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    La Porte du Paradis et sept autres films mutilés ou tués par les studios
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Il arrive régulièrement qu'Hollywood torpille, mutile voire tue les films, aidé en cela par des producteurs pas franchement respectueux des oeuvres. Démonstration avec "La Porte du Paradis" du regretté Michael Cimino, et 7 autres films.

    20th Century Fox

    Alien 3

    Alien 3 fut le premier long métrage en tant que réalisateur pour David Fincher. Une première expérience qui va se révéler des plus douloureuses pour le cinéaste. A ce titre, ce dernier brille d'ailleurs par son absence dans l'extraordinaire documentaire "Wreckage & Rage : the Making of Alien 3" (disponible en version longue sur le Bu-ray), qui revient sur la production chaotique du film, les mésententes entre les producteurs et les scénaristes, les patrons du studio, et le réalisateur, parachuté à la tête d'un nouveau volet d'une saga qu'il admire pourtant plus que tout.

    Mais il a aussi l'arrogance de sa jeunesse et du milieu duquel il vient. La Fox comptait sur son inexpérience cinématographique et une certaine docilité de sa part. Fincher quant à lui souhaite aussi marquer de son empreinte ce nouveau volet de la saga et se hisser selon ses propres termes au niveau des deux précédents opus. "Nous avons débuté les prises de vues avec seulement quarante pages de scénario" dira-t-il plus tard, l'une des rares fois où il acceptera d'évoquer le tournage; "les modifications nous parvenaient à un rythme tel que le lendemain de la réception des pages sur notre fax, nous mettions les scènes en boîtes. C'était de la démence".

    20th Century Fox

    Fincher est pris dans la spirale du gigantisme, d'une préparation insuffisante, et des échéances financières. "Fox n'avait guère l'opportunité de trouver le juste langage pour s'adresser à moi, question de degré de confiance. Car qui suis-je ? Juste un type de vingt-huit ans, réalisateur de spots publicitaires et de clips pour Paula Abdul. Ma crédibilité se limitait à cela. J'avais un film à tourner, et des tas de problèmes à résoudre. J'aurai aimé balancer les 50 millions de dollars et tout reprendre à zéro. Un jour, David Giler, l'un des responsables de la production, s'est emporté lors d'une réunion. Il a sorti "Pourquoi lui faites-vous confiance ? Ce n'est qu'un marchand de chaussures !" et il avait raison. Je ne suis qu'un vendeur de pompes" déclara amèrement le cinéaste.

    Des propos terribles, si l'on songe que Giler est censé épauler le réalisateur face aux dirigeants de la Fox. Un climat tellement tendu que lui-même voit d'ailleurs ses rapports avec le studio se dégrader à grande vitesse. "Les producteurs exécutifs sont en quelque sorte les hommes de mains d'un grand studio" expliqua Giler. "Ceux-ci, frustrés de ne pas voir scénaristes et réalisateurs prendre en compte leurs mauvaises idées, essaient d'influencer au maximum un tournage. Malheureusement, un producteur doit toujours négocier avec ces types. Ils constituent la plus grande calamité du cinéma américain actuel. On ne peut même pas dire qu'ils se comportent en espions, rapportant les moindres faits et gestes du réalisateur à leur supérieur hiérarchique, mais carrément en ennemis, mettant le plus possible de bâtons dans les roues". Ambiance...

     

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