Allociné : Vous venez de co-écrire la BD Doggybags #6 “Heartbreaker”. Comment ce projet est-il venu à vous ?
Céline Tran : C'est le créateur et directeur de collection, Run, qui m'a contactée au départ pour intervenir simplement en tant que guest dans le teaser promotionnel (voir le teaser ci-dessous, Ndlr.) qu'il comptait réaliser pour l'édition 3 de Doggybags (qui est une collection du Label 619 chez Ankama).
A l'époque je vivais encore à Los Angeles et étais “Katsuni, pornostar”. Le rôle de danseuse sexy qu'il me proposait était intéressant, cohérent et j'ai tout de suite accroché avec son univers. Mais sachant que je venais juste de tourner dans un clip où je dansais autour d'une barre de pole-dance (« Conspiracy Strip-Club » pour Electronic Conspiracy) j'avais envie de quelque chose de différent, de plus ambitieux. Après réflexion Run m'a proposé de me créer un personnage sur-mesure et mieux encore, que je sois auteure à ses côtés. C'était une première pour lui comme pour moi.
Run m'a proposé de me créer un personnage sur-mesure et mieux encore, que je sois auteure à ses côtés
Quelle a été votre implication dans ce projet ?
Elle a été constante. Il était indispensable que je m'implique de l'écriture à la mise en images du projet afin que je m'y reconnaisse, que j'y crois et que le résultat soit honnête. Il y a eu de nombreux échanges avec Run, on s'est beaucoup écoutés mutuellement. Je me suis impliquée dans l'élaboration des personnages, leurs relations et leur psychologie, en particulier de Celyna, l'héroïne, et bien sûr la mise en scène, le développement du rapport symbolique entre porno et vampirisme. Bien sûr je n'ai pas l'expérience et le sens du découpage de Run, dans ma tête j'avais plus des séquences de film !
Je me suis aussi investie dans les dialogues et ai rédigé certains textes des bonus qui sont placés entre chacun des trois actes et qui sont destinés à donner des pistes aux lecteurs afin qu'ils perçoivent mieux les double sens. Sur le graphisme nous avons fait confiance aux dessinateurs Jérémie Gasparutto, Florent Maudoux et Guillaume Singelin (un dessinateur par acte) ainsi que Yuck (aux bonus) qui ont été choisis par Run. C'est une équipe qui a l'habitude de bosser ensemble mais chacun a vraiment un style et une sensibilité qui lui sont propres.
Le cinéma grindhouse, auquel on rend hommage, est notre inspiration
Idem pour la réalisation du teaser, on a voulu se faire plaisir en se mettant en scène, proposer quelque chose de plus élaboré que ce que Run avait tourné pour les précédents DoggyBags et proposer beaucoup d'action, placer des effets spéciaux « à l'ancienne » en hommage au cinéma grindhouse qui est notre inspiration et auquel on rend hommage. J'ai eu la chance d'avoir à mes côtés une équipe de cascadeurs incroyable qui m'ont entraînée, conseillée. Tout le monde à son niveau et avec ses compétences s'est montré motivé. Heart Breaker, la BD comme la vidéo, c'est vraiment le résultat d'un vrai travail d'équipe avec Run en chef d'orchestre !
Pourrait-on imaginer une adaptation au cinéma ou à la télévision de cette BD ?
Vous avez utilisé le mot magique : IMAGINER ! Tout est possible, oui bien sûr, il faut l'imaginer, ça commence par là. Pour l'instant nous nous sommes concentrés sur l'album en tâchant de faire quelque chose d'abouti mais nous sommes déjà inspirés pour une suite et honnêtement, ce serait le pied que de l'adapter ensuite. Ce qui importe c'est d'être inspiré, de continuer à mettre du sens dans ce qu'on fait et je suis confiante, avec Run on forme une bonne équipe, on a vraiment envie d'aller plus loin. Affaire à suivre.
Depuis quelques mois j'ai beaucoup plus les mains dans les gants de boxe que sur mon clavier d'ordinateur !
Avez-vous d'autres projets d'écriture ?
Ecrire la suite de Heart Breaker est déjà une actualité, ça s'impose comme une évidence. J'ai aussi en tête un court-métrage d'action et puis ce livre que je veux tant écrire en m'inspirant de mon aventure dans le X. Mais j'avoue que depuis quelques mois j'ai beaucoup plus les mains dans les gants de boxe que sur mon clavier d'ordinateur !
Vous avez tourné dans Le Visiteur du futur. Un petit mot sur cette expérience ?
Culte ! Quel bonheur de jouer pour François Descraques, ce mec est en or. Un réal vraiment talentueux, à l'écoute. J'étais déjà tellement fan du VDF. Quand il m'a proposé le rôle de la Baronne j'étais comme une gamine. Je lui suis très reconnaissante. Le VDF a été mon premier pas post -carrière porno et l'accueil a été génial du côté du public. François peut compter sur moi pour ses futurs projets...
Et puis c'est en tournant sur le VDF que j'ai compris que je voulais vraiment continuer à jouer mais un peu plus habillée cette fois-ci ! J'y ai aussi rencontré Kefi Abrikh (qui joue Le Protecteur) et la team de cascadeurs que vous retrouvez en partie dans la vidéo de Heart Breaker. Avec Kefi on vous réserve d'ailleurs quelques petites surprises.. Restez connectés.
J'ai des propositions de rôles au cinéma en France et à l'étranger. Au programme, beaucoup d'action et d'hémoglobine
Quels sont vos projets ciné et télé ?
J'ai des propositions de rôles au cinéma en France et à l'étranger. Simplement, contrairement au porno où vous êtes booké du jour au lendemain, là ça prend un peu plus de temps ! J'apprends la patience ! Mais ça avance dans la direction que je souhaite et c'est extrêmement stimulant. Au programme, beaucoup d'action et d'hémoglobine. Je sens que je n'ai pas fini de transpirer. Tant mieux, c'est la difficulté et le risque qui m'intéressent.
Au moment de l'annonce de votre retraite, il y a un peu moins d'un an, vous aviez écrit avoir envie "De nouveaux plaisirs et nouveaux défis en perspective!". Quel bilan dressez-vous des quelques mois qui se sont écoulés depuis cette annonce ?
Que chaque nouvelle journée est vraiment un cadeau et que lorsqu'on se réveille chaque jour avec cette notion de « nouvelle vie « en soi on se découvre un potentiel incroyable. Il y a toujours plus à apprendre, il n'est jamais trop tard. Après avoir arrêté le X je me suis beaucoup plongée dans le sport, rien de plus efficace pour développer un nouveau rapport au corps et se prendre une bonne leçon d'humilité, pas de bluff et rien n'est acquis. Les seules limites sont celles qu'on se pose dans notre tête. J'ai décidé de n'en poser aucune.
Doggybags #6 “Heartbreaker”, de Run et Céline Tran, Label 619 (13,90 €), disponible à partir du 13 juin 2014
Le teaser de Doggybags #6 “Heartbreaker” :