"La fin de Breaking Bad approche, et j'ai des sentiments partagés", nous explique Vince Gilligan lorsque nous le rencontrons à Deauville, 3 semaines avant la diffusion du dernier épisode de la série. "Je suis excité à l'idée que les gens voient la fin. Très excité car j'ai hâte de pouvoir en parler avec les gens, vu que j'ai eu du mal à garder le secret autour du dénouement ces derniers mois. Mais d'un autre côté, une fois que ce sera fini... ce sera fini. Et les discussions autour de Breaking Bad vont me manquer." Raison de plus pour lui poser 3 questions à ce sujet, avant que ça ne lui manque.
Allociné : A quel moment avez-vous décidé d'arrêter "Breaking Bad" ?
Vince Gilligan : Il nous a été difficile de décider combien de temps durerait la série. Si vous m'aviez posé la question pendant la première saison, j'aurais répondu "2 ou 3 ans." Mais quand nous y sommes arrivés, je me suis rendu compte qu'il y avait encore des choses à raconter sur Walter White (Bryan Cranston), donc nous avons fait une quatrième saison. Et une fois celle-ci terminée, je me suis vraiment demandé jusqu'où nous pouvions encore aller.
C'est difficile de répondre à cette question et je prends souvent l'exemple d'une forêt : quand vous êtes au milieu, il est très compliqué de savoir où vous en êtes vraiment et ce qu'il vous reste à parcourir. C'est la même chose avec les proportions du récit, très dures à évaluer quand on est dedans. Nous nous sommes donc réunis, mes scénaristes et moi-même, et nous avions tous des avis différents : certains pensaient que nous devions continuer aussi longtemps que possible, d'autres que nous pouvions encore faire 8 ou 9 épisodes, et nous avons fini par fixer entre 14 et 16 épisodes pour boucler l'histoire. Avec le recul, je trouve que c'est le nombre parfait.
Qu'avez-vous ressenti en regardant le tout dernier épisode de la série ?
Je suis passé par beaucoup d'états. Quand nous avons établi, mes scénaristes et moi, le canevas du dernier épisode et décidé quelle serait la dernière scène, avant que je ne m'attèle à l'écriture, c'était un moment doux-amer, car c'était aussi bien joyeux que triste. Mais il y avait du champagne et nous avons porté toast sur toast. Puis je me suis attaqué à l'écriture. Et en arrivant à la toute fin, juste avant d'écrire "The end" sur la page, j'ai versé une larme. J'ai horreur de l'admettre, mais j'ai pleuré car j'ai réalisé que ce serait la dernière fois que je marquerais ces mots sur le script d'un épisode de Breaking Bad. La dernière fois que j'en écrirais un même. C'est quelque chose d'énorme.
Ensuite, comme j'ai moi-même dirigé l'épisode, il y a eu le tout dernier plan de la toute dernière scène, qui m'a rendu très triste. C'était vraiment doux-amer car nous voulons tous que les grands moments de notre vie se terminent de la meilleure façon possible sur le plan dramatique, et c'est encore plus compliqué avec une série télé. Et c'est aussi très dur de devoir dire au revoir à tous ceux qui ont travaillé avec vous dessus. Mais il a bien fallu.
Et que vont penser les fans de cette fin selon vous ?
Sans trop vous révéler quoi que ce soit, je peux néanmoins vous dire qu'il était très important pour nous de terminer ce dernier épisode de Breaking Bad de la façon la plus satisfaisante possible. Nous avons vraiment cherché à faire plaisir aux spectateurs et nous voulions qu'après avoir fini de regarder l'épisode, ils s'asseyent et laissent passer un moment avant de dire : "Wow ! Ça ne pouvait pas se terminer autrement." J'espère que nous y sommes parvenus, mais ça m'a plu en tant que spectateur, et pareil pour mes scénaristes. Ça ne veut pas dire que la fin sera joyeuse ou triste, mais qu'elle sera raccord avec le reste de la série.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Deauville le 7 septembre 2013
Découvrez ce que Vince Gilligan devait faire au moment de la diffusion
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