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    Annabelle : "Le public des films d'horreur est intelligent" selon le réalisateur
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Réalisateur de "Annabelle", John R. Leonetti évoque ses influences et son approche de la peur au cinéma, à l'occasion de la sortie en salles du spin-off de "Conjuring".

    13 ans après avoir été chef opérateur sur Chucky 3, John R. Leonetti s'attaque à une autre poupée effrayante pour son troisième long métrage en tant que réalisateur : Annabelle. A l'occasion de la sortie du spin-off de Conjuring, il revient avec nous sur ses influences et son approche de la peur au cinéma.

    AlloCiné : On retrouve beaucoup de références dans "Annabelle", de "L'Exorciste" à "Rosemary's Baby". En quoi ces films vous ont-ils influencé ?

    John R. Leonetti : Rosemary's Baby m'a influencé sur le plan psychologique. Polanski laissait parfois les caméras tourner, pour laisser ses acteurs parler. Sans coupe, pour que le public ait l'impression d'être avec eux, et laisse ses yeux et son esprit vagabonder sans qu'on le manipule. Pour ce qui est de L'Exorciste, un plan vers la fin d'Annabelle lui rend hommage : lorsque le prêtre part avec la poupée en plan large. Le ton et l'éclairage de L'Exorciste nous ont inspirés.

    L'époque aussi.

    Oui bien sûr, les années 70. Pareil pour Rosemary's Baby, même s'il est sorti en 1968. Sans parler de l'influence évidente de Conjuring. Et il faut ajouter Alfred Hitchcock, mon maître spirituel, qui a inspiré le ton d'Annabelle. Surtout celui du premier acte, qui est très hitchockien selon moi dans sa façon de construire et de maintenir le suspense. C'est quelque chose que j'ai essayé de faire perdurer du début à la fin.

    Que pouvez-vous nous dire sur la façon dont vous avez créé l'atmosphère du film ?

    Nous avons d'abord établi l'époque du récit, les années 70 en l'occurrence. Si l'on retranscrit bien cette période, à travers les costumes, les décors et les coupes de cheveux, on arrive à emporter le public sans même chercher à lui faire peur. Il faut ensuite que les choses restent crédibles, car plus ça l'est, plus ça sera effrayant. Et comment parvenir à cela ? Avec des éclairages pratiques, pour laisser la caméra aller librement partout avec les acteurs. Il n'y a d'ailleurs pas besoin d'être focalisés sur leurs visages. Il suffit de se mettre derrière une hanche ou une épaule, pour laisser voir ce qu'il y a au loin.

    C'est quelque chose que nous faisons beaucoup dans le film, et ça permet aux yeux et esprits des spectateurs de vagabonder, encore une fois. Il faut ensuite s'assurer que l'on voit les yeux de Mia, jouée par Annabelle Wallis, pour que l'on comprenne ce qu'elle traverse. Il faut être à l'intérieur du personnage, car celui-ci est la donnée la plus importante dans n'importe quel film. Je fais en sorte de ne pas l'oublier, et chaque décision prise sur Annabelle tournait autour de Mia. Ce qu'elle endurait devait nous guider, malgré les différentes techniques que nous avons utilisées.

    Il y a en ce moment une nouvelle vague dans le cinéma d'horreur, basée sur des effets pratiques et minimalistes, et qui plaît le plus au public. Comment expliquez-vous ce succès ?

    Je pense que le public des films d'horreur est intelligent, et sait maintenant quand il est manipulé. Le montage cut, le sang, les couteaux, ça peut être cool. Dario Argento s'en est servi de façon incroyable. Mais l'horreur ça n'est plus ça, sur le plan commercial américain, et nous assistons à un retour du genre vers le passé. Déjà parce que ça fonctionnait à l'époque, donc pourquoi pas maintenant ? Puis les spectateurs veulent vraiment s'attacher aux personnages et entrer dans leurs esprits, pas juste savoir qu'une personne va surgir pour en tuer une autre. Le public est intelligent et peut-être que le genre horrifique est en train de grandir.

    Propos recueillis par Didier Allouch à Los Angeles

    Qui est le plus flippant entre Annabelle et Chucky ? La réponse de John R. Leonetti :

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