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    Olli Mäki, boxeur amoureux et loser magnifique

    Primé à Cannes et à Saint-Jean-de-Luz, "Olli Mäki" représentera la Finlande dans la course aux Oscars. Alors que ce portrait touchant du plus grand boxeur finlandais sort dans les salles françaises, nous avons rencontré le réalisateur Juho Kuosmanen.

    Les Films du Losange

    AlloCiné : Olli Mäki n'est pas forcément connu en France : pouvez-vous résumer son histoire, celle d'un sportif qui tombe amoureux au pire moment pour sa carrière ?

    Juho Kuosmanen : Olli Mäki est sans doute le plus grand boxeur finlandais de tous les temps. Mais ce n'est pas pour cette seule raison que j'ai fait ce film. C'est avant tout sa personnalité et aussi le fait que Mäki ne répondait pas à l'image classique du boxeur qui m'ont intéressé. Olli Mäki est passé de la boxe amateur à la boxe professionnelle en 1960. En 1962, il a l'occasion de combattre à Helsinki contre l'Américain Davey Moore, champion du monde en titre des poids plumes. Cette occasion unique a rapidement tourné à sa défaite dès le deuxième round. Et malgré cet échec cuisant, pour Mäki, ce jour reste le plus beau de sa vie.

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    Que représente Olli Mäki pour les Finlandais ?

    Pour moi, c'est un personnage de héros parce qu'il a su conserver sa vision du monde et sa personnalité face à des gens qui cherchaient à le modifier. On exigeait de lui qu'il fût un autre. Il aurait dû être physiquement plus grand, plus puissant ; il n'avait pas le droit de sourire. On voulait en faire un champion de boxe traditionnel. Malgré cette pression, il est resté fidèle à lui-même et à ses valeurs.

    Parlez-nous de votre rencontre avec le vrai Olli Mäki. Quel souvenir gardez-vous de vos échanges ?

    Olli Mäki est quelqu'un de très entier qui ne cède pas sur ses convictions. Il n'a pas été retenu pour les Jeux Olympiques de 1960 parce qu'il était issu d'un club sportif ouvrier. Quand il est passé professionnel, il a eu beaucoup de mal à s'adapter au milieu de la boxe professionnelle dont les valeurs ne lui correspondaient pas du tout. Je n'ai que de bons souvenirs. Même si aujourd'hui c'est un vieil homme, il a encore en lui de la gaîté. Olli a un Alzheimer avancé qui le rend absent du moment présent. Il se souvient surtout de choses anciennes. Je garde un souvenir très chaleureux d'Olli et de Raija.

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    Comment décririez-vous votre film ? Diriez-vous que c'est un film de boxe, une histoire d'amour, un biopic... un peu des trois ?

    Ce n'est pas un biopic mais plutôt un portrait d'Olli Mäki. L'amour est assez fortement au centre du film et aussi le thème du succès et sa signification pour chacun.

    En terme de mise en scène des entraînements et des combats, en quoi vouliez-vous vous rapprocher de certains classiques du film de boxe, et en quoi teniez-vous à vous en éloigner ?

    Parce qu'Olli Mäki était un boxeur particulier, il fallait que le film ne soit pas un film de boxe classique. La personnalité d'Olli a inspiré le ton du film. Je voulais transmettre sa gaîté au film et faire sourire les spectateurs. J'ai beaucoup regardé de films de boxe mais mes références cinématographiques ont plutôt été les films documentaire et le cinéma vérité du début des années 60. Il y avait aussi les films d'Europe de l'Est, les films anglais et français de la même époque. Je n'ai pas de référence particulière de film de boxe mais si je devais vous en citer un, ce serait Nous avons gagné ce soir de Robert Wise.

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    Le noir et blanc est magnifique et apporte quelque chose de classique et d'atemporel, et en même temps d'extrêmement original au film. Pourquoi ce choix ?

    Nous avons d'abord fait des essais en couleur. Mais on s'est tout de suite aperçu que le film devait être en noir et blanc : le noir et blanc construisait plus facilement l'illusion des années 60 et nous donnait plus de liberté pour les mouvements de caméra et pour se concentrer sur le visage des acteurs, ce qui était important pour nous. Nous n'avons pas eu besoin de souligner beaucoup l'époque avec les objets, les coiffures et les décors. La pellicule Kodak Tri X noir et blanc inversible nous a conduit directement dans les années 60 sans qu'il soit nécessaire de construire l'illusion de l'époque.

    Olli Mäki et sa femme font une apparition dans le film : c'était important pour vous de les avoir à l'écran ?

    Oui. Dès la préparation du film, je me suis pris d'affection pour eux. Même s'ils ne font qu'une apparition très rapide, c'était important qu'ils soient là. Même si c'est une fiction, c'est un peu un documentaire sur une époque et des personnages réels. C'est très bien qu'ils passent à l'image.

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    Vous avez été primé à Cannes et il y a quelques jours au Festival de Saint-Jean-de-Luz, votre film représentera la Finlande dans la course aux Oscars : que représentent ces prix pour vous ?

    Sincèrement cela me touche. C'est une promesse pour le film de trouver un public. Pour moi, c'est le signe que mon message a été compris. Les prix permettent au public de s'intéresser au film. Il est certain qu'un premier film finlandais en noir et blanc réalisé par un inconnu a peu de chance de trouver facilement son public. Ces prix peuvent susciter la curiosité du public. Et j'espère que beaucoup de gens iront le voir.

    Olli Mäki, en salles cette semaine

     

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