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    La Chute de l'empire américain : comment a été tournée la scène de torture ?
    Yoann Sardet
    Rédacteur en chef depuis 2003 - Fan de SF et chasseur de faux raccords et d’easter-eggs, cet enfant des 80’s / 90’s découvre avec passion, avidité et curiosité tous types de films et séries.

    Pour AlloCiné, le réalisateur Denys Arcand décrypte une séquence-choc de "La Chute de l'empire américain", diffusé ce soir sur ARTE.

    Jour2fête

    La scène est choquante. Et inattendue alors que le ton du film oscillait jusque-là entre comédie dramatique, romantique et satirique. A la 46e minute de La Chute de l'empire américain, un jeune délinquant (Patrick Émmanuel Abellard), blessé lors d'un braquage qui a mal tourné, est torturé dans un hangar par des truands à la recherche de leur argent. Suspendu par les poignets, les mains attachées dans le dos, il est hissé en hauteur jusqu'à ce que ses épaules se disloquent alors que le poids de son corps amène ses épaules à subir une rotation aussi douloureuse qu'insoutenable. D'autant plus insoutenable que la scène est tournée en plan-séquence... amenant, au-delà de la surprise, une question "coulisses" : comment ont-ils fait ?

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    S'il se défend de ne pas vouloir révéler tous ses secrets, tel un magicien, le réalisateur québecois Denys Arcand a accepté de nous en dire un peu plus sur cette séquence complexe, qui conjugue plusieurs techniques. "Il y a un contortionniste, de la stop-motion, des plans par ordinateur... C'est vraiment un ensemble de techniques et la réunion d'une quinzaine de personnes qui travaillent pendant trois jours pour y parvenir. Il faut juste savoir que le contortionniste était blanc, alors que le personnage torturé est noir ! Il fallait du maquillage, du face-replacement pour mettre la tête de notre héros sur le corps du contortionniste. C'était très compliqué".

    La Chute de l'empire américain : "Nos gouvernements gaspillent notre argent"

    Au-delà du défi technique, la scène dénote avec le reste du long métrage, qui voit un jeune livreur bien sous tous rapports cacher le butin du braquage et tenter de le dissimuler aux autorités avec l'aide d'une escort, d'un repris de justice et d'un banquier d'affaires. Le réalisateur québécois, qui avait ému la Croisette avec ses Invasions barbares, a t-il hésité avant d'inclure cette séquence dans son nouvel opus ? "Cela faisait partie de mon sujet. Si vous volez de l'argent à la pègre et qu'elle le cherche, il faut garder en tête que ce sont des gens très violents. Ils ne vont pas se contenter de vous bousculer gentiment. Cette violence fait partie de l'histoire que je raconte. C'est un monde violent, avec des luttes de territoires, des morts, des gens torturés... Pour moi, cela faisait donc partie de mon histoire même si cela déroge au ton du film"

    Dès lors, comment qualifier La Chute de l'empire américain ? "On m'a demandé dans le cadre d'un débat post-projection si mon film était un thriller ou une comédie satirique", explique le cinéaste, qui ajoute ici un nouveau chapitre à sa fresque Le Déclin de l'empire américainLes Invasions Barbares / L'Âge des ténèbres. "Finalement, c'est une question très française. En France, il y a des catégories depuis le XVIIe siècle : on ne peut pas faire de blague chez Racine, il ne peut pas y avoir de mort chez Molière... C'est très différent dans la tradition britannique. Dans Hamlet, il y a des blagues, parfois même de mauvais goût. Au Québec, nous sommes nourris des deux cultures. Et nous avons donc plus de facilité à mélanger les genres. Mon film est donc un thriller, une comédie dramatique, une satire... C'est tout ça, c'est la vie telle qu'elle est. Complexe et multiforme". Une oeuvre multiforme donc, qui pointe le triomphe de l'argent, à découvrir actuellement au cinéma.

     

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