AlloCiné : Le Coeur des hommes 3 aurait pu avoir pour sous-titre "Le Nouveau pote", pour faire un clin d'oeil à votre précédent film...
Marc Esposito : Oui, c’est vrai que c’est ce qui fait la grosse différence entre cet épisode là et les deux autres. Il y a un nouveau qui rentre dans la bande. Du coup, ça me permet de traiter un truc que je n’avais pas traité dans les deux autres, qui est qu’on peut se faire des amis à tout âge, qu’il n’y a pas que les amis d’enfance ou les amis de jeunesse.
En plus, ça recroise un peu ma vie puisque les quatre acteurs du Coeur des hommes n’étaient pas mes amis quand j’avais 45 ans, et ils sont aujourd’hui parmi mes très proches. Ce sont des amitiés qui sont nées à un âge très adulte.
Diriez-vous que finalement cet événement imprévu (le départ de Gérard Darmon) s'est en quelque sorte transformé en avantage, a donné une nouvelle impulsion au film ?
Marc Esposito : C’est sûr que la défection de Darmon m’a obligé à inventer un nouveau schéma, et en effet, m’a permis de renouveler la série davantage qu’elle ne l’aurait été en conservant les quatre mêmes personnages.
Ce n’était pas une décision qu’on pouvait prendre nous-même ; ça ne me serait pas venu à l’idée. Le destin fait des choses comme ça. Comme on dit, c’est un mal pour un bien.
© Pamela Duhesme / Pierre Javaux productions / Wayan productions
Comment s'est imposé le choix d’Eric Elmosnino ?
Marc Esposito : Je l’avais rencontré parce qu’il avait accepté de faire un film que je n’ai finalement pas réussi à monter. On avait discuté dans un café longuement. On avait vraiment eu une relation incroyablement proche pour des gens qui se rencontraient pour la première fois. Il était très Cœur des hommes, foot, enfants, femmes... Et il aimait beaucoup les deux films. A ce moment-là, je ne pensais pas du tout que se poserait le problème de trouver un nouveau comédien pour Le Coeur des hommes 3. Quand ça s’est posé, j’ai tout de suite pensé à lui.
Je l’entendais dire en interview, et il a raison, que j’ai plutôt engagé l’homme qu’il est, que l’acteur qu’il est, même si c’est évidemment un acteur énorme. Mais ce n’est pas parce que c’est un acteur énorme que je l’ai pris. C’est l’homme que j’ai rencontré. Je me suis dit : je vais très bien m’entendre avec lui, et il va très bien s’entendre avec les trois autres.
Il est vrai que ce n’est pas très difficile de s’entendre avec les trois autres, qui sont quand même très faciles. Bernard Campan, Jean-Pierre Darroussin et Marc Lavoine sont des garçons gentils, bienveillants, ouverts, qui n’ont pas du tout l’esprit de compétition, qui sont très humbles. Ce n’était pas un challenge énorme de s’entendre avec eux. Mais j’ai senti que ça marcherait et ça a marché entre eux, beaucoup plus vite que dans le film en fait.
© Pamela Duhesme / Pierre Javaux productions / Wayan productions
Pensez-vous déjà à une suite du Coeur des hommes 3 ?
Marc Esposito : Si ce 3e volet a du succès, c’est sûr qu’on aura envie d’en faire un 4e. Mais c’est vraiment une condition sine qua non. Je suis un peu superstitieux. C’est loin d’être acquis aujourd’hui, c’est très difficile de faire des succès. J’attends la sortie du film pour savoir la réponse, et de toute façon, c’est un scénario qui sera difficile à écrire. Je ne m’y mets jamais comme ça, je laisse toujours passer du temps, avant de m’y remettre. Peut-être que je serai très inspiré en m’y remettant dans 3 ou 4 ans. Là, s’il fallait que j’écrive un 4, je serais bien en peine.
Vous avez régulièrement alterné les projets entre Le Coeurd es hommes et d'autres films comme Mon Pote ou Toute la beauté du monde. Avez-vous un autre projet de ce type ?
Marc Esposito : J’aimerais faire un film de filles. Ça fait longtemps que j’essaye. A un moment donné, comme je suis un garçon opiniâtre, je pense y arriver. J’espère. J’aimerais parler d’une catégorie sociale qui est les femmes seules avec enfant.
Ce projet dépend totalement de si je continue à faire du cinéma après "Le Cœur des hommes 3". Vu mon âge, si le film ne marchait pas, je pense que j’arrêterai. S’il marche, oui, j’espère faire ce film-là, avant de faire "Le Cœur des hommes 4".
© Pamela Duhesme / Pierre Javaux productions / Wayan productions
Sur votre blog, vous racontez en détails le processus de fabrication du film, et notamment vos méthodes du tournage, qui vous sont propres...
Marc Esposito : Je tourne maintenant à trois caméras. On est très peu en France à faire ça. A deux, ça devient courant. Je pense que de plus en plus de producteurs vont dire aux réalisateurs que ça fait gagner beaucoup de temps.
Au lieu de faire les trois plans l’un après l’autre, on les fait les trois en même temps. Ça a l’avantage que les acteurs jouent ensemble. Le public ne se rend pas compte, mais dans la plupart des films, les acteurs ne se répondent pas vraiment. On tourne l’un puis l’autre, alors que je tourne tout ensemble. J’ai l’impression que ça va devenir une règle. D’ici 20 ans, il n’y aura plus grand monde qui tournera avec qu’une seule caméra, que ce sera considéré comme un luxe d’aller si lentement. Mais je peux me tromper.
Dès "Le Cœur des hommes 1", je voulais deux caméras. Je les ai eu. J’ai eu la chance d’avoir un producteur qui m’a accordé deux caméras. Pendant mes années de journaliste, j’étais beaucoup en reportage sur les tournages, j’étais souvent ami avec les acteurs et je voyais le tournage de leur point de vue. Je voyais qu’ils adoraient jouer ensemble. Et que le côté "on dit une phrase, on recommence", c’était quand même un peu pénible. Je voulais mettre au point un dispositif où je pouvais filmer toutes les scènes en entier.
Le Coeur des hommes 3
Propos recueillis par Brigitte Baronnet, à Paris, le 15 octobre 2013
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