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    Doom Patrol : que vaut le spin-off étrange et horrifique de Titans ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Deuxième série de la plateforme DC Universe après "Titans", "Doom Patrol" a fait ses débuts le 15 février. Entre ambiance horrifique et anti-héros, que valent le premier épisode et ses personnages monstrueux ?

    DC Universe

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    Robotman, Negative Man, Crazy Jane ou encore Elasti-Girl souffrent de handicaps ou ont été physiquement marqués par des accidents. Rejetés par la société et désormais dotés de super pouvoirs, tous ont trouvé un sens à leur vie en agissant pour le compte du Dr. Niles Caulder, un scientifique fou qui leur est venu en aide à un moment donné de leur vie et qu'ils aident à protéger la planète...

    Doom Patrol de Jeremy Carver - Avec April Bowlby, Diane Guerrero...

    Diffusé sur DC Universe depuis le 15 février - En attente d'un diffuseur français

    ÇA RESSEMBLE À QUOI ?

    NOTRE AVIS

    "Prêts pour une histoire de super-héros ? Encore plus de super-héros à la télévision, exactement ce dont le monde a besoin. Soyez honnêtes : vous vous êtes déjà pendus ? Et si je vous disais qu'il s'agit en fait d'une histoire de super zéros ? (...) Prêts à vous sentir mieux dans votre vie misérable pendant une heure environ ?" Dès ce monologue d'ouverture, où le grand méchant assure la narration en voix-off, Doom Patrol annonce la couleur : il ne s'agira pas d'une énième série super-héroïque et vous pouvez vous attendre à quelque chose de moins classique que Titans, premier bébé de la plateforme DC Universe dans laquelle les personnages de ce nouveau show nous avaient été présentés le temps d'un épisode.

    À l'époque, c'est l'humour qui prédominait. Aujourd'hui, Doom Patrol met en avant le caractère tragique et monstrueux des protagonistes, que l'on ressent dès le générique et son imagerie inquiétante que viennent renforcer les riffs de guitare électrique. Arrive ensuite l'heure des présentations. De façon un peu scolaire dans la façon de passer de l'un à l'autre, même si l'on se plaît à repérer les hommages rendus à quelques monstres classiques du cinéma d'épouvante : pilote de course transformé en machine à la suite d'un accident de la route qui a coûté la vie à sa femme, Cliff 'Robotman' Steele (incarné par Brendan Fraser, physiquement puis vocalement) a des allures des créatures de Frankenstein, avec son seul cerveau comme vestige de son ancienne vie.

    Rescapé d'un crash survenu pendant un essai en vue d'un programme spatial en 1961, sans doute grâce à l'entité bleue qui l'a investi quand il était en orbite, Larry 'Negative Man' Trainor (Matt Bomer) cache des brûlures effrayantes sous un amas de bandages qui le font passer pour un cousin de l'Homme Invisible. À ses côtés, l'ex-star de cinéma Rita Parr (April Bowlby), contaminée par un étrange nuage de gaz vert après une chute dans une rivière pendant un tournage en Afrique, a vu son corps devenir élastique et flasque, au point de s'affaisser sur lui-même sans qu'elle ne contrôle rien. Elle se fait appeler Elasti-Girl, mais nous fait penser au célèbre Blob. Et enfin, Crazy Jane (Diane Guerrero, sortie de la prison d'Orange is the New Black) renvoie au Dr. Jekyll et son alter ego Mr. Hyde, lorsque ses différentes personnalités se font entendre.

    Seul Cyborg (Joivan Wade) manque à l'appel de ce premier épisode, mais ça n'est pas plus étonnant que cela : le héros est davantage familier que ceux de Doom Patrol, issus d'un comic book moins connu, donc les présentations moins urgentes, et son histoire est quelque peu différente puisqu'il a été créé par son père, là où Robotman est né entre les mains du Docteur Niles Caulder, figure paternelle et protecteur des personnages du show, qu'il cache dans son manoir. Incarné par Timothy Dalton, celui-ci plane comme une ombre au-dessus du récit, et les dernières minutes intriguent en teasant les liens qui l'unissent au méchant Mr. Nobody (Alan Tudyk), dont la majorité du corps a disparu suite à une expérience menée en 1948 au Paraguay.

    Et c'est alors qu'il ouvre un vortex (et annonce un potentiel désastre) que s'achève ce premier épisode aux allures de longue introduction. Davantage focalisé sur ses personnages, des héros de leur "vivant" devenus des monstres, marqués (pour ne pas dire traumatisés) par leurs passés respectifs, le scénario manque ainsi d'enjeux et cherche avant tout à mettre son ambiance en place. Et sur ce plan, c'est réussi : naviguant sur plusieurs décennies (de 1948 à 2019), à grands renforts de sauts dans le temps, il se donne un petit côté rétro et hors-du-temps qui lui permet de se démarquer, alors que le ton, majoritairement sérieux, parvient à ne pas être trop pesant. "Un peu d'humour, ça aide", dit l'un des personnages au détour d'une réplique qui fait figure de note d'intention pour un show qui s'offre même un peu de nudité, chose assez rare chez les super-héros télévisuels pour être soulignée.

    Doucement handicapée par une poignée d'effets spéciaux moyens (mais pas aussi ratés que le tigre vert de Titans), son statut de longue mise en place ou quelques parallèles malheureux (quand Robotman réapprend à marcher notamment), Doom Patrol se révèle pour l'instant plus intrigante que vraiment séduisante. Comme ses personnages et leur allure monstrueuse, qui vont tenter de renouer avec en se confrontant au monde extérieur, la série semble cacher un soupçon d'humanité derrière son aspect horrifico-étrange, en jouant moins la carte de l'héroïsme que celle de la famille dysfonctionnelle, où Negative Man et consorts appellent le Dr. Caulder "Papa". Reste maintenant à confirmer cette bonne impression (avec plus d'enjeux), le temps d'un épisode 2 qui s'annonce rock'n'roll.

    Le synopsis officiel est en effet le suivant : "Après la capture du Dr. Caulder par Mr. Nobody, la Doom Patrol enquête sur le mystérieux âne albinos [qui a ouvert le vortex à la fin de l'épisode, ndlr] et découvre qu'il s'agit d'un portail vers un autre univers que contrôle Mr. Nobody." Tout porte à croire que l'horreur va laisser place à la SF et au grand délire. Et donner naissance au groupe rigolo que nous avons aperçu dans Titans.

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