AlloCiné : Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ?
Alexandre Castagnetti, réalisateur : J’ai été appelé par la productrice Gaelle Cholet. Je ne connaissais pas la BD. Elle m’a dit : je pense que c’est pour toi, lis la. Et effectivement, je ne m’y attendais pas. Je pensais que c’était pour les plus jeunes, et en lisant la BD, j’ai été happé, touché. Je trouvais qu’il y avait un ton très libre, cette justesse, cette décontraction, cette tendresse qu’on retrouve assez rarement. En plus, j’avais le sentiment de pouvoir faire quelque chose de personnel parce que c’est une BD qui a un format sketch, avec des histoires sur une page ou deux, comme Boule et Bill ou Gaston Lagaf. Donc j’ai pu écrire mon histoire d’1h30 qui est un peu personnelle aussi.
Je ne voulais pas qu’une simple adaptation de la BD à l’écran. Les auteurs étaient très positifs là-dessus. Ils m’ont dit au contraire, fais ton truc, à partir du moment que tu respectes l’état d’esprit des personnages. Fais quelque chose qui t’appartient et ils sont hyper contents du résultat. Les thèmes abordés sont intemporels et multi-générationnels. J’ai la position du papa car ma fille a 9 ans et d’ailleurs elle joue dans le film, elle joue la demi-sœur de Tamara. Et puis il y a toutes les émotions très fortes qui remontent quand on écrit des personnages adolescents. Ca me revient, c’est resté gravé dans ma mémoire. Tout ça fait qu’on a très envie de le raconter.
Pour moi ça n’est pas destiné qu’aux ados. J’ai envie de parler aussi au parent que je suis. Il y a une histoire très centrale entre Tamara et sa maman, comme il pouvait y avoir dans La Boum ou dans LOL. Il y a des tas de secrets, des tas de choses qu’on n’imagine pas quand on est parent.
Il y a évidemment l’histoire d’amour, on a envie qu’elle arrive à accomplir cet exploit. C’est un gros défi : Tamara doit choper le plus beau mec du lycée ! C’est un peu aussi un Rocky (rires) Et puis, même les enfants, ce rôle de demi-sœur, il n’est pas si anodin que ça. Elle a sa partie à jouer.
J’espère vraiment que ce n’est pas que pour les ados, qu’on peut y aller avec ses parents. Ce sont des moments très chouettes. Je me souviens quand je voyais des films avec mon père et ma mère. C’était assez rare quand on allait ensemble au cinéma et ce sont de super souvenirs.
Comment avez-vous trouvé votre couple, Rayane Bensetti et Héloïse Martin ?
Alexandre Castagnetti : Rayane y mettait beaucoup d'enjeu. C'est quand même son premier rôle au cinéma. C'est déjà quelqu'un de très fin dans le jeu; j'ai été très supris. Je pensais qu'il allait être, on va dire, un peu démonstratif.
Je suis très content du couple. D'ailleurs, ils sont super beaux ensemble, j'adore. Ce que j'aime bien dans l'histoire, c'est qu'au début, on est vachement sur le physique, et c'est comme ça que je les présente, et je trouve qu'on a vraiment une évolution dans le film, avec ce Diego qui est finalement assez fragile, on oublie que c'est le beau gosse... Et puis Tamara qui prend de l'assurance, qui devient une femme. Je trouve que ça marche vachement bien. Je suis très content du couple et j'espère qu'il va y avoir du répondant dans le public, qu'on va s'en souvenir.
Est-ce que vous aviez tous les deux envie de faire du cinéma ?
Héloïse Martin (Tamara) : Oui, clairement. Depuis toute petite, je voulais faire ça. Je prenais la caméra de mes parents, je filmais des sketchs... Quand je n’avais pas de caméra, je faisais des spectacles chez les copines. J’avais cette envie de jouer, de faire rire. Je m’éclate devant la caméra en fait. Aujourd’hui d’être là, c’est vraiment un rêve qui se réalise. Je ne réalise pas trop encore d’ailleurs ce qui se passe, mais je le vis à fond.
Rayane Bensetti (Diego) : Moi, je voulais être cuisto, ça a foiré ! (rires) Non, non, j’ai toujours voulu faire ça. Le pas qui a été hyper dur à passer, c'est celui de la télé au ciné. C'est une chance d'avoir Tamara comme premier film car je trouve le film bien. C'est con à dire, mais je trouve le film bien. Voilà première expérience, et j'avais hâte de faire ça. (...) On est sur un petit nuage, c'est génial !
Avez-vous des modèles de comédiens ? Qui vous inspire ?
Héloïse Martin : Depuis toute petite, mes parents me montraient des films avec Louis de Funès. Toute la famille quand on regardait ça à la télé : 'Moi aussi, je veux faire ça ! Moi aussi je veux faire rire !' Je me suis intéressée au cinéma, de différentes nationalités. Je ne saurais pas dire qui m’a le plus inspiré, mais je suis admirative de beaucoup de comédiens et comédiennes avec qui j’aimerais travailler.
Rayane Bensetti : Di Cap ! Di Cap, direct ! Di Caprio, c’est un génie. J’observe tout, je regarde comment il fait. J’adore son jeu, on croit en tout. Lui m’a donné envie. Maintenant, le vrai, c’est Tom Hardy. Il me fascine. Dans chaque film, il est différent physiquement. Ce sont mes deux exemples.
Est-ce qu’il y a un genre de rôle qui vous fait rêver ? En ce moment, les films de super-héros sont très à la mode…
Rayane Bensetti : Oh le kiff ! Ce serait magnifique ! Sur Tamara, on a fait une journée d’effets spéciaux, où l’on a été pendu à des câbles. Juste ça, j’ai tellement adoré ! De faire ça tout un tournage, ce serait un kiff incroyable. Film de super héros ou d’action, j’adorerais !
Héloïse Martin : J’adore la comédie, mais si un jour on me propose le rôle d’une fille méchante ou pas drôle, ou triste, bouleversée, avec grand plaisir. Je m’éclaterai autant à jouer un personnage comme ça qu’une fille au lycée. Je suis ouverte à tous genres de rôles.
Cet été, des articles ont pointé du doigt le fait que la comédienne principale ne serait pas assez ronde pour le rôle par rapport au personnage de la BD. Avez-vous un commentaire à faire ?
Alexandre Castagnetti : Il y a eu une petite excitation là-dessus. Parce que les gens ont vu l'affiche et ont jugé qu'elle n'était pas assez ronde. Héloïse, on lui a reproché pas mal de fois dans sa vie d'être grosse. Elle a beaucoup souffert. Elle est ronde à l'écran. C'est aussi une très belle fille. C'est peut être ça qui embête les gens ? Je n'en sais rien. Elle est ronde et elle est belle. Il suffit de voir le film pour oublier ce "problème". Je trouve qu'elle incarne très bien cette fille ronde qui ne s'accepte pas au début, qui a très peur et qui à la fin est très belle et elle n'a pas changé d'un gramme.
La bande-annonce de Tamara :
Propos recueillis au Festival du film francophone d'Angoulême 2016