Il y a d'abord le contexte, évidemment lourd. Début 2018, alors que Woody Allen était rattrapé par la vague du #MeToo et les accusations d'abus sexuels de sa fille adoptive Dylan, l'avis de tempête secouait aussi le géant Amazon, qui a produit Wonder Wheel et A Rainy Day in New York, dernière film à ce jour du cinéaste, et déjà tourné depuis un moment. Le groupe s'interrogeait alors sur l'avenir de leur collaboration. La société envisageait en effet, selon le site Vulture qui rapportait l'information, soit d'annuler la sortie en salle de A Rainy Day in New York, soit d'en minimiser la sortie en se contentant de le rendre visible uniquement en VOD. Le cas Woody Allen est d'autant plus épineux pour Amazon que Roy Price, l'ancien directeur d'Amazon Studios, fut contraint à la démission après avoir été accusé de harcèlement sexuel par une productrice.
La situation, loin de s'atténuer, a au contraire pris le chemin inverse. Woody Allen a en effet décidé d'attaquer Amazon en justice pour rupture abusive de contrat. Le réalisateur reproche au groupe d’avoir mis fin à leur engagement sur la base d’accusations anciennes le visant, et réclame plus de 68 millions de dollars en guise de réparation.
Selon le Wall Street Journal et Variety qui rapportent l'information, citant l’assignation déposée devant un tribunal fédéral civil de Manhattan, mercredi 7 février, le cinéaste affirme qu’Amazon a cherché à mettre fin à l’engagement qui liait les deux parties en juin dernier et a refusé depuis de lui verser les 9 millions $ prévus pour le financement de son dernier film, A Rainy Day in New York. Le contrat prévoyait en outre des enveloppes minimales de 9, 25 et encore 25 millions de dollars pour les trois autres films, prévus respectivement pour 2018, 2019 et 2020, soit 68 millions au total. En août dernier, le Hollywood Reporter précisait d'ailleurs déjà que le contrat liant les deux parties pouvait tout à fait être rompu...
Par ailleurs, Allen reproche à Amazon de ne pas avoir assuré la distribution du film, malgré son engagement contractuel. La firme lui aurait expliqué que la décision avait été prise du fait "d’accusations répétées", de ses "déclarations controversées" et "du refus de plus en plus répandu chez les acteurs et actrices majeurs de travailler ou d’être associés à son nom de quelque façon que ce soit". Il affirme également que la rupture unilatérale du contrat par Amazon l’a contraint, lui et sa société de production, à décommander des "individus très reconnus" qui avaient donné leur accord pour travailler avec lui. le bras de fer judiciaire ne fait que commencer...