AlloCiné a pu rencontrer le comédien et réalisateur Albert Dupontel à l'occasion de la promotion du nouveau film de Bouli Lanners Les Premiers, les Derniers. Il nous a raconté les détails de son prochain projet de metteur en scène, l'adaptation du Goncourt 2013 : Au revoir là-haut, signé Pierre Lemaitre.
Albert Dupontel : J’ai fait l’adaptation en trois semaines, alors que c’est un pavé de 500 pages. Je l’ai retravaillé bien sûr, mais c’est venu très rapidement donc ce livre me parlait. Après est-ce qu’on va en faire un truc digeste, je ne sais pas. Il raconte comment deux vétérans rentrant de la première guerre mondiale montent une arnaque aux monuments aux morts. L’un d’eux n’a plus de visage… ça raconte beaucoup de choses, presque trop. Mais est-ce que le film va rendre ça comestible, ça c’est notre travail au jour le jour.
AlloCiné : A ce stade, vous devez avoir un casting établi ?
Bien sûr ! Nous avons Laurent Lafitte qui va faire un type terrible, Niels Arestrup en père plein de remords, Emilie Dequenne, Mélanie Thierry. Bouli [Lanners] devait faire le rôle principal mais il n’est pas disponible donc je m’y colle (…). Et celui qui je pense est le héros du film est un acteur argentin qui s’appelle Nahuel Pérez Biscayart, un jeune acteur très mature, polyglotte.
Et tous les jours depuis 4 mois on est dessus, on fait les répétitions, les costumes, c’est très rigolo à faire et intellectuellement exaltant. Avec toujours cette angoisse de savoir si les gens vont adhérer à un film en costumes sans histoire d’amour. Honnêtement je n’en sais rien, je préfère reculer cette angoisse à plus tard…
C'est le sujet qui vous a attiré ?
J’adore le bouquin. On a beaucoup parlé avec la productrice pour savoir si on se lançait là-dedans car je sors de mon créneau habituel du petit film moyen ou petit budget et je n’aime pas me lancer dans une course commerciale. Mais l’histoire est formidable, la démocratisation des effets spéciaux fait que d’après [nos calculs], ça pourrait le faire. Nous sommes en pleine préparation, ça se passe toujours bien. Je croise les doigts (…).
D'ordinaire vos scénarios sont de pures créations originales. Au revoir là-haut sera votre première adaptation d'un roman, cela vous tient donc à coeur ?
A cœur non. Je me suis surtout dit : c’est le moment. J’ai écrit un autre scénario entretemps et je me suis dit "putain c’est toujours pareil", j’ai une sorte de lassitude de ma cage mentale. Et puis l’âge vient, il ne faut plus trop perdre de temps, j’ai encore du jus, donc j’ai dit : "il faut essayer ce coup-là". Mais c’est savamment réfléchi, au niveau de l’image notamment. J’ai vu des images d’archives coloriées et je me suis dit que j’allais faire le film avec ces images coloriées.(...) Avant même d’acheter les droits [du roman], j’ai vu un gars des effets spéciaux qui m’a fait un devis…
Un film très ambitieux, donc.
Oui. Mais ce ne sera réussi que si cela est distractif. Je passe toujours par le nez rouge, mais ma première attention n’est jamais d’être drôle. Je veux raconter quelque chose qui me touche et après de le pervertir. Et là, on a une histoire qui n’est vraiment pas drôle, qui ne sera pas une comédie à l’arrivée, mais qu’on fait tout pour être distractifs. J’ai dit aux investisseurs : "je veux faire un épisode d’HBO très réussi". ça semble modeste, mais certains sont très réussis. Le premier épisode de Boardwalk Empire fait par Scorsese a le même budget que notre film… Le pilote ! (…) Donc je pense qu’on peut faire 1h45 divertissante.
Le tournage aura lieu dans six semaines. En attendant Albert Dupontel est dès demain au cinéma dans "Les premiers, les derniers" :
Propos recueillis à Paris le 21 janvier dernier par Corentin Palanchini