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    Juliette Roudet (Adèle) : "Quitter Profilage s'est imposé comme une évidence" [INTERVIEW]

    À l'occasion du lancement ce soir sur TF1 de la saison 9 de "Profilage", qui sera la dernière avec Adèle, Juliette Roudet, son interprète, est revenue pour nous sur les raisons de son départ, sur les enjeux de cette saison, et sur ses envies.

    Philippe Leroux/TF1

    Profilage, la série policière à succès de TF1, revient ce soir pour une neuvième saison événement qui sera la dernière avec le personnage d'Adèle Delettre puisque son interprète, Juliette Roudet, a annoncé en septembre dernier qu'elle quittait la série au terme de cette nouvelle salve d'épisodes. La comédienne, qui a succédé à Odile Vuillemin à la tête de Profilage en 2016 et porte depuis la série aux côtés de Philippe Bas, est revenue pour nous sur les raisons de son départ, sur l'évolution d'Adèle au cours de cette saison 9, qui débute cinq ans après les événements de la saison précédente, et sur l'épisode qu'elle a réalisé et qui sera diffusé dans quelques semaines sur TF1.

    AlloCiné : Cette neuvième saison est votre dernière saison dans la peau d'Adèle puisque vous avez décidé de quitter la série. Vous aviez la sensation d'avoir fait le tour du personnage ?

    Juliette Roudet : Pas vraiment, parce que j'ai l'impression qu'on ne fait jamais vraiment le tour d'un personnage puisqu'il est aussi vivant que l'acteur qui le joue. J'avais surtout fait le tour de ce que moi je pouvais expérimenter dans le cadre de la série. C'est un personnage qui a été très bousculé, et c'est vraiment ce que j'ai aimé jouer. Tous ces paris un peu fous, de jouer Adèle, de jouer Camille, la confrontation avec Argos, toutes ces choses qui faisaient partie du personnage. J'avais l'impression que les scénaristes étaient arrivés au bout de cette recherche autour du côté un peu rageux d'Adèle et qu'elle était désormais moins singulière, ce qui faisait que j'avais moins envie d'expérimenter cela parce que ce que j'aimais dans ce personnage, et ce qui faisait sa force, c'était justement sa singularité. Et en la faisant entrer dans une vie plus posée, plus cadrée, j'avais l'impression que ça éteignait cette flamme rebelle que j'avais tant aimé.

    Ça ne doit cependant pas être facile, après avoir porté une série pendant trois saisons, de prendre la décision de partir, si ?

    Non, vous avez raison, ce n'est pas simple. Et en même temps ça s'est vraiment imposé à moi comme une évidence. Je ne me suis pas torturée l’esprit. Une fois que j’ai ressenti que j’avais fait le tour de mon expérimentation, car moi ce que j’adore c’est fouiller le background d’un personnage, j’ai eu la sensation que la seule chose je pourrais offrir au public et m’offrir à moi-même c’était de refaire quelque chose que j’avais déjà fait. Je pensais que ça n’avait pas d’intérêt et cette décision de quitter Profilage s'est vraiment imposée comme une évidence. Je le dis beaucoup mais c’est sincère. Je me suis dit que si je restais pour refaire la même chose encore une année ou deux ans de plus, je ne serais pas vraiment une artiste courageuse, donc j’ai pris la décision de partir. C’est un choix très personnel. Mais je pense que c’était une bonne décision. Les choix sincères sont toujours de bons choix de toute façon.

    Est-ce que vous aviez annoncé votre départ à la production avant même le début de l'écriture de cette saison 9, permettant ainsi aux scénaristes de penser la saison en fonction de cette donnée ?

    Non, je crois que je l’ai annoncé à la production et à la chaîne au mois de juin. On avait déjà tourné six épisodes. Il nous en restait quatre et je ne pense pas que ça ait vraiment modifié les arches qu’avait prévu Maxime Berthemy [le directeur d'écriture de Profilage, ndlr]. On a juste travaillé ensemble pour donner à Adèle une fin qui lui semblait juste et en accord avec la série, et qui moi me semblait juste aussi et en accord avec ce que j’aime chez ce personnage. Une fin romantique et tragique à la fois, en quelque sorte. Mais ils ont eu le temps, je crois, de digérer cette nouvelle et de travailler avec.

    Philippe Leroux/TF1

    Qu’est-ce que vous pouvez dire sur le début de saison et sur la nouvelle vie d’Adèle cinq ans après les événements de la saison 8 ?

