Pour sa quatrième participation à la Compétition cannoise, Jacques Audiard surprend. Alors que beaucoup attendaient de lui un film de genre aux accents politiques, le réalisateur d'Un prophète livre avec Dheepan une... histoire d'amour, qu'il compare à une "comédie de remariage" à notre micro. Exit donc l'idée initiale de faire un remake des Chiens de paille de Sam Peckinpah, au profit d'un récit dans lequel il évoque aussi bien le conflit tamoul que la société française, et interroge ce que c'est que d'être un étranger.
Des propos qui font écho à ceux tenus par le réalisateur pendant la conférence de presse, et au cours de laquelle il s'est défendu de toute "déclaration politique" : "Quand j’ai découvert ce conflit aux conséquences atroces, j’ai été bouleversé", avait-il expliqué. "Mais je me suis saisi de la chose simplement, sans pouvoir qualifier ce conflit vu que je ne suis pas descriptif. C’était intéressant de faire rentrer le conflit tamoul dans une fiction."
J'ai besoin de la violence pour exacerber les sentiments
Une fiction dont beaucoup de journalistes ont souligné la violence, ce qui a d'abord surpris Jacques Audiard : "Je prends au pied de la lettre la notion de conflit dramatique et j’ai besoin de la violence pour exacerber les sentiments", précise le cinéaste aux 9 César.
Et ce avant de rappeler à quel point le projet d'origine a évolué au fil du temps : "Le scénario a beaucoup bougé au tournage, avec les comédiens, l’incarnation. Je fais ça régulièrement au tournage, en travaillant. Il s’avère que les scènes que vous allez fabriquer au tournage ne vont pas s’intégrer dans le scénario. De rouille et d’os n’acceptait pas tous ces procédés d’improvisation."
Il y a des choses que je vais reprendre
Pour finir, Jacques Audiard a confirmé les rumeurs selon lesquels le film avait été terminé très très tard, "samedi dernier" pour être précis : "Le fait d’une sélection à Cannes, qui est déjà une chose incroyable, nous a obligés à aller très vite. Ce que j’aime bien, quand ça va très très vite, c’est qu’on pense moins." Il a toutefois reconnu que le processus avait été "fatigant" et qu'il allait reprendre des choses telles que la musique. Même s'il remporte sa première Palme d'Or dimanche soir ?
Les notions d'éducation et d'intégration au coeur du premier extrait :