La saison 7 d'Engrenages, dont les deux derniers épisodes sont diffusés ce soir sur Canal+, aura marqué un renouveau indéniable dans la continuité de la série. Une nouvelle directrice d'écriture (Marine Francou), des personnages historiques qui disparaissent (exit Herville et Tintin), un nouveau flic venu équilibrer le duo Laure/Gilou (Tewfik Jallab), et également une certaine envie d'aller vers plus de lumière dans le destin des personnages, alors que la série se rapproche lentement mais surement d'une potentielle conclusion après quatorze ans d'existence.
Parmi les éléments marquants de cette saison, la détention de Joséphine Karlsson (Audrey Fleurot) aura été un véritable chemin de croix pour cette avocate redoutable, dont la carapace a volé en éclats en prison. Après s'être faite violer par son ancien patron, elle est inculpée pour tentative de meurtre après avoir tenté de se faire justice elle-même en lui roulant dessus dans un parking. Mais son agresseur survit à ses blessures et l'identifie, entraînant son inculpation dans l'attente du procès. Cependant, Joséphine parvient à être innocentée de façon quasi-miraculeuse à l'issue de la scène de reconstitution du crime. Au cours de l'épisode 5 (diffusé le 18 février dernier sur Canal+), alors que tout accable l'avocate, il suffit d'une phrase de son avocat, Maître Edelman (Louis-Do de Lencquesaing) murmurée à l'oreille de son violeur pour qu'il change immédiatement de version et déclare, à la surprise générale des enquêteurs et du juge présents, que ce n'est pas Joséphine qui l'a renversé. Suite à ce revirement de témoignage, Joséphine est immédiatement relaxée, et accepte à contrecoeur l'aide d'Edelman pour se réinsérer dans l'avocature.
A un moment donné, il ne lui reste plus que la provocation
Mais qu'à bien pu dire Edelman à la victime pour que Joséphine s'en sorte aussi facilement ? Ce détail est volontairement occulté et aucune allusion n'y sera faite par la suite, ce qui soulève un certain nombre d'interrogations. Pourquoi laisser un suspens une question aussi cruciale dans une affaire qui s'annonçait longue et complexe pour l'avocate accusée de tentative de meurtre ? Les scénaristes auraient-ils cédé à la facilité ? Ne laissant au contraire rien au hasard dans le déroulement des affaires judiciaires de la série, l'équipe d'Engrenages a préféré jouer sur le hors-champ et les motivations intimes du personnage d'Edelman pour faire sortir Joséphine du pétrin. Au cours d'une conférence de presse à Paris en décembre dernier, Louis-Do de Lencquesaing a éclairci ce point lui-même : "Pendant la scène de reconstitution, [Edelman] trouve une idée – parce qu'avant il merde quand même, le néon merde, tout merde ! A un moment donné, il ne lui reste plus que la provocation. Vous imaginez bien ce qu'il lui dit, il le menace. C'est de la menace, de la menace de mort. Il [le réalisateur Frédéric Jardin, ndlr] a souhaité l'enlever en fait, parce que c'était écrit évidemment, mais comme il a mis la caméra dans la voiture il s'est dit que c'était mieux si on ne l'entendait pas. Mais c'est de la menace de mort ! Il lui dit 'la prochaine fois c'est moi qui serai là [derrière le volant], et moi je te raterai pas.' C'est ça qu'il lui dit. Et le mec est terrorisé. Edelman va jusque là, et il est sérieux." En effet l'avocat, cynique et mélancolique, a bien du mal à cacher ses sentiments pour Joséphine, et emploie tous les moyens possibles pour l'aider... Mais il tente aussi d'abuser de sa vulnérabilité en la faisant travailler pour lui par la suite. Un moyen de souligner toute la complexité et la richesse des personnages d'Engrenages, comme le démontre la relation entre Karlsson et Edelman.
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