Depuis 6 ans et son entrée fulgurante dans l'univers de la mise en scène, Xavier Dolan émeut, passionne, questionne. L'un des jeux favoris à son sujet ? Louer le génie de son cinéma en y décelant les plus fines influences, de Wong Kar Waï à Pedro Almodovar en passant par Gregg Araki. Ce week-end sur la toile, le talentueux cinéaste a rappelé ce que sa prodigieuse inspiration devait avant tout à la culture populaire et aux souvenirs d'enfance.
Mommy j'ai raté l'avion
C'est sur Twitter, où il est le plus souvent prolixe et franc, que Xavier Dolan a mis l'accent sur l'une des références les plus pures de son tout dernier chef d'oeuvre, Mommy. A propos d'un montage d'images trouvé sur le net, accolant deux scènes de son film et du cultissime Maman j'ai raté l'avion, le metteur en scène a exprimé son adhésion totale et... soulagée :
Bon sang mais c'est bien sûr ! Dans le film de famille de Chris Columbus, le jeune turbulent Kevin livré à lui-même, hurlait face au miroir sous les picotements de l'after shave de son père. Plus tard, fier de sa toute fraiche autonomie, il assistait penaud à la déchirure de ses sacs de courses bien trop chargés de "sucreries". Un comique de situation que l'on retrouve bel et bien dans deux scènes de Mommy, l'une portée par Antoine Olivier Pilon, l'autre par Anne Dorval.
Quand Xavier Dolan s'inspire de "Maman j'ai raté l'avion", ça donne ça :
"C'est le cinéma avec lequel j'ai grandi qui compte le plus à mes yeux !
Si bienveillant soit-il, le réflexe de la profession consistant à trouver chez Dolan les plus intellectuelles inspirations, n'a jamais manqué d'agacer le jeune réalisateur qui ne s'y reconnait pas toujours. A l'époque de J'ai tué ma mère, il avait préféré citer ses lectures enfantines d'Alfred de Musset, puis pour ses Amours imaginaires, convoquer sa connaissance adolescente de Stendhal. Plus tard, comme rompu à l'exercice, il avait consenti à confier ses sentiments pour Gus Van Sant et son admiration pour Hitchcock (imprimée dans Tom à la ferme).
C'est néanmoins lors de la promotion de Mommy que Xavier Dolan a tenu à mettre fin à cette course de la référence à tout prix. Oui, il adore les ralentis de In the mood for love mais il a davantage été marqué par celui de Jumanji. Bien sûr il aimerait tourner avec Paul Thomas Anderson mais c'est avant tout le Titanic de James Cameron qui l'a pour toujours conquis. Un retour aux sources qui tentait d'exprimer son rejet de la culture pour la culture, son goût du cinéma populaire et sa créativité spontanée.
Avec ce tweet printanier, cet amoureux du cinéma le rappelle une fois pour toutes à ceux qui ne l'ont pas encore compris : comme lors de son discours de remerciements à Cannes, c'est aux jeunes de sa génération qu'il adresse ses premiers clins d'oeil. A ceux qui écoutaient "à fond" Oasis ou Céline Dion, multipliaient les 400 coups, fantasmaient devant le look ultra sexy et le caractère bien trempé de la Super Maman célibataire Erin Brockovich ou... s'émerveillaient devant les gaffes cultes de Macaulay Culkin. On ne pourra pas dire qu'il ne nous l'avait pas (re)dit.
Xavier Dolan se confie sur ses autres influences, venues en autres de l'univers des séries !