"Enfin !" Lorsque l’on demande à Sara Forestier si son premier long métrage, M, va bientôt entrer en tournage, on sent un soulagement, une joie d’enfin concrétiser un projet porté de longue date. "Le tournage commence fin juin. Enfin ! Ca a été un long périple, sourit-elle. Mais je suis comme ça, c’est mon rythme. J’ai mis 7 ans à écrire mon scénario. J’ai besoin de temps pour faire bien les choses. J’ai mis énormément de temps à trouver mon acteur principal, c’est ce qui m’a fait prendre beaucoup de retard." Et d’ajouter : "Je ne regrette pas. Il le fallait car c’est un rôle qui était très compliqué. Et puis dans tout ce parcours, j’ai pu bien faire murir mon film. Maintenant je suis assez sereine pour commencer le tournage. Je suis en préparation là, tous les jours. Je vais faire un saut à Cannes quelques jours, mais je suis tous les jours en préparation."
A l’affiche ce jour de La Tête haute d’Emmanuelle Bercot, film d’ouverture du Festival de Cannes, Sara Forestier s’était fait plus discrète sur les écrans depuis quelques mois, pour se consacrer justement à ce projet qui lui tient très à coeur. Et le tournage ayant été retardé d’un an, ce n’est finalement plus Adèle Exarchopoulos, la révélation de La Vie d’Adèle, qui tiendra le rôle principal, mais Sara Forestier elle-même. "A part le film d’Emmanuelle Bercot, j’ai très peu tourné. J’ai passé beaucoup de temps sur la préparation de mon film. C’est un rôle magnifique. C’est un petit peu une récompense pour tous les sacrifices que j’ai fait. Je m’offre ce rôle."
J’ai mis tellement de moi dans ce rôle en fait que finalement ce n’est peut être pas un hasard si c’est moi qui le fait
"Au début, je me refusais complètement l’idée de jouer dans mon propre film, ajoute-t-elle. J’avais effectivement envie d’être complètement libre en tant que réalisatrice. Mais je crois au destin des films. Vraiment. Chaque film a sa propre destinée et son propre parcours. J’ai mis tellement de moi dans ce rôle en fait que finalement ce n’est peut être pas un hasard si c’est moi qui le fait."
L’autre comédien principal, dont elle n’a pas souhaité nous communiquer le nom, est issu du stand-up. "Ca sera la première fois qu’il fera un premier rôle. Et il y aura beaucoup d’acteurs inconnus autour."
Quant à ses influences pour la mise en scène, Sara Forestier cite volontiers quelques cinéastes qui ont jalonné son parcours. "Oui, forcément. Les expériences importantes marquent. On ne peut pas s’empêcher d’être influencé. Evidemment je vais être influencée par Kechiche, Doillon… Et par mes goûts en tant que spectatrice. C’est un mélange de tout. Par exemple, Blier. Son rapport aux dialogues a beaucoup influencé ma manière de les écrire dans mon film."
Ce qui dicte le plus les choses dans mon film, ce sont les personnages
"En même temps j’ai une vision très singulière de comment je vois les choses. J’ai envie que le film ait sa propre identité, c’est normal. Mais ce qui dicte le plus les choses dans mon film, ce sont les personnages. Ils sont très définis, très dessinés. Mes personnages sont plus forts que tout. Ce sont leurs caractères, leurs poussées intérieures qui ont dicté l’écriture du film. J’espère que ce sera pareil pour la mise en scène."
Pour mémoire, l’histoire de M sera centrée sur Lila, une bègue complexée, qui se réfugie dans le silence. Sa vie bascule lorsqu'elle tombe amoureuse de Mo, un pilote kamikaze qui risque sa vie à chacune de ses courses automobiles clandestines. A son contact, Lila s'extirpe de son mutisme. Leur passion va pousser Mo à arrêter ses défis sportifs suicidaires. Mais l'adrénaline et l'amour du risque sont des drogues dont il est difficile de se séparer...
Sara Forestier est actuellement à l'affiche de La Tête haute