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    The Party : rencontre avec Kristin Scott Thomas et la réalisatrice Sally Potter
    Clément Cusseau
    Clément Cusseau
    -Rédacteur
    Après des études en école de cinéma, il intègre la rédaction d’AlloCiné en 2011. Il est actuellement spécialisé dans les contenus streaming et l’actualité des plateformes SVOD.

    AlloCiné est allé à la rencontre de Kristin Scott Thomas et de la réalisatrice Sally Potter à l'occasion de la sortie en salles aujourd'hui de "The Party", une comédie sombre et irrésistible à l'accent anglais.

    Eurozoom

    AlloCiné : Le titre annonce un film joyeux et festif, alors que finalement c'est presque l'inverse. Etait-ce votre intention de provoquer ce contraste ?

    Kristin Scott Thomas : Je pense que c'est parce qu'au début du film, mon personnage pense que tout va bien se passer ! (rires) Mais au final c'est plutôt pessimiste, bien qu'assez drôle quand même. Ce sont des situations terribles, mais on rit beaucoup. C'est très anglais, non ? C'est vraiment ce côté tragi-comique qui m'a plu, de proposer de la comédie pure dans des situations tragiques.

    Sally Potter : L'idée était de faire un tragédie déguisée en comédie. On retrouve les thèmes universels de la tragédie : la trahison, l'amour, les mensonges, les secrets enfouis… Mais j'ai décidé de traiter cela par le biais de l'humour, ce qui permet de guérir ces sentiments difficiles. Mais il s'agit également d'un portrait de la société britannique.

    Sally Potter

    Comment avez-vous réussi à contourner tous les obstacles du film (huis clos, action continue, mouvements de caméra permanents) ?

    SP : L'idée était d'être en temps réel et donc d'être perpétuellement en mouvement pour suivre chaque personnage dans l'action. Cela représente un défi technique énorme ! Mais en même temps, parce qu'il avait été décidé de situer l'action dans un lieu clos pour symboliser ce sentiment d'implosion, il fallait suivre le mouvement de l'action et éviter les situations trop statiques. Ce travail de mise en scène s'apparente alors à une chorégraphie et c'est pourquoi j'ai travaillé en étroite collaboration avec mon directeur de la photographie pour ajuster tout cela.

    Si la caméra suit constamment l'action, alors elle devient en quelque sorte un personnage. Alors que la règle que je m'étais fixée était toujours de suivre l'action, mais de ne jamais y prendre part. J'ai tourné énormément de prises avec chacun des comédiens pour filmer leurs réactions, et à partir de toutes ces options j'avais la possibilité de choisir plus tard le point de vue qui me semblait le plus intéressant. Ainsi, nous obtenons selon moi un résultat plus intime, et nous avons l'impression d'être parmi les protagonistes.

    KST : Il faut aller très vite, être très concentré, mais pour moi il ne s'agit pas d'un inconvénient, c'est au contraire ce que j'aime faire. Je déteste les tournages qui prennent trop leur temps, car l'énergie se disperse. Mais c'est vrai que c'était malgré tout assez difficile, le chef opérateur Alexey Rodionov était heureusement très efficace. Si tous les tournages pouvaient tous se dérouler comme celui-ci, je serais ravie.

    Sally Potter

    Est-ce cette démarche qui différencie le cinéma du théâtre qui par définition montre davantage qu'il ne suggère ?

    Oui, c'est exact ! Il est parfois plus intéressant de montrer un personnage qui écoute plutôt qu'un autre qui parle, mais tout dépend des choix que l'on fait au montage. On m'a déjà proposé d'adapter le scénario au théâtre, mais je ne l'ai pas écrit dans cette optique, je tenais à en faire un film de cinéma.

    Parmi tous les thèmes abordés dans le film, on ne peut s'empêcher de penser au Brexit…

    KST : C'est marrant, car quand nous avons commencé le tournage, nous étions certains que le "Non" l'emporterait. Et en plein milieu du film, la nouvelle nous est tombée sur la tête. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un film sur le Brexit, mais c'est en tout cas un film qui existe grâce à l'Europe, le son est français, dans l'équipe nous avions des italiens, des grecs, des irlandais, des anglais, un suisse… C'est vraiment un film international, et soudainement le résultat du référendum nous donnait tort d'une certaine façon, ce qui nous a fragilisé. Le lendemain des résultats, nous étions en larmes sur le plateau, abasourdis par ce qu'il venait d'arriver. C'était un vrai choc.

    SP : Nous n'avons rien changé au scénario parce que nous étions en plein tournage. Peut-être que cette situation a donné davantage d'intensité au film, cette sensation d'un pays divisé, à l'image des relations entre les personnages du film. (...) Il y avait énormément de nationalités différentes sur le plateau, et je trouve que c'était quelque chose d'enrichissant. Nous avons ressenti beaucoup de bonheur à travailler tous ensemble sur le film, et nous entretenions tous d'excellentes relations. Le Brexit a été un vrai choc pour nous. Mais cela n'a pas changé le film, simplement l'interprétation que l'on s'en fait.

    The Party est à découvrir dès aujourd'hui au cinéma, voici la bande-annonce :

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