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    L'Homme qui tua Don Quichotte : le Festival de Cannes ne cédera pas "à la menace" [MISE A JOUR]

    Après l'annonce de la projection de "L'Homme qui tua Don Quichotte" en clôture de Cannes l'avocat du producteur Paulo Branco a assigné le Festival en référé, accusant la manifestation de "passer en force". Thierry Frémaux et Pierre Lescure répondent.

    Diego Lopez Calvin

    MISE A JOUR - Alfama Films Production, la société de production de Paulo Branco, a répondu ce 30 avril 2018 en début de soirée au communiqué du Festival de Cannes, à travers un texte signé par Claire Hocquet, Avocate d’Alfama Films Production, Paulo Branco et Juan Branco de Branco & Associés :

    "Trois décisions judiciaires ont confirmé les droits exclusifs de Paulo BRANCO et d’ALFAMA FILMS PRODUCTION sur le film de Terry GILLIAM, The man who killed Don Quixote.

    Ces décisions ont l’autorité de la chose jugée et empêchent toute projection ou exploitation du film sans l’accord de son producteur.

    L’exploitation du film est impossible en l’absence de visa d’exploitation que le CNC, pour sa part respectueux du droit, ne peut délivrer.

    Le Festival de Cannes a décidé de passer outre ces décisions de justice qui avaient été portées à sa connaissance et c’est la raison pour laquelle c’est lui qui a été assigné en justice.

    Il y a de l’indécence, pour justifier son comportement, à comparer la situation de Terry GILLIAM, qui se refuse à respecter les décisions judiciaires dans un Etat de droit, à celle de réalisateurs victimes de la répression et de la censure dans leurs pays.

    Le Festival de Cannes oublie aussi manifestement que sans les producteurs, qui prennent tous les risques économiques, ni les films ni le Festival n’existeraient.

    Pendant seize ans de 2000 à 2016, Terry GILLIAM n’a trouvé aucun producteur acceptant de reprendre son projet.

    Si ce film existe aujourd’hui, c’est grâce au travail et aux investissements réalisés par ALFAMA FILMS PRODUCTION et Paulo BRANCO, quand personne ne croyait plus à ce film.

    Le Festival de Cannes n’est pas au-dessus de la loi et la virulence et l’agressivité de son ton n’y changeront rien.

    Paulo BRANCO n’emploie aucune méthode d’intimidation en saisissant la justice pour faire respecter ses droits."

    "C'est une tentative de passage en force dont Thierry Frémaux se rend complice", déclarait il y a quelques jours Me Juan Branco, l'avocat du producteur Paulo Branco et de sa société Alfama Films. "On va se retrouver avec une séance de clôture qui risque d'être annulée." Alors que le Festival de Cannes annonçait la semaine dernière que L'Homme qui tua Don Quichotte, de Terry Gilliam, serait projeté en clôture du festival, hors compétition, Me Branco n'a pas tardé à réagir et le 25 avril, Festival de Cannes a été assigné en référé, le producteur demandant à la justice d’interdire la projection du film prévue le samedi 19 mai. 

    En 2016, Terry Gilliam s'était associé à Paulo Branco pour reprendre la production du film qu’il n’avait jamais réussi à tourner. Chacun souhaitant garder un contrôle artistique total sur le film, les rapports s'enveniment et la collaboration s’arrête là. Gilliam se tourne vers d’autres producteurs, mais Branco affirme détenir contractuellement les droits sur ce long métrage et traîne le cinéaste en justice. 

    L'Homme qui tua Don Quichotte : Cannes 2018 poursuivi par Paulo Branco

    En première instance, le tribunal confirmait la validité du contrat qui lie le producteur au film de Terry Gilliam. Une audience en appel a eu lieu le 4 avril, où les deux parties ont été à nouveau entendues, mais le jugement n'est attendu que pour le 15 juin. Pourtant, la sortie du film est toujours prévue pour le 19 mai. 

    Dans un communiqué, Pierre Lescure et Thierry Frémaux, respectivement président et délégué général du Festival de Cannes, indiquent que la requête déposée par Me Branco sera examinée le lundi 7 mai, veille de l’ouverture et expliquent pourquoi ils ont sélectionné le film, quitte à s'exposer à la justice : "Les contentieux tels que celui qui oppose M. Branco à Terry Gilliam ne sont pas rares, le Festival en est régulièrement informé, mais il ne lui appartient pas de prendre position sur un sujet de cet ordre." 

    Les deux hommes indiquent qu'ils étaient au courant des risques encourus et qu'ils ont choisi de projeter le film en connaissance de cause. "Lorsque notre décision a été prise, rien ne s’opposait à la projection du film au Festival", précisent-il. Les propos tenus par Me Juan Branco ne sont semble-t-il pas très bien passés auprès des dirigeants du festival de Cannes. "Nous n’avons donc pas (...) opéré le moindre 'passage en force', comme M. Juan Branco le dit à la presse. (...) Aujourd’hui, M. Branco laisse son avocat procéder à des intimidations ainsi qu’à des affirmations diffamatoires aussi dérisoires que grotesques, dont l’une vise l’ancien Président d’une manifestation dont il s’est servi toute sa carrière pour établir sa propre réputation."

    Rafiki : présenté à Cannes section "Un certain regard", mais interdit au Kenya

    Promis par Me Branco à une "déshonorante défaite", ils rappellent que "le Festival de Cannes respectera la décision de justice à intervenir, quelle qu’elle soit", mais "qu’il se tient du côté des cinéastes et en l’espèce du côté de Terry Gilliam dont on sait l’importance qu’a pour lui un projet qui a connu tant de vicissitudes".

    "La défaite serait de céder à la menace", répondent d'une seule voix Pierre Lescure et Thierry Frémaux. "Au moment où deux cinéastes invités en Sélection officielle sont assignés à résidence dans leurs propres pays, au moment où le film de Wanuri Kahiu, Rafiki (...) vient de subir les foudres de la censure du Kenya, son pays de production, il est plus que jamais important de rappeler que les artistes ont besoin qu’on les soutienne, pas qu’on les attaque."

    La projection de L'Homme qui tua Don Quichotte en clôture du Festival de Cannes reste soumise à la décision que prendra le juge des référés à l’issue de l’audience du 7 mai prochain, mais les deux hommes déclarent que "c'est avec sérénité que le Festival de Cannes attendra la décision du Tribunal". Pour le moment, la sortie du film reste prévue en France pour le samedi 19 mai et il devrait être distribué sur 300 copies. Le jugement en appel est quant à lui attendu pour le 15 juin. 

    La bande-annonce de L'Homme qui tua Don Quichotte : 

     

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