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    Lumière 2018 : l’actrice et activiste Jane Fonda sacrée à Lyon
    Clément Cusseau
    Clément Cusseau
    -Rédacteur
    Après des études en école de cinéma, il intègre la rédaction d’AlloCiné en 2011. Il est actuellement spécialisé dans les contenus streaming et l’actualité des plateformes SVOD.

    Jane Fonda s’est vue remettre hier à Lyon le dixième Prix Lumière, récompensant l’ensemble de son œuvre mais aussi ses nombreux engagements politiques.

    D.R.

    C’est des mains du cinéaste franco-grec Costa-Gavras que Jane Fonda a reçu son Prix Lumière, succédant ainsi à Wong Kar-Wai, Martin ScorseseCatherine Deneuve ou encore Quentin Tarantino. A 80 ans, l’actrice récompensée par deux Oscars (Klute et Le Retour) a prouvé qu’elle n’a rien perdu de sa fougue, à travers une masterclass consacrée à sa carrière cinématographique mais aussi, et surtout, à ses nombreux engagements politiques. Le tout dans un français parfait et avec des pointes d’humour qui ont fait ravage parmi les festivaliers présents.

    Barbarella

    "Roger Vadim m’a proposé un rôle dans son film La Ronde mais je ne voulais pas tourner avec lui. Je sais ce que vous vous dites, c’était à cause de Bardot, mais non pas du tout ! J’adore Bardot, je la trouve très chouette ! Je l’ai rencontré lors d’une soirée, et il n’était pas du tout comme je l’imaginais. Il était charmant, discret, et il m’a appris quelques chansons traditionnelles françaises (elle en chante quelques-unes sur scène). Alors forcément, je suis tombée amoureuse de lui.

    Barbarella était très apprécié chez les jeunes de 14 / 15 ans. Je suis très fière d’avoir été à l’origine de leur première érection ! Je n’aimais pas trop le film à l’époque, et quand je sus rentrée aux Etats-Unis, les critiques féministes l’ont descendu en raison de l’image d’objet sexuel de la femme qu’il véhiculait. Maintenant, je le trouve charmant, mais pas très sexy."

    D.R.

    1968

    "En 1968, j’étais enceinte à Paris. Avec Vadim, nous n’avions pas vraiment d’opinions politiques, ni d’engagement. Mais je fréquentais le milieu intellectuel de l’époque, et un jour je suis allé voir Simone Signoret dans sa maison de campagne. C’est elle qui m’a parlé de la guerre du Vietnam. Alors, j’ai quitté Vadim, je suis rentrée aux Etats-Unis et je suis devenue militante.

    L’année 68 m’a bouleversée. On croyait vraiment que les étudiants et les ouvriers avaient le pouvoir de se rassembler pour faire tomber le gouvernement. Mais en réalité, cela n’était pas le cas et ensuite cela a été bien pire."

    Vietnam

    "Je suis allée au Vietnam parce que j’avais lu des rapports sur les jets de napalm sur des villages par les avions américains. Sans intervention, des milliers de vies risquaient d’être anéanties par ces assauts. Alors je suis allée au Vietnam. Des centaines d’américains y sont également allés, mais moi j’étais Barbarella donc c’était différent.

    Je regrette néanmoins les photos que j’ai faites sur un char d’assaut. J’étais livrée à moi-même, j’ai été bête de ne pas réfléchir à ce que je faisais. Aux Etats-Unis cela a beaucoup choqué. Je regretterai jusqu’à ma mort d’avoir fait ces photos."

    Son engagement politique

    "A une époque, les studios ne voulait plus m’engager à cause de mon activisme. Mais maintenant, c’est arrangé. A l’époque le FBI de J. Edgar Hooper voulait ma peau, et ironiquement, je soutiens désormais à 100 % l’action du FBI si vous voyez ce que je veux dire. Allez le FBI !!!!

    Je pense être devenue une meilleure actrice grâce à mon activisme. Les acteurs vivent dans un monde de privilèges et ils n’écoutent pas le reste du monde. A une époque, je voulais m’engager à plein temps et abandonner le cinéma. Mais on m’a encouragé à continuer à faire des films, et à obtenir beaucoup de succès, car la voix d’une star de cinéma pèse plus lourd dans les médias que celle d’un simple bénévole.

    Aux Etats-Unis, on ne parle pas d’écologie par exemple. On attend les prochaines élections pour espérer faire changer les choses, mais le temps joue contre nous. C’est l’activisme qui peut nous guérir de ce système, il faut s’engager et se battre !"

    D.R.

    Trump

    "Avant l’élection de Trump, je m’occupais du jardin et j’avais commencé l’écriture d’un roman. Mais désormais je ne peux plus faire cela. C’est la première fois je pense que les américains réalisent l’étendue du racisme aux Etats-Unis et du danger qui guette notre démocratie. C’est la seul point positif de l’élection de monsieur… Berk !

    Le combat mené par les femmes au fil des siècles est capital. Et aujourd’hui, le patriarcat est comme un animal blessé, donc c’est pour ça qu’il cherche à effacer tout ce qui a été fait par l’administration Obama ou pour les droits des femmes. Make America Great Again, en vérité c’est Make America White Again. Un monstre blessé est encore plus dangereux. Et l’Europe vit la même chose avec la montée du nationalisme.

    En France comme aux Etats-Unis, on prive les hommes de leur humanité. Certaines féministes doivent comprendre cela. Les hommes sont élevés dans l’idée qu’ils doivent être la source de revenue du foyer, et qu’ils doivent être forts et puissants, cela doit être vraiment fatigant à force ! Moi je suis très heureuse d’être une vieille femme !"

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