    Sa vie a connu des changements profonds. Sa vie professionnelle déjà, car elle est partie de Paris et a changé de métier. Et sa vie personnelle car elle a coupé les ponts avec les gens qui l’entouraient en saison 8 et qu’elle est partie avec son fils adoptif, Ulysse, dans le Sud de la France, où elle s’est installée avec un homme qu’elle aime et qu’elle s’apprête à épouser. Elle a vraiment fait table rase du passé et s'est enfuie à 800 kilomètres avec son fils sous le bras. Évidemment, quand on connaît un peu le personnage, ça peut paraître étrange, cette vie un peu tranquille et solaire qu’elle semble avoir en début de saison. Moi ce que je me suis racontée, pour me raccrocher au personnage que j’ai joué durant trois ans, c’est qu’elle avait eu le besoin de recommencer à zéro mais avec la certitude que son passé la rattraperait. Exactement comme Argos l’a rattrapée, comme Camille l’a rattrapée. Avec la certitude qu’on ne peut pas échapper à son passé. Je ne la vois pas vivre heureuse dans une grande maison avec l’homme qu’elle aime. Je pense que dès le départ tout ça porte en germe le fait que tout va rebasculer et exploser à nouveau.

    Vous aviez la sensation que la série avait besoin de ce nouveau souffle apporté par ce saut dans le temps de cinq ans ?

    C’est difficile à dire car je ne suis pas scénariste. Mais j’ai été un peu perplexe lorsque j’ai lu les deux premiers épisodes parce que j’ai senti ce déplacement de la série et du personnage. J’avais l’impression que tout ça ne collait pas trop avec Adèle, jusqu’à ce que je comprenne que c’était en fait reculer pour mieux sauter. Que je comprenne que tout ça était en fait une astuce de la part des scénaristes. Mais je crois qu’il y avait un besoin de respiration oui. C’est un discussion qu’on a eu avec les auteurs et avec la chaîne. Les deux derniers épisodes de la saison 8 ce sont mes épisodes préférés de Profilage ever, je trouve qu’il y a un aboutissement de quelque chose. Pour moi c’est ce qu’on a fait de mieux dans la série. Mais c’est vrai qu’on était dans des univers très sombres, avec le passé d’Adèle. On tournait autour de ça depuis deux saisons et sans doute y avait-il besoin d’une respiration, d’un petit bol d’air, d'un bol d’ailleurs. Et ce bol d’air a été pris en Camargue lors des deux premiers épisodes et je trouve qu’il ne fait pas de mal. Je pense qu’Adèle est capable de revenir dans sa vie d’avant parce que, justement, elle a vécu autre chose durant cinq ans. C’est ce que je me suis racontée en tout cas, mais c’est personnel (rires).

    Est-ce que vous êtes d’accord pour dire que la relation Adèle-Rocher est le fil rouge de cette saison, qui porte ces 10 épisodes en terme d’émotions ?

    Oui, je suis d’accord. Je crois que c’est une volonté des scénaristes qui est aussi liée à une volonté du public. C’est une relation qui a beaucoup touché les gens, et nous-mêmes, avec Philippe Bas, c’est quelque chose dans lequel nous étions à l’aise. Il y avait cette envie de développer ces personnages, car c’est vrai que dans les séries policières bouclées on s’attache bien sûr un peu aux enquêtes et aux différents personnages, mais ce qu’on regarde vraiment ce sont les personnages qu’on aime, l’héroïne ou le héros. Comment ils arrivent à faire leur vie ensemble, comment la vie les bouscule ou pas. Et j’avoue que c’est aussi ce qui me plaît le plus en tant qu’actrice. Être dans la vie des personnages. Les petites choses et les très grandes choses. Les joies et les grands drames. C’est ce qui fait qu’on peut aussi jouer les enquêtes, parce qu’il y a ça, qui est le coeur et l'âme de la série. Évidemment on s’y intéresse et c’est vrai que c’est le fil rouge de cette saison. Leurs difficultés, leurs retrouvailles, cette espèce de froid qu’il y entre eux, le mensonge. Toutes ces choses qui fondent une relation amoureuse j’ai l’impression. Ils passent un peu par toutes ces phases-là durant la saison.

    Philippe Leroux/TF1

    Quels souvenirs garderez-vous de cette aventure Profilage ?

