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    Ted Bundy, autoportrait d’un tueur : pourquoi ce serial killer fascine-t-il tant ?

    Ce n’est pas le premier docu-série sur les serial killers que Netflix propose à ses abonnés. Autoportrait d’un tueur s’intéresse au plus fascinant de tous : Ted Bundy. Découvrez pourquoi et comment cet homme a terrorisé l’Amérique des années 1970.

    Disponible sur Netflix depuis le 25 janvier, Ted Bundy, autoportrait d’un tueur (Conversations With a Killer : The Ted Bundy Tapes, en VO) retrace le parcours du plus célèbre tueur en série américain en recoupant des témoignages, des images d’archives mais aussi des conversations enregistrées entre Ted Bundy lui-même et le journaliste Stephen Michaud lors de sa détention dans le couloir de la mort. Il a été condamné pour enlèvement, viol, meurtre et nécrophilie puis exécuté sur la chaise électrique à la prison de Raidford en Floride. On compte presque quarante victimes des agissements de Ted Bundy entre 1974 et 1978 mais il ne serait pas impossible que ce nombre soit plus important.

    UN TUEUR EN SÉRIE PAS COMME LES AUTRES

    Loin du stéréotype du tueur en série, Theodore Bundy, né en 1946, est un homme drôle et séduisant qui étudie le droit à l’université de Pudget Sound à Washington, participe aux réunions politiques du parti républicain tout en étant un fervent membre de l’église mormone. Après une relation chaotique avec Stephanie Brooks auquel il met un terme par orgueil, Ted Bundy se lie avec Elizabeth Kloepfer, avec qui il partagera sa vie jusqu’à la fin. On ne peut pas déterminer exactement à quel moment débute sa folie meurtrière mais la première victime connue est Lynda Ann Healy en janvier 1974. Pendant quatre ans, de nombreuses disparitions de jeunes étudiantes provoquent l’effroi aux États-Unis.

    Malgré un avertissement de la part d’Elizabeth Kloepfer aux forces de l’ordre, il est impossible pour les autorités de mettre la main sur Ted Bundy, qui use de ses airs de gendre idéal pour duper les personnes qui l’entourent et abuser de ses victimes. Cette période de flou dans l’enquête et le manque de communication entre les forces de police des différents états permet à Ted Bundy de commettre plus d’une trentaine de meurtres en toute impunité sur toute la côte ouest des États-Unis mais aussi en Floride. Il faudra des banals contrôles routiers et des rencontres hasardeuses pour que Ted Bundy soit finalement arrêté en 1977, déclenchant autour de lui une véritable passion médiatique.

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    Plaidant son innocence dans un premier temps, le serial killer va jouer de son image de jeune premier pour retourner l’opinion publique en sa faveur, aidé de son église et de ses proches. Extrêmement brillant, il réussit même l’exploit d’échapper deux fois à la justice. D’abord de la bibliothèque du tribunal où doit se jouer son procès en juin 1977 en s’échappant par la fenêtre. Il sera retrouvé sept jours plus tard. Puis, de manière plus spectaculaire du pénitencier de Garfield dans le Colorado en décembre 1977 en s’échappant du plafond de sa cellule après s’être affamé et avoir perdu 10 kilos. Il sera définitivement arrêté après un banal contrôle routier en février 1978.

    UN SUJET FASCINANT

    L’image du serial killer est sérieusement remise en question avec le cas Ted Bundy. En manipulant le système judiciaire, il réussit à assurer sa propre défense grâce à ses connaissances en droit et avec l’aide de cinq autre avocats. Les différentes audiences du procès ressemblent alors à des spectacles orchestrés par le tueur lui-même où il n’hésite pas à faire répéter les déclarations des témoins pour se délecter des récits de ses crimes. Se prenant pour Jésus, conscient de son humour et de son charme - avec de nombreux clins d’œil aux caméras, le serial killer tourne son procès en Ted Bundy Show, aidé d'un juge Cowart complaisant lors de son procés en 1979 pour le double meurtre de Margaret Bowman et Lisa Levy à la maison Chi Omega. Ses qualités oratoires lors du procès et ses dires lors des conversations enregistrées par les journalistes du documentaire révèlent sa personnalité manipulatrice et sans pitié, souvent à la dérive lorsqu’il ne peut assouvir ses pulsions ou être sur le devant de la scène, laissant malheureusement les victimes au second plan.

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    Plus étonnant, alors que cette atroce histoire survient en pleine période d’émancipation féminine et de revendications pour les droits des femmes, de nombreuses femmes, fascinées par le personnage, assistent à son procès. À la fois attirées et apeurées par Ted Bundy, certaines témoignent dans les médias de leur étonnement face au physique charmant du tueur. Une de ses amies, Carole Boone, qui le défend corps et âme développe une obsession amoureuse maladive pour lui et Ted Bundy l’utilise à son avantage en la demandant en mariage lors d’une audience afin d’attendrir le jury.

    Mais Ted Bundy a aussi fasciné la police et plus particulièrement le FBI, obligé de revoir ses méthodes d’investigation. Son procès coïncide avec la création du profilage criminel et du développement de la psychologie criminologique au sein du bureau et plusieurs agents s’entretiennent avec le tueur en série pour en apprendre davantage sur son comportement. C’est d’ailleurs trois jours avant son exécution, malgré de nombreuses tentatives de ses avocats de la repousser en plaidant la folie, qu’il avoue ses crimes et les actes de nécrophilie pratiquées sur ses victimes.

    QUAND LA FASCINATION VA TROP LOIN

    Cette fascination morbide est encore d’actualité aujourd’hui avec la sortie de ce documentaire, en témoignent des commentaires dérangeants sur les réseaux sociaux d’internautes obsédés par Ted Bundy au mépris de toute empathie pour les victimes. Netflix est même intervenu sur son compte Twitter le 28 janvier pour demander aux internautes d’arrêter de fantasmer sur ce serial killer. Cet avertissement survient peu de temps après la polémique autour de Joe Goldberg, personnage de psychopathe stalker incarné par Penn Badgley dans la série You.

    Traduction : « J’ai vu beaucoup d’entre vous discuter du soi-disant sex-appeal de Ted Bundy et je voudrais gentiment rappeler qu’il y a littéralement des milliers d’hommes sexy sur la plateforme – dont la quasi totalité n’a pas été condamnée pour meurtre. »

    Trente ans après son exécution le 24 janvier 1989, célébrée en fanfare aux États-Unis, celui qu’on surnomme Jack l’éventreur américain fascine toujours autant, aussi bien pour ses actes barbares que pour sa personnalité effrayante de diable caché derrière un visage ravageur. Surtout Joe Berlinger qui, après ce docu-série, signe le biopic Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile, présenté récemment au Sundance Festival. avec dans la peau de Ted Bundy l’acteur Zac Efron,

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