"Intouchables pourrait séduire un public qui ne réfléchit pas trop, le tout dans une atmosphère détestable" (Variety)
Feel Good Movie de l'année 2011, Intouchables fut un carton absolu, virant au phénomène de société, avec ses 19,4 millions d'entrées au Box Office français. C'est le deuxième plus gros succès français dans l'histoire de son Box Office, derrière Bienvenue chez les Ch'tis. Le film est devenu en 2012 le film français le plus vu hors de France, détrônant ainsi Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain qui détenait le titre depuis près de dix ans. Contre cette unanimité des Critiques et des spectateurs (ou presque, voir la revue de Presse ici), quelques médias se sont toutefois démarqués en France et aux États-Unis par leurs réactions virulentes, à l'image de l'article écrit par le Critique Jay Weissberg pour Variety, dont voici un extrait ci-dessous...
"Bien qu'ils ne soient pas connus pour leur subtilité, les co-réalisateurs et co-scénaristes Eric Toledano et Olivier Nakache n'ont jamais produit un film aussi choquant que "Intouchables", qui met en avant un racisme digne de l'Oncle Tom qui a, on l'espère, définitivement disparu des écrans américains […] Driss est traité comme un singe (avec toutes les connotations racistes qui vont avec ce terme) se donnant en spectacle, apprenant au gars blanc coincé comment se laisser aller, en remplaçant Vivaldi par Boogie Wonderland [...]". L'article évoque ainsi "un rôle qui n'est pas bien loin du cliché de l'esclave d'antan, qui amuse son maître tout en représentant tous les stéréotypes de classe et de race… […] Intouchables pourrait séduire un public qui ne réfléchit pas trop, le tout dans une atmosphère détestable."
Côté français, on pourra retenir cette tribune du trio de Critiques du journal Libération, Gérard Lefort, Didier Péron et Bruno Icher, dont voici un extrait :
"Osons cependant que le succès du film est le fruit d’un conte de fées cauchemardesque : bienvenue dans un monde sans. Sans conflits sociaux, sans effet de groupe, sans modernité, sans crise. A ce titre, en cet automne, il est LE film de la crise, comme si la paralysie d’un des deux personnages principaux n’était pas seulement celle du film, mais celle d’un pays immobilisé et de citoyens impotents à qui il ne resterait plus que leurs beaux yeux pour rire et pleurer. Le beau et plat pays des Bisounours raconté par un film terriblement gentil. […] On rit, on pleure, que demander de plus ? Plus, toujours plus, justement. La dictature de l’émotion comme cache-misère de l’absence totale de pensée."