Une proposition différente... et un moment avec soi-même
Salma Hayek (productrice et voix de Kamila) : "Nous avons imaginé une proposition cinématographique différente, qui soit à la fois artistique, spirituelle, divertissante et familiale. Au départ, nous pensions faire un film pour enfants, très simple, qui fasse écho aux films d’enfance des parents… Nous souhaitions leur permettre de redevenir enfant, le temps d’un film. Nous voulions aussi faire une pause au milieu du film, sans pour autant casser le rythme. Enfin, nous souhaitions proposer au public quelque chose de différent, à travers les poèmes intégrés au film : l’idée étant qu’ils aient un moment pour eux, sans narration qui vous dise quoi penser, grâce à de la poésie, des images et de la musique. Quelque chose qui vous mette face à vous-mêmes, dans lequel vous pouvez piocher et puiser sans avoir besoin de comprendre tout de suite le poème. Chacun peut ainsi prendre ce dont il a besoin et avoir un moment avec lui-même. Même les enfants…"
Une oeuvre qui parle (aussi) aux enfants
"C’est un film sur le fait de trouver sa voie, sur le courage d’exprimer ses idées, sur la mort, sur la communauté, sur la relation entre la mère et son enfant, sur le pouvoir de la poésie… Et cela parle aux enfants. Le pouvoir des mots touche le subconscient. Tout comme le rythme. Les enfants comprennent tout ça, de manière inconsciente. Au-delà des images. Croire qu’ils n'y sont pas réceptifs, c’est les rabaisser. C’est un film qui élève. Donc à l’encontre du cynisme actuel. A l’encontre de la violence actuelle. C’est une proposition différente. Ce n’est pas très drôle. Ni très triste. C’est autre chose qui touche et qui émeut les spectateurs. Beaucoup pleuraient à la projection publique au festival de Toronto. Ils sont touchés par le fait de se retrouver, par une image, par une musique, par un poème… C’est la beauté de l’esprit humain."
Une totale liberté artistique
"C’est le livre qui a rassemblé tous ces animateurs de différents horizons. Ils le connaissaient tous, ils l’aimaient tous. Comme le livre, nous voulions que ce film puisse rassembler les gens. Le film n’a pas de nationalité d’ailleurs, tant il implique des gens de pays différents. Ce sont des gens brillants, des artistes qui n’avaient encore jamais eu la chance de pouvoir briller. Roger Allers, qui a co-réalisé Le Roi Lion, a supervisé l’histoire principale et de nombreux animateurs ont pu graviter autour de lui avec une totale liberté artistique en termes d’interprétation, de couleurs, etc… Plus ils étaient différents, mieux cela servait le film. L’idée est que cela surprenne constamment. Si le film n’avait pas surpris, cela aurait été un échec. C’est un film sur la liberté d’expression, et sur la liberté d’esprit. C’était donc logique de leur laisser le champ libre et de les laisser créer."
Un film rare
"Ma plus grande crainte, c’était de ne pas obtenir ce que j’avais en tête. Sachant que c’était très compliqué à expliquer aux gens. Quand vous vous lancez dans quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant, c’était difficile de transmettre votre vision. Même maintenant, alors que nous vendons le film, c’est difficile. Si le film n’est pas rangé dans une boîte bien identifiée, les distributeurs ne savent pas quoi en faire. Ce que j’essaye de leur expliquer, c’est qu’un grand nombre de gens ne rentre dans aucune boîte… Et que ces gens s’ennuient face à la répétition continuelle de ce qu’on leur propose. Et qu’ils veulent quelque chose de différent. Il y a des films partout, tout le temps, surtout en animation… Mais ces films ont-ils une magie ? C’est rare de trouver un film aussi spécial, qui vous touche, qui vous émeut, qui vous fait réfléchir, qui vous change, qui vous fait (re)découvrir quelque chose sur vous même…"
Tout sur le film
Le Prophète - Réalisé par Roger Allers
Sur l’île imaginaire d’Orphalese, une fillette espiègle de 8 ans, Almitra, fait la connaissance de Mustafa, prisonnier politique assigné à résidence. Une amitié improbable naît de cette rencontre inattendue. Mais le jour de leur rencontre, le gouvernement apprend à Mustafa qu’il est enfin libéré : les soldats le conduisent aussitôt à un bateau qui doit le ramener dans son pays. En chemin, Mustafa fait part de sa conception de l’existence et de ses poèmes à la population d’Orphalese, tandis qu’Almitra le suit en secret. À chaque étape du parcours, elle imagine de somptueux paysages illustrant ses propos. Cependant, lorsque la fillette comprend que le gouvernement réserve un sort funeste à Mustafa, elle décide de tout tenter pour lui venir en aide.