J-1 avant le final de "Dexter" : il était temps d'arrêter le massacre, non ?

Après huit ans de sanglants et loyaux services, Dexter va rendre les armes ce dimanche sur Showtime et dans quelques semaines sur Canal +. Avec quatre ans de retard ? Retour sur la lente descente aux enfers d'une série-killer qui fut adorée à ses débuts, puis moquée voire détestée ensuite...

© Showtime Networks Inc.

Dexter est le parfait exemple de la série qui a trop duré. 5 saisons auraient sans doute été largement suffisantes pour raconter l'histoire du serial killer en évitant les redites, les intrigues bouche-trous et les mauvaises idées, ce dont elle a regorgé ces dernières années. Au lieu de ça, on a eu ça :

Saison 1 : Le choc

Au début, Dexter, c'était bien. Vous vous souvenez de la polémique engendrée par le show à son lancement ? Sur le fait qu'il soit centré sur un tueur en série pour qui le public ne pouvait qu'avoir de l'empathie ? C'était novateur ! C'était dérangeant, troublant. Bien fichu par-dessus le marché. La critique applaudissait, les téléspectateurs suivaient. Et puis le coup du frère caché de Dexter, on l'avait pas du tout vu venir !

Saison 2 : L'addiction

A mesure que Dexter se lâchait, découvrait la sexualité en compagnie de la flamboyante Lila et entassait les corps morts dans les eaux ensanglantées de la baie de Miami, le public se passionnait de plus en plus pour ses tueries. Les audiences s'envolaient. Showtime festoyait. La belle époque en somme.

Saison 3 : La déception

On se réjouissait de retrouver un acteur de la trempe de Jimmy Smits face à Michael C. Hall toute une saison durant. On a été bien déçu. Le personnage qu'il incarnait, Miguel Prado, n'a vraiment pas fait honneur à son talent. Les épisodes avançaient et les scénaristes donnaient l'impression de ne pas savoir où ils allaient. En roue libre, ils se sont pris le mur dans la dernière ligne droite. Première déception. Mais le public n'a pas fui. On y croyait encore. Juste une petite sortie de route ?

Saison 4 : L'apogée

Dexter marié, papa et banlieusard ! Voilà qui avait le mérite de changer les petites habitudes et renouveler la série. En plus, les auteurs nous avaient dégoté sans doute le meilleur adversaire du héros depuis le début : le tueur de la trinité, incarné par l'excellent John Lithgow.

Les rebondissements s'enchaînaient, la tension était maximale et le cliffhanger du dernier épisode était... incroyable ! Tout le monde en a parlé. Dexter a renoué avec son audace originelle. L'avenir s'annonçait incertain mais plein de possibles...

Saison 5 : La rechute

Faire suite à l'excellente saison 4 n'était pas tâche aisée. Plutôt que de faire évoluer la série en l'amenant ailleurs, en adoptant de nouveaux codes et en changeant tout simplement la formule qui avait fait son temps, la production, en partie renouvelée pourtant, a préféré jouer la sécurité. Résultat : Dexter a montré ses premiers vrais signes de faiblesse.

Et si tout avait été dit ? Les monologues du héros n'avaient plus la même saveur, la nouvelle élue de son coeur, Lumen (Julia Stiles), ne parvenait pas à faire battre nos coeurs comme ses précédentes conquêtes, et puis le grand méchant de la saison, joué par Jonny Lee Miller, était plus caricatutal et ridicule qu'autre chose ! Aïe.

Saison 6 : La détestation

Le show étant toujours un beau succès d'audience pour Showtime, il n'y avait aucune raison d'arrêter là. Aucune raison autre qu'artistique du moins ! Pour cette nouvelle salve d'épisodes, Dexter questionnait sa foi en long, en large et en travers, pendant que nous, nous perdions la nôtre en la série. L'excitation n'était plus là et l'ennui s'installait inexorablement.

Certains fans de la première heure, via les réseaux sociaux et les blogs, devenaient plus violents dans leur propos. Dexter ne provoquait majoritairement plus que désamour et haine. On en venait à espérer que la 7ème saison soit la dernière. Puis il y a eu un cliffhanger qui ne pouvait que changer la série à tout jamais, sans retour en arrière possible. Les scénaristes ont osé. Trop tard ?

Saison 7 : La résignation

C'est sans grande conviction que la plupart des téléspectateurs -restants- se lançaient dans une saison 7 que le patron de la chaîne se refusait à annoncer comme l'ultime. Pourtant, l'étau se resserrait sur le tueur en série, et il n'avait plus un seul ennemi mais plusieurs, à commencer par sa propre soeur, Debra, lui volant presque la vedette !

Mais en choisissant de mettre en lumière les sentiments troubles et incestueux de la jeune femme, les auteurs ont provoqué la colère des téléspectateurs, peu enclins à accepter un tel virage ! Un choix osé, mais pas récompensé, finalement tué dans l'oeuf. Pour le meilleur ? Le public ne regardait alors plus la série que par automatisme...

Saison 8 : L'indifférence

Huit ans plus tard, le paysage audiovisuel a changé. Dexter était l'une des premières séries, avec notamment Les Soprano, à s'inscrire dans cette tendance de l'avénement de l'anti-héros. Depuis, bien d'autres sont passées par là et ont ringardisé le petit expert en médecine légale, à commencer par le brillant et flippant professeur de chimie Walter White de Breaking Bad ! Les élèves ont dépassé le maître.

Pour ce qui est d'emblée annoncé comme l'ultime saison, les producteurs engagent Charlotte Rampling et tentent, avec son rôle de psychiatre spécialisée en serial killers, de boucler la boucle en revenant aux origines du mal. Sauf que le mal est fait depuis longtemps. La sauce (au sang) ne prend pas.

Le public est toujours là mais il regarde les épisodes qui se suivent et se ressemblent en repassant, en faisant le ménage... et ceux qui restent patiemment sur leur canapé/dans leur lit piquent irrémédiablement du nez toutes les dix minutes. Plus rien ne peut sauver Dexter, pas même une belle fin. Toutes les erreurs commises, accumulées, ne peuvent être oubliées.

Un spin-off ? Merci mais non merci !

On comprend parfaitement l'envie et le besoin de Showtime de profiter encore un peu de la cash machine que représente Dexter pour elle -le show sera resté jusqu'au dernier jour sa création originale la plus populaire- mais si les audiences sont restées bonnes tout du long, c'est avant tout parce qu'on avait envie de connaître le fin mot de l'histoire, et peut-être aussi parce qu'on est un peu maso, voire même parce qu'on prenait un certain plaisir à se moquer d'elle.

Toujours est-il que quelle que soit l'idée de spin-off retenue, il y a de fortes chances pour que l'on ne soit pas au rendez-vous une fois l'effet de curiosité pour pilote passé. Tomber à nouveau dans cet engrenage ? Plus jamais !

Nous vous avions d'ailleurs demandé votre avis via un sondage. Vous étiez 28% à opter, s'il le fallait, pour un prequel centré sur Harry; 26% a préféré une suite aux aventures de Debra en solo; 13% à faire confiance à Hannah McKay; et 9% à vouloir vous marrer en compagnie de Masuka ! Le fait est que tout au long de son existence, les scénaristes n'ont jamais vraiment réussi à faire exister les personnages secondaires et encore moins à les rendre attachants. Le meilleur exemple étant Quinn, qu'absolument personne n'apprécie mais qui est resté jusqu'au bout...

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Découvrez ci-dessous la bande-annonce de l'ultime épisode de Dexter intitulé "Remember The Monsters" :