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    Bodyguard : retour sur le succès de la série, son arrivée sur Netflix et la saison 2 avec son créateur [INTERVIEW]

    Disponible sur Netflix depuis une semaine, la série britannique "Bodyguard" est un succès planétaire que nous avons analysé avec son créateur, Jed Mercurio. On évoque également la potentielle saison 2 et la mort choquante de l'un des personnages...

    Du succès en Grande-Bretagne à l'arrivée sur Netflix

    AlloCiné : "Bodyguard" a été un gros succès sur la BBC, battant des records d'audiences chaque semaine, avant d'arriver sur Netflix partout dans le monde, pourquoi les britanniques ont-ils à ce point répondu présents selon vous ?

    Jed Mercurio : Je crois que les téléspectateurs britanniques avaient très envie d'un thriller d'action, et les aspects politiques et policiers qu'on lui a associé leur ont plu. On ne peut évidemment jamais prévoir si un projet va devenir un succès ou non, mais on sentait qu'on tenait quelque chose avec ce mélange-là. Mais je sais que ce à quoi ils ont été le plus sensible, ce sont les personnages et leurs relations. 

    Et vous pensez que le public anglais était en mal de fictions traitant de politique ? Les plus populaires actuellement telles que "House of Cards" ou "Designated Survivor" viennent essentiellement des Etats-Unis...

    Je pense effectivement. Nous n'avons pas eu de bonne série politique depuis un sacré bout de temps ici. Cela a dû nous aider à piquer la curiosité du public et de notre côté ça nous permettait d'emblée de proposer quelque chose de frais.

    Est-ce que vous aviez l'ambition de traiter du sujet politique de manière à ce qu'il puisse être compris par le monde entier et pas seulement par les Britanniques ?

    C'est ce que nous avons essayé de faire, et c'est assez difficile. J'espère que les thèmes sont universels, mais je crois de toute façon que la politique fonctionne globalement à peu près de la même façon dans tous les pays démocratiques donc ça facilite la compréhension des enjeux.

    Est-ce que des séries similaires comme "24" ou "Homeland" faisaient partie de vos inspirations en créant Bodyguard ?

    Ce sont des séries extraordinaires et elles ont exploré ces mêmes sujets à leur manière, et elles ont réussi à passionner le monde entier avec leurs récits. Ce sont forcément des exemples à suivre. C'est flatteur d'être comparé à elles en tout cas. 

    La série porte le même titre que le célèbre film avec Whitney Houston et Kevin Costner, même si les deux oeuvres n'ont rien à voir. Est-ce qu'il a été question de le changer à un moment donné, pour éviter une éventuelle confusion ?

    C'est vrai qu'on en a parlé avec la BBC, et moi j'y étais très attaché donc on l'a gardé. Il me semblait très bien représenter le propos. Et je crois qu'on a bien fait au final, car la confusion n'a pas eu lieu et ça n'a pas du tout été un problème pour le public. 

    Il y a tout de même un élément commun avec le film, la relation qui s'instaure entre David et Julia qui dépasse le cadre professionnel...

    Pour moi c'était essentiel que de les faire se rapprocher au-delà des limites du monde professionnel car cela rajoutait des complications dans ce qui allait se passer ensuite, et cela complexifiait aussi leur relation, en rajoutant de la manipulation de la part de Julia, ou ce qui semble en être en tout cas, et du trouble chez David. 

    Le fait que vous ayez 6 épisodes seulement pour raconter votre histoire au lieu des 12,13 ou même 22 épisodes aux Etats-Unis, est-ce que cela vous a permis de rendre votre narration encore plus tendue et intense ?

    6 épisodes par saison, c'est le chiffre standart en Angleterre, j'y suis habitué et je préfère largement ça, car ça permet d'éviter des longueurs inutiles. Et dans le cas de Bodyguard, ça m'a aussi permis d'oser beaucoup plus de choses et d'y aller plus à fond narrativement parlant.

    La série est intense à regarder, était-elle aussi intense à écrire ?

