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    Love interdit aux moins de 18 ans ? Le monde du cinéma se mobilise
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Plusieurs syndicats et organisations professionnelles du cinéma ont réagi à la possible interdiction de Love de Gaspar Noé aux moins de 18 ans, contestant vivement "l'ingérence politique intolérable" de la ministre de la culture.

    Wild Bunch Distribution

    L'Observatoire de la liberté de la création (composé notamment de la Ligue des droits de l'homme, de l'ARP, de la Société des réalisateurs de films, du syndicat de la critique de cinéma, de l'ACID), associé aux cinéastes, critiques, producteurs, distributeurs et exploitants indépendants, critiquent vivement la possible interdiction aux moins de 18 ans du film Love de Gaspar Noé.

    Comme nous vous l'annoncions vendredi, la Ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin, a demandé que Love passe à nouveau devant la commission de classification des films, "avec l'espoir d'une classification plus sévère", comme le soulignait le distributeur Wild Bunch dans un communiqué.

    ==> Depuis Baise-moi, ces films ont été interdits aux moins de 18 ans

    Dans un communiqué de presse, ces organisations professionnelles font part de leur consternation et d'une inquiétude plus générale quant à "une dynamique plus vaste de censure et de répression des oeuvres en France" :

    "En demandant à cette commission indépendante, présidée par un membre du Conseil d'Etat, de reconsidérer son avis dans la perspective que Love soit interdit plus sévèrement, aux moins de 18 ans, une mesure qui condamnerait gravement l'exploitation du film en salles et à la télévision, la ministre de la Culture commet une ingérence politique intolérable.

    "Nous nous inquiétons que l'association Promouvoir, organisation d'extrême droite bien connue, ait une telle influence à la fois sur les juridictions administratives dont elle fait évoluer la jurisprudence dans un sens toujours plus répressif, mais aussi sur la ministre de la culture qui croit bon de suivre cette jurisprudence sous influence, plutôt que l'avis d'une structure officielle comme l'est la Commission de classification.

    "L'inquiétude est d'autant plus vive que le cas du film de Gaspar Noé s'inscrit dans une dynamique plus vaste de censure et de répression des oeuvres en France : municipalités qui décident de la déprogrammation de Timbuktu, Conseil d'Etat qui statue contre la recommandation de la ministre de la Culture pour le Nymphomaniac de Lars Von Trier et Saw 3D, pour ne parler que du cinéma...

    Ouvrir une réflexion sur une évolution de la législation permettant de protéger la liberté d’accès aux oeuvres

    "Alors que la liberté d'expression était dans toutes les consciences il y a quelques mois, il est alarmant de constater qu'un gouvernement socialiste se plie aux attaques de l'extrême droite. Dans un Etat de droit, la délibération collective devrait primer sur les revendications extrémistes. La ministre de la culture doit assurer et garantir la liberté de création de tous les auteurs, la défendre contre les idéologies totalitaires et montrer la voie du progressisme plutôt que de suivre celle d'un ordre moral hypocrite et réactionnaire."

    "Ainsi, nous appelons solennellement la ministre de la Culture et de la Communication à respecter la décision de la Commission de classification, ou bien à assumer sa décision personnelle. Fleur Pellerin deviendrait ainsi la nouvelle ministre de la Culture, de la Communication et de la Censure d'Etat.

    "L'Observatoire de la liberté de création et les organisations professionnelles signataires appellent également le ministère de la Culture, le CNC et la Commission de classification elle-même à ouvrir dans les meilleurs délais une réflexion sur une évolution de la législation permettant de protéger la liberté d’accès aux oeuvres."

    --> le communiqué en intégralité

    L'APC, l'Association des producteurs de cinéma, a également diffusé un communiqué, appelant la minstre "à suivre l’avis émis par la Commission  d’interdire ce film aux moins de 16 ans avec avertissement". 

    "Cette demande [que la Commission de classification effectue un nouveau visionnage du film] est de nature à être perçue comme un désaveu de la Commission, composée de professionnels avertis dont des représentants des administrations concernées, des professionnels du cinéma, des experts spécialistes de la protection de l’enfance et de l’adolescence, ainsi que des représentants d’associations familiales et du jeune public. 

    Ne pas céder à des actions visant à interdire de facto la distribution du film

    "Nous demandons instamment à la Ministre de la culture d’agir de façon impartiale et, dans le contexte actuel où la liberté de création subit des attaques de tous ordres, de garantir plus que jamais le travail de la Commission en toute indépendance et de ne pas céder à des actions visant à interdire de facto la distribution du film."

    ==> Tout savoir sur la commission de classification : notre dossier complet

    Le teaser troublant de Love, en salles le 15 juillet 2015

     

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