    Plein de souvenirs. Le premier, évidemment, c’est les gens que j’ai rencontrés. Je garde très fortement en mémoire et aussi dans le coeur certaines personnes. Des gens qui sont devenus ma famille. Je les compte sur les doigts d’une main mais ils existent. Et bien sûr, je crois que l’un des plus beaux souvenirs que je garderai des ces trois années c’est la réalisation d’un épisode cette saison. Pour moi c’était un peu comme si je bouclais une boucle. J’avais l’impression qu’on avait fait un bout de chemin ensemble. Pas seulement moi et le personnage, pas seulement la série et le personnage, mais aussi moi Juliette avec cette équipe, en passant de l’autre côté de la caméra. On a vraiment grandi ensemble. On a fait un vrai chemin, et eux aussi car c’est la première fois qu’un acteur de la série passait derrière la caméra. Je garde un souvenir très, très fort de ça.

    Vous aviez envie de vous essayer à la réalisation depuis longtemps ?

    Ce n’est pas une envie que j’avais depuis très longtemps, non, car j’avais pas mal tourné avant Profilage, mais jamais comme ça sur la longueur. Je n’avais jamais tenu un rôle récurrent dans une série, c’est quelque chose que je ne connaissais pas du tout, ce milieu là de l’image. Mon envie est vraiment née durant ces trois années, où j’ai vu beaucoup de choses, rencontré beaucoup de gens. Et j’ai eu envie la saison dernière de raconter une histoire à ma manière, en m’approchant des personnages et des acteurs à ma façon à moi, qui est forcément singulière.

    C’est un épisode qui a été écrit spécialement pour vous, en sachant que vous alliez le réaliser ?

    Oui, et ça c’était hyper important. En fait, avant de commencer la saison 9, la décision était déjà prise que j’allais réaliser l’épisode 8. Et étant donné que je n’avais jamais réalisé quelque chose d’aussi long, j’ai demandé à Maxime Berthemy, qui a écrit tous les épisodes de cette saison, de m’aider et on a mis tous les deux en place un système pour que je sois là un petit peu quand même en tant qu’Adèle mais que je sois moins présente sur le plateau en tant qu’actrice. Cela imposait donc un épisode un peu particulier, car Adèle est le personnage qu’on suit le plus dans la série. Mais j’avais envie qu’on construise cet épisode un peu différemment, qu’on soit avec un personnage qui serait ainsi le cœur battant de cet épisode. C’est un peu ce qui s’est passé. Ce qui m’intéressait c’était de comprendre le Rocher d’aujourd’hui en le confrontant à son passé. Donc oui c’est un épisode qui a été pensé bien en amont, avec la contrainte qu’Adèle devait être moins présente dans l’épisode.

    PHILIPPE WARRIN / TF1

    Vous avez d’autres projets maintenant que vous avez quitté la série ?

    Là je viens de faire trois projets d’affilée depuis qu’on a terminé le tournage en septembre. J’ai un petit problème de boulimie de travail qui n’est pas toujours facile à gérer (rires). J’ai fait plein de choses et je crois que tout ce que j’ai appris durant Profilage me sert aujourd’hui. J’ai découvert des choses que j’ai envie de poursuivre. Ce n’est pas juste une aventure qui s’arrête, c’est le démarrage de quelque chose d’autre, de plein de choses même. J’ai très envie de continuer cette aventure de la réalisation notamment.

    Vous pourriez rejouer un jour de manière récurrente dans une nouvelle série ?

    Je suis très attachée aux personnages, comme tous les acteurs je crois. Sur la saison 9 de Profilage il y a eu une vraie collaboration avec Maxime Berthemy, sur les textes notamment. Je ne les ai pas écrits, mais pour moi le texte c’est vraiment la matière première et c’est essentiel pour s’emparer du personnage. Donc si on me propose un rôle dans une série et que j’aime le texte, que j’aime le personnage, je dirai oui, bien évidemment. Je ne pars pas pour ne plus faire de séries ou de télévision. J’ai juste envie de découvrir d’autres personnages, d’autres humanités, et d’autres manières de raconter des histoires. Même si ça fait déjà 18 ou 19 ans que je travaille, j’ai l’impression d’être seulement au début de ma recherche, de ma découverte. Là j’ai travaillé sur trois projets différents de théâtre et de danse, et j’ai rencontré 40 personnes différentes qui à nouveau me nourrissent, me donnent d’autres idées, d’autres envies. J’ai l’impression que c’est de ce bois-là qu’on est fait nous les acteurs, les artistes. Il y a une forme d’excitation dans un nouveau personnage. J’adore travailler sur l’imaginaire, sur ce que je peux apporter comme folie, ou comme tic de langage, c’est passionnant. Donc tant qu’on me proposera des projets où j’ai la possibilité de faire tout ça, je serai la première à dire oui.

    Ce qui vous attend dans la saison 9 de Profilage sur TF1 :

    Profilage : ce qui vous attend dans la saison 9 qui débute sur TF1
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