Pam Grier : Je suis au volant d'une voiture, à Los Angeles, avec [le producteur] Warrington Hudlin. On discute de projets qu'on essaie de développer avec HBO, et on est arrêtés à un feu rouge sur Hollywood Boulevard. Je vois ce type, qui se penche pour parler à femme, je ne sais pas s'il est en train de draguer ou de parler à une copine, et Warrington lance : "Eh, c'est Quentin Tarantino. La rumeur dit qu'il écrit quelque chose pour toi." Il l'interpelle : "Salut, Quentin, c'est Warrington, je suis avec Pam Grier là." Quentin répond : "Oh, Pam Grier. Oh mon Dieu..."
Il s'approche de moi et me dit : "Je vous écris quelque chose d'après Rum Punch, le livre d'Elmore Leonard. Je vous l'envoie dès que j'ai terminé." Moi, je suis là : "Ouais, bien sûr, bien sûr." Et lui rétorque : "Non, non, je suis très sérieux." Il porte des chaussures de tennis, un shorts et un T-shirt, il a les cheveux en bataille et il est tout excité.
Il me lance : "Vous êtes badass. Vous défendez les femmes. Vous vous levez et vous mettez les mains dans le cambouis. Vous savez, vous donnez vraiment l'exemple, vous montrez aux gens que c'est très bien de gagner. Que c'est très bien de se battre." Et j'ai dit : "Wow, OK. J'ai hâte de lire le scénario." Mais ce que je pensais vraiment, c'était : "Oh, s'il vous plait, faites que que ce soit vrai."
Six mois plus tard, je suis à New York et je me rends compte qu'il y a une enveloppe avec un sticker qui indique un affranchissement insuffisant. Dans le Colorado, ils vous font confiance et vous livrent le paquet, mais à New York, ils veulent une pièce de dix cents. Ca vient de Tarantino et c'est Jackie Brown.
Je suis sans voix. Mon visage est humide de larmes. J'avais fait quatre ans de théâtre et j'étais vraiment reconnaissante, parce que j'étais prête. Je ne me suis jamais sentie si observée par quelqu'un de toute ma vie. Il a dépassé tous les films que j'avais pu faire jusqu'alors.
Propos recueillis par le site Deadline.