En 1993, débutait ce qui allait devenir un véritable phénomène : l’ouverture des dossiers X-Files. Amis du paranormal, nostalgiques de la Quatrième dimension, addicts à l'atmosphère de Twin Peaks, amoureux transis de SF et simples curieux… La série de la FOX, diffusée chez nous dans le cadre de la fameuse Trilogie du Samedi, allait en l'espace de quelques années séduire tout un panel de téléspectateurs différents, leur ouvrant les portes d'un monde bizarre, terrifiant, mystérieux, drôle, paranoïaque qui allait grandir et s'étendre pour créer une mythologie riche et inquiétante faite d'une multitude de possibilités. Une mythologie qui allait courir sur neuf saisons, avant de terminer sa course haletante pour la vérité en 2002. Du moins, c'est ce qu'on croyait...
Les dossiers X-Files attendaient en réalité bien au chaud que quelqu'un les titille et se décide à les rouvrir de nouveau. Treize ans après, c'est désormais chose faite ! Six nouveaux épisodes ont été produits et diffusés aux Etats-Unis. Et cette saison 10 qui se déroule 14 ans après le dernier épisode de la saison 9 et sept ans après le film I Want To Believe vient également de commencer sur M6...
Le secret de X-Files, c'est Mulder et Scully"
Comme on ne change jamais une équipe qui gagne, David Duchovny et Gillian Anderson reprennent évidemment les rôles iconiques de Mulder et Scully, éléments indispensables du show, comme nous l'expliquait Chris Carter en octobre dernier, à l'occasion de l'avant-première de la saison au MIPCOM de Cannes : "Le secret de X-Files, c’est Mulder et Scully, tout simplement. Sans ces deux personnages, il n’y aurait pas de série. On aurait pu raconter les meilleures histoires du monde, sans Mulder et Scully pour nous emmener à travers elles, nous n’aurions pas obtenu un tel succès."
Lorsque nous le rencontrons, 13 ans après le lancement de son ovni télévisuel sur la planète Terre, Chris Carter n’a presque pas changé. Ses cheveux, blancs comme neige, semblent être la seule chose à avoir été altérés par le temps. Il a gardé sa haute stature, son sourire blanc et chaleureux et surtout ce besoin de sortir mystérieusement des "La vérité est ailleurs" un peu partout. Difficile d'ailleurs de ne pas se replonger tout de suite dans l'ambiance en entendant ça...
Aujourd'hui, la vérité est littéralement ailleurs"
Créateur d'une franchise connue à travers le monde entier et qui a révolutionné le genre, Chris Carter a aussi le succès modeste. Celui qui est tout de même un membre imminent de l'écurie 4 étoiles des créateurs de séries préfère rendre hommage à ses anciennes inspirations, comme La Quatrième Dimension : "Nous étions juste la nouvelle série à venir après toute une lignée de séries. Beaucoup de ces shows étaient diffusés durant mon enfance. Pour moi, [X-Files] représentait l’opportunité de faire ma version de ce avec quoi j’avais grandi. Nous avons simplement ouvert des portes."
Il faut dire qu'à la base, Chris Carter ne se prédestinait pas vraiment à la télévision. Journaliste de formation, il fait des piges ici et là avant d'exercer pour un magazine spécialisé dans le surf durant 13 ans. Il en deviendra même le rédacteur en chef avant de bifurquer scénariste pour les Studios Disney puis vers la 20th Century Fox au début des années 90. La suite, on la connait...
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Nerveux lors de cette projection événementielle au MIPCOM, Carter se demandait comment allait réagir le public mais craignait également de présenter aussi tôt le premier épisode de cette nouvelle saison. Dans un monde totalement changé où n'importe quelle information peut être partagée en une seconde et où le spoiler fait rage, il était plutôt compliqué de garder le secret autour des nouveaux épisodes : "Oui, c’était très dur. Et faire une avant-première comme celle d’hier quatre mois avant le lancement officiel aux Etats-Unis, ça m’a rendu très nerveux. Aujourd'hui, la vérité est ailleurs, littéralement. J’adore l'accueil que nous avons eu mais j’en ai peur également".
On a effectivement beaucoup parlé de X-Files ces derniers mois. Mais, ses très bons scores aux Etats-Unis sur FOX et en France sur M6 prouvent bien l'engouement que les enquêtes de Mulder et Scully continuent de provoquer chez les fans. Un fin dosage a d'ailleurs dû être effectué pour contenter les plus grands fans tout en n'effrayant pas ceux qui n'ont pas encore goûté à l'univers : "On ne voulait pas faire quelque chose qui ennuie les fans hardcore. Donc, nous avons essayé d’être très intelligents tout en donnant aux nouveaux fans cette introduction qui, en quelque sorte, vous dit tout. J’espère que nous avons fait du bon boulot."
Mais en seulement six épisodes comment satisfaire tout le monde ? Carter admet lui-même qu'ils auraient aimé en faire huit mais qu'il était difficile, en terme de planning, de produire autant d'épisodes que par le passé. Ces six épisodes ont donc la charge de répondre à beaucoup d'attentes. Si quatre d'entre eux sont des purs standalone, des épisodes à intrigues fermées, le premier et le dernier épisode sont totalement centrés sur la mythologie : "Nous avons créé un nouveau twist dans la mythologie. Nous y injecterons un retournement encore plus grand dans le dernier épisode", explique Carter.
