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    Rachid Bouchareb : "Le Flic de Belleville est l'enfant de 48 heures, L'Arme Fatale et L'Emmerdeur"
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    À l'occasion de la sortie du Flic de Belleville, AlloCiné est allé à la rencontre de son réalisateur, Rachid Bouchareb, à qui l'on doit notamment Indigènes et Hors-la-loi. On en a profité pour parler buddy movies à l'ancienne.

    DEUX FLICS AMI-AMI

    Si l'occasion était belle de discuter buddy movies avec Rachid Bouchareb, nous étions également curieux de connaître quelques secrets de fabrication de ce Flic de Belleville. Le cinéaste, très enthousiaste, répond d'abord au sujet du titre, pourquoi Le Flic de Belleville et non Le Flic de Miami, où l'action se déroule ? "En fait, je voulais commencer mon film pendant le jour de l'an chinois et tourner dans le Chinatown de Belleville. Cet endroit est le point de départ de l'histoire. Du coup je souhaitais trouver mon titre à partir là ; je ne pouvais pas l'appeler Le Flic de Chinatown, je l'ai donc appelé Le Flic de Belleville. Evidemment, cela rejoint des grands succès comme Le Flic de Beverly Hills mais ce n'est pas le seul parent de ce film-là. Il y a aussi 48 heures, L'Arme Fatale, L'Emmerdeur, avec Jacques Brel et Lino Ventura..."

    Le réalisateur aimer citer L'Emmerdeur comme buddy movie de référence, estimant que 48 heures est un vrai parent du film d'Edouard Molinaro, sorti en 1973. Il est même allé chercher Larry Gross, le scénariste du film avec Eddie Murphy et Nick Nolte, pour l'aider à élaborer le script du Flic de Belleville : "Je l'ai appelé car je pensais beaucoup à 48 heures", confie Bouchareb.

    UN DUO IMPROBABLE

    Pour incarner le co-équipier d'Omar Sy, le metteur en scène a engagé Luis Guzman (L'impasse, Oz), comédien qu'il avait déjà dirigé dans La Voie de l'ennemi : "Je ne le connaissais à l'époque qu'à travers ses films, comme L'Impasse, Magnolia ou Boogie Nights. Sur le plateau de mon précédent film, on riait souvent. C'est quelqu'un qui a plein d'humour, qui est très joyeux en permanence. Je lui avais dit que j'aimerais bien faire une comédie avec lui. Je trouvais qu'il pourrait former un tandem formidable avec Omar Sy. Ils se se sont rencontrés et j'ai ensuite écrit l'histoire autour de ce duo."

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    Bouchareb, très ami avec le comédien américain, révèle également qu'il s'est servi de la vraie personnalité de Guzman pour construire le personnage de Ricardo, ce flic de Miami contraint de faire équipe avec Omar Sy alias Baaba. "Je voulais retrouver Luis dans son langage, son espagnol à lui, son anglais... il avait donc carte blanche pour interpréter ce personnage à sa façon."

    Le réalisateur, qui a tourné ses derniers films aux USA, assure que ce n'est pas du tout en raison d'un manque de soutien de la part des producteurs français. "Il n'y a pas de difficultés car tous mes films tournés aux USA sont produits par la France et co-produits pour certains par l'Algérie et la Belgique. J'ai aussi tout le temps avec moi une équipe française. Je prends également des acteurs français pour travailler avec moi aux Etats-Unis. Je pense notamment à Roschdy Zem ou Golshifteh Farahani. De l'équipe technique aux acteurs, j'ai toujours un noyau dur hexagonal. Le compositeur de la musique du Flic de Belleville par exemple, est français, il s'agit d'Eric Neveux."

    GLISSER DES IDÉES POLITIQUES

    Fait intéressant, Bouchareb s'est inspiré de faits réels pour élaborer le scénario du Flic de Belleville : "Ce sont des faits divers réels, ces histoires d'avions qu'on abandonne dans le désert... ces familles de dignitaires africains corrompus liées au trafic de drogue... Certains pays d'Afrique sont dans cette situation. Ce sont les nouvelles routes du transport de la drogue."

    Le Flic de Belleville est aussi un clin d'oeil, selon le cinéaste, aux difficiles relations entre les USA et la France, notamment à travers ce duo improbable formé par Luis Guzman et Omar Sy. "Le film parle du monde américain, européen, africain, du monde hispanique, il y a la petite amie d'Omar dans le film qui est d'origine asiatique... Il y a un peu tout ça dans mon film et de temps en temps, ça met le doigt sur quelques idées politiques pour souligner ce qu'il se passe dans le monde d'aujourd'hui."

    MOTEUR, ACTION !

    Concernant le tournage des scènes d'action, le metteur en scène met en exergue le fait qu'il n'est pas un novice dans l'exercice. Il confie notamment avoir passé 2 mois sur 6 à tourner de l'action dans Indigènes. "Je n'étais pas inquiet car les scènes d'action prennent moins de place dans Le Flic de Belleville, c'est un terrain que je connaissais déjà."

    Pour terminer, Rachid Bouchareb tient à dire un mot sur Biyouna, qui tient le rôle de la mère d'Omar Sy dans le film. "Je dirais que c'est un buddy movie à 2 et demi. Elle tient vraiment à être la partenaire de son fils. Elle veut être au courant de son enquête et intervient comme une équipière. C'est un peu comme la femme de Columbo mais qui serait physiquement présente."

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