    Elle l'était et c'était surtout très amusant pour moi, d'autant que c'était la première fois que je touchais à ces sujets, j'ai surtout fait des séries médicales par le passé. Je voyais le monde qui continuait d'évoluer, de bouger, au fur et à mesure que j'écrivais. Et toute la partie recherches sur l'univers de la protection, de la police, du terrorisme, ça m'a passionné. Travailler avec des consultants m'a aidé.

    Londres a été au centre d'attaques terroristes récemment, comme bien d'autres villes du monde. Est-ce que ces événements tragiques vous ont inspités ceux de la série ?

    J'ai commencé à travailler sur Bodyguard il y a 4 ans, et il y a eu des attaques terroristes à Londres à cette époque justement, sur le London Bridge ou devant le Parlement. J'ai forcément été inspiré par ce qui s'est passé, on peut y trouver quelques similitudes mais je n'ai pas cherché à retranscrire des attaques qui ont vraiment eu lieu. Malheureusement, ça fait partie de nos vies à tous aujourd'hui, on ne peut l'ignorer, ça nous habite, ça nous hante.

    Le fait que la série soit disponible dans le monde entier via Netflix et pas uniquement sur la BBC, quel sentiment ça vous procure ?

    C'est génial, et j'étais très heureux que Netflix soit aussi enthousiaste sur Bodyguard. Ce qui m'intéresse d'observer, c'est la réaction des abonnés à la plateforme et de la comparer à celles des anglais, car la manière de visionner est très différente, la plupart des gens vont enchaîner les épisodes au lieu de n'en voir qu'un seul par semaine. Je ne sais pas si ça va changer leur vision de la série. Je suis très attentif sur les réseaux sociaux, j'y suis moi-même et je vais lire ce qui se dit de temps en temps. 

    UNE SAISON 2 ?

    Vous risquez d'avoir encore plus de pression pour faire une saison 2. Est-ce que vous en avez déjà parlé avec la BBC ?

    C'est quelque chose que j'aimerais faire, même si rien n'est encore acté. Si les gens en ont envie, et cela semble être le cas, alors je serais heureux de leur offrir une suite. Mais je ne peux pas dire combien de temps ça mettra. 

    Vous envisagez de poursuivre l'histoire de David Budd ou de partir sur de nouveaux personnages ?

    Je ne suis pas encore sûr à 100% de ce que je vais faire. Cela va dépendre des discussions que l'on aura avec la chaîne à ce sujet, mais aussi des retours des téléspectateurs que je souhaite prendre en compte. Est-ce qu'ils ont le sentiment que la saison 1 se suffit à elle-même, qu'ils ont obtenu toutes les réponses à leurs questions ? 

    ATTENTION SPOILERS SUR LA MORT DE *****

    Vous avez su créer la surprise en tuant le personnage de Julia Montague au beau milieu de la saison. Est-ce que vous avez hésité à prendre ce risque ?

    Pour moi, c'était inévitable, j'avais très envie de le faire et je n'ai pas hésité. Cela permettait à la série d'aller de l'avant, d'aller plus loin, et ça permettait de pousser le personnage de David dans ses derniers retranchements. La conspiration au coeur de la série prend ainsi encore plus d'ampleur. Et je ne pense pas m'être trompé en vue de la réaction du public car à partir de ce moment-là, il a été plus investi que jamais. Ils avaient encore plus envie de savoir ce qui se tramait et évidemment de connaître le coupable de ce meurtre. 

    L'actrice Keeley Hawes savait-elle dès que vous l'avez engagée qu'elle allait mourir après 3 épisodes ?

    Je ne lui ai rien caché. Cela faisait partie du plan de la série dès le départ. On en a parlé très librement et elle aimait beaucoup cette idée.

    Beaucoup de gens restent suspicieux et pensent que Julia n'est peut-être pas vraiment morte. Sans nous dire évidemment si c'est le cas ou non, avez-vous déjà la réponse à cette question avant d'écrire la suite ?

    Oui, définitivement. Je le sais. 

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