Le 18 mai, puis le 6 juillet derniers, l'actrice Sand Van Roy, vue dans Valérian puis dans Taxi 5, déposait plainte contre Luc Besson pour viol. La comédienne a raconté aux policiers avoir subi, entre mars 2016 et mai 2018, des relations sexuelles non désirées et "violentes", parfois "jusqu’au sang", afin d’éviter d’être « blacklistée" des films du réalisateur français. "Luc ne demande jamais de coucher pour avoir un rôle" mais il "fait comprendre qu’il faut coucher pour ne pas perdre le rôle."
Mediapart, qui a réalisé une enquête au long des derniers mois, a recueilli les récits de plusieurs femmes racontant leurs expériences parfois traumatisantes avec le cinéaste, qui aurait eu à de nombreuses reprises des comportements sexuels abusifs.
Une comédienne, qui a souhaité garder l'anonymat, raconte avoir rencontré une première fois le cinéaste dans une chambre d'hôtel à Los Angeles, rencontre au cours de laquelle il aurait été charmant. Elle aurait donc accepté de le revoir dans son bureau à Paris. C'est alors qu'il se serait jeté sur elle : "(...) ma seule façon de sortir, c’est de me jeter au sol. Et ça je m’en souviens vraiment très bien, car je me suis laissée tomber sur le sol et à quatre pattes jusqu’à la porte pour pouvoir me lever et sortir en courant."
Luc Besson accusé de viol, son avocat démentUne autre femme ayant travaillé sur le casting des films du réalisateur de 2000 à 2005, déclare que la plainte déposée par Sand Van Roy l'a encouragée à agir : "Je me suis dit : 'Enfin, quelqu’un parle. Allez, j’y vais moi aussi.'" Elle vient d'écrire au procureur de la République pour dénoncer ses agissements, "raconter ce dont [elle a] été à la fois témoin et victime" :
"Fréquemment, Luc Besson me demandait, en présence du technicien, de lui faire une fellation, ce que je refusais systématiquement. (…) Il me prenait aussi souvent sur ses genoux (…) À chaque fois que nous prenions l’ascenceur ensemble, il m’embrassait de force, me mettant sa langue dans sa bouche, et bien que je le repousse, il me prenait dans ses bras et me touchait les seins et les fesses."
Une employée d'EuropaCorp raconte de son côté avoir été embrassée de force et avoir subi des attouchements : "Il entend quand on dit 'non' mais ce ne sera pas pérenne parce qu’il recommencera. À chaque fois, il essaye de gravir de nouveaux paliers."
"Luc ne demande jamais de coucher pour avoir un rôle, il fait comprendre qu’il faut coucher pour ne pas perdre le rôle."
Ces trois femmes ont souhaité rester anonymes. Leur parole est corroborée par celle de leurs proches.
Mediapart a recueilli d'autres témoignages, dans l'entourage du réalisateur, de collaborateurs qui affirment n'avoir jamais été témoin de gestes ou de comportements déplacés, qualifiant le cinéaste comme étant très "tactile", "nounours" et "paternaliste". L'avocat de Luc Besson n'a pas souhaité commenter, l'enquête étant "en cours" : "Monsieur Besson réserve ses réponses aux enquêteurs auprès desquels il s’est mis à disposition afin que son innocence soit démontrée."
Des actrices à l'origine du mouvement #MeToo, comme Rose McGowan ou Asia Argento, ont choisi d'apporter leur soutien à Sand Van Roy.