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    Fabrice Gobert, créateur des "Revenants" : "Tous les acteurs sont partants pour la saison 2"

    Au micro d'AlloCiné, Fabrice Gobert, créateur de la série à succès "Les Revenants", revient sur la fin de la saison 1, et livre quelques éléments sur la saison 2, actuellement en écriture.

    AlloCiné a rencontré ce week-end à Deauville Fabrice Gobert, créateur, scénariste de réalisateur de la série Les Revenants, venu au Festival du cinéma américain pour participer à une table ronde sur l'écriture de séries. L'occasion d'évoquer avec lui la fin de la saison 1, le succès de la série à l'étranger, et bien sûr d'en savoir un peu plus sur la saison 2, actuellement au stade de l'écriture.

    De la difficulté de terminer une saison...

    Fabrice Gobert (Scénariste, Réalisateur) :  En cours d'écriture, on s'est rendu compte qu'on avait énormément de matière, et que les huit épisodes ne suffiraient pas à fermer toutes les portes qu'on avait ouvertes. C'est une chose de donner des solutions aux mystères, et c'en est une autre de les raconter ! On ne peut pas se permettre d'avoir quelqu'un sur une chaise, qui explique ce qui s'est passé. C'est difficile de doser la frustration des spectateurs ! Là, elle est sans doute un peu excessive, mais il y avait une volonté de ne pas donner toutes les clés qui permettraient de comprendre ce qui était en train de se jouer. On a préféré respecter cette sorte de mouvement organique par lequel les histoires se développaient, en espérant que la série aurait assez de succès pour qu'on puisse continuer à raconter l'histoire. On se l'est dit assez tôt avec Canal +. Avec cette fin, il y avait l'idée de finir un mouvement, et de saupoudrer tous les éléments qui, grâce aux éclairages nouveaux de la saison 2, permettront de montrer que tout ça avait un sens, une cohérence. Je me suis appliqué à faire en sorte que chaque chose plantée là trouve un écho, qu'on ne laisse pas des éléments de côté. C'est assez réjouissant de s'apercevoir que ça marche, que les choses trouvent un sens !

    Deux nouvelles scénaristes pour la saison 2

    Cela fait huit mois qu'on s'est mis à l'écriture de la saison 2, on devrait finir d'ici janvier, et on tournera dans la foulée. L'équipe de scénaristes s'est enrichie de deux personnes, Audrey Fouché et Coline Abert. Il se trouve que toutes les deux ont travaillé sur des séries anglaises ou américaines [Audrey Fouché a notamment collaboré à l'écriture des Borgia]. Elles apportent leurs connaissances au niveau de la rigueur, de la méthode, de la mécanique, et elles ont beaucoup d'idées. Je travaille toujours avec Fabien Adda, et j'ai un peu collaboré aussi avec Emmanuel Carrère comme en première saison. Nous sommes un peu plus nombreux, mais l'écriture de cette série, qui est assez compliquée, nécessite un temps incompressible.

    On prend les mêmes...

    L'idée avec cette saison 2, c'est de prolonger la saison 1 en continuant avec les mêmes personnages. Ils sont nombreux, on n'a pas fini de raconter leur histoire. Il y aura des nouveaux personnages, mais même ceux-là existaient déjà parfois sous une forme ou une autre en saison 1. On ne voulait pas faire apparaître quelqu'un qui arriverait comme ça. Tous les comédiens sont partants pour reprendre leur rôle. Je rends hommage à Frédéric Goupil, le premier assistant, qui va se coller les plannings ! Mais c'était déjà compliqué en première saison. On a beaucoup d'acteurs, à qui on ne peut pas demander de ne pas travailler pendant cinq ou six mois. Mais je n'arrive pas à me dire : "Ce personnage, on va le faire mourir car de toute façon on n'aura pas l'acteur !" Et pour l'instant, je n'ai pas à me le dire.

    Ne pas aller trop loin dans le fantastique

    Sur la saison 1, il y avait cette idée de personnages ancrés dans la réalité et confrontés à un phénomène fantastique : que sont-ils prêts à accepter pour vivre de nouveau avec leurs morts  ? Et est-ce que tout le monde peut reprendre une vie normale ? A la fin des 8 premiers épisodes, la réponse est non. Ce mouvement, qui consistait à aller de plus en plus loin dans le fantastique et dans le genre, me semblait très intéressant et logique. Le mouvement de la deuxième saison sera presque inverse : on retrouve ces gens au moment où ils ont vécu tout ça, donc on voit comment ils tentent de recréer une certaine normalité. Comment se réadapter ? Comment gérer ce désir de normalité ? Je trouve fascinante cette capacité d'adaptation des êtres humains face aux situations les plus extraordinaires. Et ça nous permet de jouer encore avec le réalisme et le fantastique (ce qui est selon moi la force de la série), sans aller trop loin dans le fantastique, car là ça ne m'ntéresserait plus, on perdrait le sel de la série.

    Un projet de remake américain ? "Ca avance..."

    Je suis allé en Angleterre, j'ai été évidemment surpris et content qu'ils aiment notre travail, qu'ils voient qu'on peut faire des choses intéressantes en France, qu'ils aient cette curiosité. C'est très encourageant pour tous ceux qui veulent travailler sur des séries. Faire une série, ça coûte assez cher. Et si on se dit que le marché peut-être un peu plus large que le marché francophone, ça ouvre d'autres perspectives économiques et artistiques. Ca donne envie d'être ambitieux. On voit avec les séries scandinaves, ou avec d'autres séries françaises, qu'on peut être très universel et très intimiste. Il y a quelque chose de très français dans Les Revenants: les gendarmes, les HLM, j'y tenais beaucoup ! Peut-être qu'aux Etats-Unis aussi ils vont voir "Les Revenants". En effet, il est question d'un remake, c'est intéressant mais ce sont des choses qui mettent du temps à se mettre en place. Je sais que ça avance, mais je suis tout ça d'assez loin.

    Propos recueillis à Deauville le 7 septembre 2013 par Julien Dokhan

    Les Revenants

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