"Ce qui est en cause, c’est cette sorte de pensée unique, héritée de la Nouvelle Vague." (Michel Ciment)
Les réalisateurs ne sont pas seuls à attaquer la Critique. Le métier a ses propres querelles internes, et ce depuis ses premières années d'existence. Michel Ciment, rédacteur en chef de Positif et ancien président du Syndicat français de la Critique, tape sur ce qu’il appelle le "Triangle des Bermudes", c’est-à-dire ces revues / journaux puissants qui feraient selon lui du "terrorisme intellectuel", du "culturellement correct", soit une sorte d’uniformisation de la critique. Le triangle serait composé des Cahiers du Cinéma, du Monde et de Libération, avec inclusion éventuelle de quelques angles supplémentaires (Les Inrockuptibles, Télérama) :
"Ce qui est en cause, c’est cette sorte de pensée unique, héritée de la Nouvelle Vague, poussée par Serge Daney à Libération et reprise par ses héritiers. Lorsque des querelles de chapelle opposent des revues confidentielles (les Cahiers contre Positif, par exemple), c’est amusant. Mais lorsque la critique doctrinaire prend le pouvoir dans les journaux et fait passer la marge pour la norme, ça change tout. Lorsque cette famille d’esprit contrôle les journaux où la place de la vraie critique a été maintenue, cela devient étouffant pour les créateurs."
Quelques membres dudit Triangle n’hésitent pas à répondre, surtout Serge Kaganski (Les Inrockuptibles) : "Ce virtuel triangle des Bermudes n’existe que dans l’esprit de Ciment ; il vitupère depuis des années avec un acharnement inquiétant (pour lui)" ; ou encore "Don Quichotte Ciment a coutume d’en appeler à la critique internationale pour mieux fustiger le “dévoiement” de la critique française et de son “triangle des Bermudes” (traduire Le Monde-Libé-Cahiers-Inrocks), clamant que seul Positif serait dans le vrai."