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Si les épisodes alternent donc entre loners et épisodes mythologiques, Chris Carter a tenu à conserver le générique original et bien évidemment à faire revenir des figures emblématiques de la série, comme Skinner ou l'homme à la cigarette. Il a également tenu à donner des réponses concernant des intrigues qui ont toujours interrogé les fans, notamment autour de la mort de Samantha, la soeur de Mulder : "J’ai toujours pensé que ce qui était arrivé à Samantha était flou. Personne n’est jamais vraiment mort dans X-Files. On peut revenir dans les rêves et dans les flashbacks… Donc, il y a toujours la possibilité de faire quelque chose dans ce genre", confie mystérieusement Carter.
Personne n’est jamais vraiment mort dans X-Files"
Le sort de William, le fils que Mulder et Scully avaient dû laisser derrière eux pour le protéger, est aussi un élément que les fans de la série ont toujours souhaité voir éclaircir : "Nous enquêtons sur cet enfant durant la saison. Il est désormais un adolescent."
Pour autant, l'équipe a forcément ouvert les vannes à la nouveauté. Outre le spécialiste de la conspiration incarné par Joel McHale, deux nouveaux agents fédéraux, interprétés par Lauren Ambrose et Robbie Amell, seront introduits en cours de saison, qui ne seront "pas nécessairement de jeunes Mulder et Scully, même si on peut voir quelques points de comparaison entre leurs personnages".
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Qui dit nouveaux personnages dit nouveau monde. L'un des autres défis de cette saison a évidemment été de s'adapter au monde d'aujourd'hui en laissant loin derrière les années 90 pour embrasser totalement les années 2010. Scully et Mulder ont changé, ils ont vieilli, ils se sont aimés mais ont dû se séparer et le monde ne les a pas attendus. Le nouveau X-Files a donc tenté de rester générationnel, un pari facilité par le fait que la série a toujours abordé des thèmes universels, "des peurs et des espoirs qui traversent les générations".
Lui-même marqué durant ses jeunes années par les évènements liés au Watergate, Chris Carter est d'ailleurs toujours autant attiré par les thématiques tournoyant autour de la paranoia : "J’étais au lycée quand il y a eu le Watergate. Cela a été une expérience très formatrice pour moi. Les Hommes du Président reste l’un de mes films préférés. C’est un film formidable. Et ce qui le rend encore plus génial, c’est que vous connaissez l’histoire et aussi la fin. Et pourtant, à chaque fois que vous le voyez, vous restez cramponner à votre siège. C’est la preuve d’un très bon film. Interroger les autorités, ne pas faire confiance aux pouvoirs en place a toujours traversé X-Files et c’est une question qui revient encore plus aujourd’hui."
J'ai le sentiment que nous avons déjà abandonné la notion de vie privée"
En l'espace d'une dizaine d'années, alors que le monde a continué de tomber dans l'ultra surveillance et dans le digital à tout va, X-Files semble effectivement encore toute destinée à reprendre ce créneau à sa manière. Au sujet d'Edward Snowden, ancien employé de la CIA et de la NSA ayant divulgué au public la collecte d'informations massive mise en place par les gouvernements américains et anglais, Chris Carter déclare d'ailleurs : "J’ai réagi comme toute personne censée aurait réagi : j’étais scandalisé. Mais, ce qui est surprenant, c'est qu'avec cette confession que nous sommes véritablement espionnés, les gens ne semblent pas si affectés. J’ai le sentiment qu’au jour d’aujourd’hui, avec internet, nous avons déjà abandonné la notion de vie privée"
"Parfois, je me réveille en Mulder. Parfois, en Scully"
Pas forcément très optimiste face à ce monde nouveau et jamais très confiant quant aux autorités, Chris Carter admet tout de même avoir en lui autant de Scully que de Mulder. Aussi sceptique que son héroïne face à ce qu'il ne voit pas, il a aussi envie de croire à l'impossible : "Parfois, je me réveille en Mulder. Parfois, en Scully. Mais d'aucune manière, je ne m'habille comme Scully (...) Je veux croire qu'il y a plus ailleurs. Je veux que ma foi soit testée, que ma science et mes certitudes le soient aussi. Et je pense qu’on le souhaite tous. On veut tous croire qu’il y a plus que le monde matériel."
Et est-ce que X-Files connaitra une saison 11, voire un autre film, comme cela était prévu à l'origine ? Chris Carter ne s'interdit rien, ni de penser à de nouveaux projets ni à la suite possible des aventures de Mulder et Scully sur petit ou grand écran, les idées ne lui manquant d'ailleurs jamais à ce sujet. Comme il le dit très justement lui-même : "Je ne sais pas si X-Files peut avoir une fin puisqu’il y aura toujours une vérité ailleurs". Au moment où nous le quittions à Cannes il y a quelques mois, il n'avait en tout cas qu'une seule envie : celle de surfer...
=> Le 25 février, les épisodes 1 et 2, diffusés sur M6 en VOST, ont été suivis de 22h40 à 6h00 d'un marathon composé de dix épisodes emblématiques de la série sélectionnés par Chris Carter, proposés pour la première fois dans une version remasterisée.
Découvrez un extrait du premier épisode :