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    Reda Kateb et Ludivine Sagnier : La Résistance de l'air "raconte vraiment un couple"
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Reda Kateb se sont confiés sur La résistance de l'air, polar oui, mais également un film social. Premier long métrage du Québecois Fred Grivois.

    VEEREN / BESTIMAGE et La Vie est Belle - Oriflamme films

     Ce mercredi sort en salles le premier long métrage de Fred Grivois, le polar français La Résistance de l'air. AlloCiné a pu rencontrer les acteurs principaux de ce film réaliste et haletant : Reda Kateb et Ludivine Sagnier. Nous sommes revenus avec eux sur l'expérience qu'a constituée le tournage de ce premier film.

    Ce titre m’a intrigué, "La Résistance de l’air", puis je l’ai compris en voyant le film, et notamment l’idée de résistance, car vos personnages sont des résistants…

    Reda Kateb : La résistance de l’air c’est l’air que déplace la balle pour aller jusqu’à la cible. C’est vrai que le titre du film est un peu abstrait, mais ça raconte le fait que pour Vincent, mettre une balle dans la tête de quelqu’un c’est abstrait. Il est à 300 mètres, et c’est toute cette couche de technique d’abstraction (…) entre quelqu’un qui tire de loin et le fait de tuer (…).

    Ludivine Sagnier : c’est vrai que le personnage de Vincent met des boules KIES pour entendre le silence, et on n’entend pas l’air. Donc cette sourdine nous tient un peu en haleine.

    RK : Et Fred a voulu être beaucoup là-dedans, dans la respiration du personnage. Donc dans les moments d’extrêmes tensions, au lieu d’être dans l’agitation, il va chercher le calme.

    C’est un polar réaliste mais c’est aussi un film social. La situation de ces personnages c’est une réalité.

    LS : Oui, j’avais la volonté de rendre hommage à ces couples. Comme ce qu’a fait Cédric Kahn dans Une vie meilleure. Je trouve que c’est malheureusement dans l’air du temps. Il se dégage chez les femmes un héroïsme du quotidien, elles s’engagent dans le crédit, elles tiennent leur maison, leur mec, leurs enfants, leur boulot et qui ne lâchent rien. Et à mon échelle privilégiée, bien confortable, j’ai déjà ce sentiment d’être un soldat. Donc j’imagine que dans un contexte social plus précaire c’est d’autant plus le cas. J’avais envie de rendre hommage à toutes ces femmes-là.

    RK : Et cet aspect-là [dans le film] on le doit pas mal à Ludivine qui a fait des suggestions par rapport à l’évolution possible du scénario et ça a apporté énormément au film. Le polar est un genre souvent misogyne finalement, la fascination pour les flingues, pour le sang…

    LS : La salope manipulatrice…

    RK : Oui, une vision des femmes un peu années 50, passives et cliché, alors que là c’est tout le contraire. C'est le personnage de Ludivine qui résiste, alors que le mien se cherche.

    LS : Il erre.

    RK : Exactement. Et même si c’est un couple en crise, c’est un couple dans lequel il y a assez d’amour pour qu’il y ait un dépassement de la crise.

    Pascal Chantier

    Le réalisateur Fred Grivois réalise son premier long métrage de cinéma. Etait-il impressionné par l'expérience que vous avez tous les deux ?

    LS : Non, Fred Grivois est quelqu’un qui a beaucoup travaillé dans la publicité, qui a une connaissance de l’image hallucinante. Il n’était pas du tout tâtonnant.

    RD : Il savait où placer sa caméra, il avait une idée très précise des plans. Et avec nous, il était très ouvert, on cherchait ensemble avec les acteurs d’une scène…

    LS : Souvent dans ce genre de film, on a tendance à croire que l’action domine sur la psychologie et là pas du tout, on avait vraiment de l’espace. Ce que j’aime bien avec Fred c’est qu’il est Québécois, il a une culture très américaine. C’est comme s’il ne fantasmait pas le film américain mais qu’il le respirait. Il a un rapport à l’image, à l’espace, qui est très anglo-saxon.

    Reda, vous vous êtes préparés pour le rôle de ce tireur ? Vous maniez les armes comme un professionnel.

    RK : J’ai fait un stage avec les instructeurs des tireurs d’élite du G.I.G.N. une semaine et quelques séances de tir à côté. (…) On s’est retrouvés là avec Fred et aussi Pascal Demolon qui joue mon entraîneur dans le film…

    LS : Et t’a carrément appris à fabriquer tes balles !

    RK : Oui, on s’est retrouvés dans la cave d’un passionné, on pénétrait dans un monde. Les tireurs ne sont pas des bourrins qui vont à la chasse, c’est une technicité, c’est très méditatif comme truc.

    LS : C’est ce que j’adore dans le personnage de Reda, c’est son calme. Y a une scène qui a été coupée, j’ai trouvé ça dommage. C’est un dimanche matin, l’enfant se balade dans l’appartement, moi je faisais plein de trucs et toi tu prépares ton [prochain assassinat]. Tu es d’un calme olympien imperturbable alors que c’est pour aller buter quelqu’un, au final. Cette concentration je trouvais ça super bien.

    Raphaël Creton/Gaumont Distribution

    Vous faire jouer ce couple était une excellente idée car vous avez une alchimie tous les deux à l’écran. Comment la définiriez-vous ?

    RK : Ludivine a une énergie très pétillante, très aérienne…

    LS : ça dépend des jours…

    RK : Si, tu es très « Tzim badaboum Tak ! » [il mime une batterie], et moi plus [il prend une voix grave] « Tum tu-tum ».

    LS : (rires) Tu fais la basse, et moi j’suis percu, un peu !

    RK : Voilà, qui se ressemble s’assemble. J’ai aimé jouer ensemble avec deux rythmes différents, je trouve que ça raconte vraiment un couple cette chose-là (…).

    Propos recueillis à Beaune le 28 mars 2015 par Corentin Palanchini

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