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    Sorcerer de William Friedkin projeté en numérique au Festival de la Rochelle

    Le film maudit de William Friedkin Sorcerer sera diffusé en copie restaurée au 43e Festival du cinéma de La Rochelle. Amputé de plusieurs séquences, il n’était plus visible dans sa version d’origine depuis sa sortie en 1977.

    AlloCiné : Sorcerer sort dans une nouvelle copie restaurée. Pensiez-vous un jour le voir dans une si belle qualité ?

    William Friedkin : Ça n’existait pas, au moment où j’ai fait le film. Si vous avez vu le master numérique, vous savez que c’est la meilleure version du film qui existe. Les verts sont intenses, les bleus aussi, le grain de la peau fait aussi vrai que nature, ce qui n’a jamais été le cas avec la pellicule. Le développement des anciennes copies rendait ça impossible. Il y avait trop de variantes entre le liquide de développement, le technicien, l’électricité toujours fluctuante dans la machine qui imprimait les copies… Du coup, on n’avait jamais deux bobines qui se ressemblaient. Aujourd’hui, on peut produire une image fidèle à ce que vous regardiez à travers le viseur de la caméra. Effectivement, je n’ai jamais rêvé qu’un jour, ça serait possible. Et, pour ma part, je ne suis pas mécontent de voir la pellicule 35mm disparaître. Ça n’a jamais été fiable, alors que le monde numérique l’est.

    Vous qui admirez Orson Welles, pensez-vous qu’il aurait aimé voir une telle copie de son Citizen Kane ?

    Evidemment. Par ailleurs, je ne suis pas plus fan d’Orson Welles que ça. Je pense juste qu’il a fait un des plus grands films au monde, qui m’a donné envie de me mettre au cinéma. C’est à peu près tout ce que j’en pense. J'apprécie ses autres films, mais Citizen Kane, pour moi, est un vrai chef d’œuvre, sans aucun doute.

    Pour ma part, je ne suis pas mécontent de voir la pellicule 35mm disparaître.

    Henri-Georges Clouzot est mort avant de pouvoir voir Sorcerer. Est-ce la raison pour laquelle vous lui avez dédié le film ?

    Non, je lui avais dit que je le ferais, et que je lui donnerais aussi un pourcentage sur les bénéfices.

    Vous auriez aimé qu’il voie le film ?

    Je ne crois pas. Il avait fait un très grand film avec la même histoire (Le Salaire de la peur, adapté du livre de Georges Arnaud, ndlr). Ma version est vraiment différente. J’ai changé les personnages, l’histoire, les péripéties… C’est la même charpente, mais de deux manières différentes. Je ne les compare pas. Son film est génial. Parfois, les gens voient Sorcerer et ont la curiosité de voir Le Salaire de la peur. C’est une grande satisfaction, pour moi. Mais je n’ai pas la prétention de dire : "J’aurais voulu que Clouzot voie mon film". Je suis sûr qu’il avait mieux à faire.

    Vous vous référez souvent à lui, pourtant ! Il a eu beaucoup d’influence sur votre travail ?

    Oui. Les Diaboliques et Le Salaire de la peur font partie de mes films favoris. Il repoussait les limites. Moi aussi, j’ai essayé de faire ça avec mes films. Les Diaboliques, c’est vraiment un film sans concession, presque vicieux. Justement, c’est ce qui est formidable.

    C’est une course poursuite sur quelques centimètres.

    Vous qui êtes connu pour vos courses poursuites, The Sorcerer propose presque l’inverse.

    C’est une course poursuite sur quelques centimètres. Bien sûr, c’est ce que j’essayais de faire.

    La scène sur le pont de singes est sûrement la plus haletante. A-t-il fallu construire tout le décor ?

    Eh oui ! Il n’existait aucun pont sur lequel faire passer deux camions sans qu’il ne s’écroule. On a dû tourner la scène sur une très longue période, car chaque jour, le soleil pointait son nez de 7h à 11h du matin, et s’en allait très vite après. Moi, j’avais besoin que la lumière soit raccord. Donc on avait trois heures pour tourner chaque matin, et puis c’était terminé. Ensuite, on pouvait revenir et tourner de 7h à 11h du soir pour les scènes de nuit. Du coup, ça a pris des plombes. Ça a pris au moins deux fois plus de temps que ce qui était initialement prévu. Je ne me souviens plus combien de temps exactement.

    La 43e édition du Festival de la Rochelle a commencé le 26 juin et se déroulera jusqu’au 5 juillet 2015. Pour en savoir plus sur le cinéma de William Friedkin, notre entretien avec le réalisateur sera dévoilé, dans son intégralité, mi-juillet 2015, à l’occasion de la ressortie en salles du film Sorcerer.

    Découvrez la bande annonce de Sorcerer - Director's Cut de William Friedkin

    Propos recueillis par Gauthier Jurgensen à Paris le 6 juin 2015

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