aille au-delà, c'était clair qu'il y avait un potentiel et qu'arrêter au terme de la saison 2 aurait laissé un goût d'inachevé.
Il y a toutefois un chapitre qui se referme avec le départ de Thomas de l'hôpital. On pouvait s'attendre à ce qu'un dernier rebondissement l'oblige à rester et ce n'est pas le cas. C'est une vraie prise de risque que de s'en séparer, et du personnage et d'Audra Cattin, son très populaire interprète...
On ne va pas du tout le perdre, pour tout vous dire. Le départ de Thomas va permettre d'élargir les thématiques de la série, évidemment toujours liées à la maladie. On va pouvoir traiter de la vie en dehors de l'hôpital, du retour parfois difficile à sa réalité d'avant.
Côme se réveille enfin, après plusieurs moments où l'on a cru que ça allait arriver et finalement non. Vous y voyez comme un passage de relais entre Côme qui se réveille et Thomas qui s'en va ?
On a fait le durer le suspense, notamment au milieu de la saison 2. C'est un personnage mystérieux, très présent et dont on ne sait en même temps rien. C'est un challenge de le faire exister, et il sera l'une des pierres angulaires de la saison 3.
Côme assurera-t-il toujours la voix-off, même s'il n'est plus dans le coma ?
On est en train d'en discuter, et je peux simplement vous dire qu'il continuera d'être le narrateur mais d'une façon un peu différente...
Concernant Mehdi et Louise, on a l'impression que leurs intrigues au sein de l'hôpital touchent également à leur fin. Seront-ils toujours présents dans la saison 3 ?
Tous les personnages reviendront. On leur a trouvé de nouvelles trajectoires assez naturelles, mais on ne peut pas les garder éternellement à l'hôpital. Certains vont sortir, comme Thomas, mais sortir ce n'est pas si facile que ça, donc la série va continuer à l'hôpital avec ceux qui restent et à l'extérieur avec ceux qui s'en vont. On a envie de raconter ce que c'est que de vivre avec un handicap au quotidien, entouré de gens qui n'ont pas du tout le même vécu.
Pour Roxanne, on sent qu'elle n'est pas du tout tirée d'affaire et qu'elle bascule même dans une certaine forme de folie...
C'est un des personnages dont la maladie est la plus difficile à traiter car c'est avant tout mental. Elle est au centre des deux derniers épisodes de la saison 2. C'était important de la montrer désemparée face au départ de Thomas. Et on découvre un nouvel aspect de sa personnalité, avec la folie qui n'est jamais loin effectivement. C'est une maladie dont on ne guérit jamais vraiment, on apprend simplement à vivre avec.
On voit beaucoup les parents des enfants dans le final de la saison 2, qui sont pour la première fois tous ou presque réunis. C'était important pour vous de les faire se rencontrer ?
Oui, tout à fait. J'en reviens à la rencontre avec "Les Petits Princes". Les enfants qui adorent la série étaient évidemment accompagnés de leurs parents et on a eu plein de témoignages de leur part aussi, ils nous ont remerciés de montrer aussi ce que c'était que d'être le parent d'un enfant malade, les répercussions que ça peut avoir sur la vie de couple notamment. On ne voulait pas négliger ça, et c'est un autre point d'entrée que celui des adolescents. Et puis j'ai d'excellents comédiens, ce serait dommage de ne pas en profiter ! En tant que metteur en scène, c'était un vrai plaisir de réunir d'un côté les enfants et de l'autre les parents.
Peut-on s'attendre à ce que la saison 3 arrive au printemps 2020 sur TF1 ?
C'est l'objectif effectivement, et c'est toujours un sacré challenge. C'est extrêmement important de proposer les nouvelles saisons à un intervalle régulier, de garder le rythme. On ne peut plus se permettre aujourd'hui d'arriver trois ans après. C'est excitant aussi d'avoir une deadline, l'énergie est très concentrée, on ne se disperse pas et on termine en général très peu de temps avant la diffusion.
Il y aura à nouveau 8 épisodes, comme en saison 2 ?
Oui, 8 épisodes.
La créatrice Marie Roussin quitte la supervision de l'écriture. C'est vous qui reprenez le flambeau. La suite logique ?
Je suis pas mal intervenu dans l'écriture des épisodes que j'ai tournés. C'est vrai que c'était assez naturel pour moi de poursuivre. J'ai participé à la création de la série aussi, je suis là depuis le début, je la connais par coeur, je connais très bien les comédiens, on a développé des relations vraiment intimes. Ils n'avaient quasiment jamais tourné avant Les Bracelets Rouges. Il y a quelque chose de très émouvant pour moi de les voir grandir, mûrir... J'avais très envie de les accompagner encore un peu.
Vous vous êtes inspirés de ce qu'ils sont pour les faire évoluer ?
Dès la première saison, on s'est appuyé sur leurs personnalités pour les écrire. Ce fut le cas avec le personnage de Sarah par exemple, auquel on s'est beaucoup attaché aussi parce que la comédienne a transcendé son rôle, plein de répliques sont les siennes; le personnage de Mehdi était davantage conçu comme une petite frappe de banlieue et le comédien lui a apporté une dimension humoristique qu'il n'y avait pas vraiment au départ.
De nouveaux personnages d'ados vont-ils être introduits en saison 3 ? Sachant que certains étaient en arrière-plan pendant la saison 2, notamment lors des cours de théâtre...
Oui, il y aura deux nouveaux personnages. Et c'est vrai qu'en tournant les scènes d'impro avec Jarry, il y a des personnages qui ont pris vie, et j'avais très envie qu'on les développe mais c'était compliqué, l'écriture était déjà trop avancée. Donc effectivement, je ne dirais pas qui mais dans la saison 3 il y a un personnage en particulier, jusqu'ici un peu en retrait qui va gagner en importance...
Propos recueillis par téléphone le 28 mars
Notre podcast sur la saison 2 en compagnie de la créatrice Marie Roussin :
