Le 17 septembre 1986, Top Gun débarquait sur nos écrans pour le plus grand bonheur de toute une génération qui n'a cessé depuis, de voir et revoir ce film culte emmené par Tom Cruise et signé Tony Scott. Son histoire ? Celle du séduisant Maverick, "jeune as du pilotage et tête brûlée d'une école réservée à l'élite de l'aéronavale US ("Top Gun"), qui tombe sous le charme d'une institutrice alors qu'il est en compétition pour le titre du meilleur pilote". Un pitch somme toute banal qui a réuni les passionnés de romance autant que d'action, séduits les uns comme les autres par ce chevalier du ciel et sa clique, entière, combative, engagée. Splendeur de combats aériens un peu trop clipés, virtuosité d'une bande originale impossible à oublier, grandeur d'émotions souvent exacerbées : on ne compte plus les analyses données sur Top Gun par une critique oscillant entre sévérité de circonstance et hommage nostalgique.
Il est à ce propos un hommage qui dépasse et de loin les autres, par son humour et sa décomplexion. Il s'agit de celui désormais populaire de Quentin Tarantino dans une scène du moins marquant Sleep with me : lors d'une soirée, à un ami, le personnage qu'il campe se fend d'une lecture hilarante et peu conventionnelle sur le film emblématique des années 80.
Les élucubrations de Quentin Tarantino sur "Top Gun", c'est ici :
Morceaux choisis
"Dans un bon scénario, tout repose sur la subversion. Tu sais quel est le meilleur script jamais écrit a Hollywood? C’est Top Gun (...) l’histoire d’un type qui se débat contre sa propre homosexualité. D’un côté tu as Maverick, un type qui est toujours au bord du précipice. De l’autre tu as Iceman (Val Kilmer) et ses potes (...) ils sont là, à tenter Maverick, à lui dire de façon insidieuse: Viens, viens, rejoins-nous dans la voie gay. Et puis il y a Charlie (Kelly McGillis) qui symbolise l’hétérosexualité et qui lui dit: Non, non, prend la voie "normale", obéis aux règles. Tu as cela tout au long du film..."
"Il y a la scène où il va chez elle. On croit qu’ils vont coucher ensemble et puis en fait, que dalle, il se casse en moto. Elle ne comprend pas. Scène suivante, ils se croisent dans un ascenseur et… elle est habillée comme un mec ! Elle a même poussé le vice jusqu''à mettre un blouson comme celui d’Iceman. Elle s’est dit D’accord, ce mec est en train de virer gay, c’est comme ça que je vais l’avoir. Et elle a raison: ils finissent par coucher ensemble. (...) Finalement, Iceman et les autres gays ont réussi à l’embarquer dans leur bande et, chevauchant leur pénis volant, ils vont se taper toute une escadrille de Russes..."
Un monologue impayable pour une théorie désormais populaire bien que non exempte d'approximations faciles, notamment à propos de l'épilogue. Car si selon Tarantino, le film s'achève sur l'accolade de Iceman et Maverick en un ambigu "you can ride my tail anytime" (...qu'on pourrait aussi traduire par "tu peux monter à l'arrière quand tu veux"), en réalité il s'agit d'un "you can be my wingman anytime" (" tu peux être mon coéquipier quand tu veux").
Quoi qu'il en soit, vous ne verrez plus jamais Top Gun de la même façon :