Peter Landesman - © Maximilien Pierrette/Allociné & Metropolitan Filmexport
Les faits, rien que les faits. C'est l'approche de Peter Landesman, ancien journaliste devenu réalisateur, sur Parkland, qui nous plonge dans les 3 jours qui ont suivi l'assassinat de John F. Kennedy. Un point de vue inédit et réaliste sur lequel il est revenu avec nous pendant le dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville.
Allociné : Aviez-vous prévu dès le début de faire le film pour les 50 ans de l'assassinant de Kennedy ?
Peter Landesman : Oui, c'était notre but dès le début. Et jusqu'ici, tous les films réalisés sur le sujet étaient uniquement focalisé sur les spéculations, les mystères autour du meurtre ou la conspiration, donc nous avons vu dans ce 50ème anniversaire le bon moment pour initier une nouvelle conversation sur ce qu'il s'est passé.
En parlant des autres films faits sur le sujet, que pensez-vous d'un long métrage tel que "JFK" ?
C'est une expérience incroyable. Le film est superbement fait : il est excitant, irrésistible et très bien joué. Mais je ne le vois pas du tout comme un document historique mais plus comme un récit spéculatif. Parkland est aussi une oeuvre d'art et de divertissement , mais les recherches nécessaires pour le faire ont nécessité un travail plus resserré, qui ne soit ni politique, ni abstrait. Ce sont des choses plus facilement vérifiables, plus réelles.
Abraham Zapruder (Paul Giamatti) - © Metropolitan Filmexport
Vous souvenez-vous de la 1ère fois que vous avez entendu parler de l'assassinat et vu les images d'Abraham Zapruder ?
Ayant été journaliste pendant de nombreuses années, c'était il y a longtemps. Les Américains sont plongés dans la mythologie de cette assassinat dès leur enfance, donc j'ai dû en entendre parler pour la 1ère fois à cette époque. Mais c'est à partir du moment où je suis devenu journaliste que j'ai commencé à en avoir une opinion différente et à l'aborder d'une autre manière.
Qu'est-ce qui rend cette histoire si fascinante selon vous ? Le fait que ce soit arrivé à un président très aimé ou que nous ne connaîtrons sans doute jamais la vérité ?
Moi je pense que nous connaissons déjà la vérité. Il y aura toujours un débat sur le vrai responsable, bien sûr, mais la vérité, c'est que l'acte a été commis par un tireur triste, solitaire et sociopathe [Lee Harvey Oswald, ndlr]. Et si l'histoire fascine autant, c'est parce que l'assassinat marque la fin de l'époque post-Seconde Guerre Mondiale pour les Etats-Unis et le monde occidental. C'est arrivé à un moment où tout changeait, avec la Guerre du Viêtnam et la période "Sexe, drogue et rock'n'roll". Du coup l'assassinat de Kennedy et le 11 septembre sont pour moi les 2 éléments les plus importants de la culture américaine, voire occidentale.
Vous ne croyez donc pas aux différentes théories qui ont pu voir le jour ?
Non. Nous pourrions débattre sur le sujet pendant des heures, au même titre que sur l'existence de Dieu. Mais nous tournerions en rond. Et le but de Parkland n'est pas de créer un débat. Quand vous voyez le film, vous sentez son authenticité, son réalisme et la simple vérité qui l'anime.
Lee Harvey Oswald (Jeremy Strong) - © Metropolitan Filmexport
Qu'avez-vous appris en lisant le livre dont le film est tiré ?
Beaucoup de choses. J'en savais très peu avant et je m'en suis servi comme d'une rampe de lancement pour me documenter sur ces personnes. Beaucoup de documents sont disponibles et ça m'a permis de nourrir le drame shakespearien au coeur du récit, qui est fantastique. Une fois que je me suis plongé dedans, j'ai compris qu'il y avait un super film à faire autour.
Aviez-vous prévu dès le début de vous servir d'images d'archives ?
Pas dès le début, mais il a vite semblé évident que nous devions créer un nouveau langage visuel. Et j'ai tourné certaines images en faisant en sorte qu'elles aient l'air vieilles, et nous avons trouvé l'équilibre pendant les prises de vues et le montage. Celle où l'on voit la joue de Jackie Kennedy avec du sang dessus, lorsqu'ils arrivent à l'aéroport, est fausse par exemple.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Deauville le 4 septembre 2013
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