20 ans d'écart de David Moreau, avec Virginie Efira, Pierre Niney, Gilles Cohen, Charles Berling... Sortie le 6 mars 2013
Synopsis : Alice Lantins a 38 ans. Elle est belle, ambitieuse et fait preuve d’une impeccable conscience professionnelle au point d’en oublier sa vie privée. Bref, elle a tout pour devenir la prochaine rédactrice en chef du magazine « Rebelle », tout sauf son image de femme coincée. Mais lorsque le jeune et charmant Balthazar, à peine 20 ans, va croiser le chemin d’Alice, le regard de ses collègues va inexplicablement changer. Réalisant qu'elle détient la clef de sa promotion, Alice va feindre la comédie d’une improbable idylle.
AlloCiné : Quel a été le point de départ du film?
David Moreau : On cherchait un sujet avec mon producteur. J’avais dû voir une émission sur France 2. Vous savez celle qu’on regarde quand on est au chômage, à 14h, sur des histoires très intimes, où les gens viennent raconter des trucs très bizarres ! Il y avait une histoire un peu comme ça, et la façon dont ils en parlaient m’a fait beaucoup rire.
Je me suis dit que ça n’avait jamais été traité en France, la différence d’âge entre une femme plus âgée et un jeune homme. On a commencé à écrire, et après est venue l’idée de la mise en scène. Mais je ne sais pas, ça a dû me faire rire sur le moment. Et entre un rire à un instant T, ça a découlé sur deux ans de travail.
On sent que le scénario a été très travaillé pour donner beaucoup de rythme...
David Moreau : Amro Hamzawi est très dur sur la structure. On a essayé de faire un film assez classique avec trois actes et une structure narrative sérieuse. Je pense que pour pouvoir s’en libérer, il faut être sérieux dans l’écriture. Ça a été très long.
Je me suis replongé dans des vieux bouquins que je lisais quand j’étais étudiant en cinéma, sur la structure scénaristique. Comment donner du rythme ? Ça a été comme si je retournais à l’école. On a beaucoup beaucoup travaillé sur le scénario, c’était très laborieux.
Je crois que Billy Wilder disait un truc assez génial. Quand un journaliste lui avait demandé comment considérez-vous l’écriture, il avait dit « souvent les gens pensent qu’il y a une petite fée qui vient derrière votre oreille, qui s’appelle l’inspiration, mais non, l’écriture, c’est « blood, sweat and tears », du sang, de la sueur et des larmes ! » C’est vraiment ça ; c’est très ingrat. Mais c’est génial !
© EuropaCorp Distribution
Parlons du casting. Vous avez choisi Virginie Efira qui est plus jeune que son rôle ! Pourquoi ce choix ?
David Moreau : J’avais déjà essayé de faire le film avec des actrices un peu plus âgées, mais ça ne l’avait pas fait. Et puis on m’a parlé de Virginie Efira. Elle avait beaucoup aimé le scénario. On s’est rencontré et j’étais surpris qu’elle n’était pas contre se vieillir, alors qu’en général, c’est le contraire ! J’ai trouvé ça super. Et la façon dont on s’est rencontré, nos envies de cinéma communes a fait que c’était une rencontre assez évidente et on a eu assez vite envie de travailler ensemble.
Et pour Pierre Niney, c’était différent. J’ai vraiment fait un gros casting, j’en ai vu 150. J’ai vu des mecs super… Mais je ne trouvais pas mon "Ferris Bueller" ! Et j’ai rencontré Pierre et ça a été en 2 minutes 50 lui ! Et après je les ai fait rencontrer avec Virginie.
On vous a connu en tant que réalisateur de films de genre avec Xavier Palud ("Ils", "The Eye"). Vous passez à présent à la comédie. Etait-ce très différent pour vous de changer ainsi de genre?
David Moreau : Non, pas tellement, en fait ! Oui, le genre est différent, mais dans la façon de faire, de raconter une histoire, c’est assez similaire. En tout cas, je ne me suis pas du tout dit, parce que c’est une comédie, qu’il fallait que je la filme différemment. Non, j’ai essayé au maximum de faire du cinéma.
La caméra a un peu moins de pouvoir en comédie que dans le film de genre où on peut tout évoquer. Le sous texte dans une comédie est beaucoup plus compliqué à faire comprendre que dans un film de genre. Le film de genre, c’est peut être un peu plus sensuel qu’une comédie, et encore…
Je ne pense pas qu’une comédie mérite moins d’être du cinéma qu’un drame ou je ne sais quel autre genre de film. C’est assez marrant de voir à quel point ce n’est pas si différent que ça. Et j’ai un peu l’oreille pour la comédie car je suis né dans une famille de comédiens de comédie.
© EuropaCorp Distribution
Je crois savoir que votre film a été parmi les premiers à être tourné à la Cité du cinéma...
David Moreau : Le premier même ! Oui, ça a vraiment été tourné à la Cité du cinéma, mais on n’a pas eu la chance de tourner dans les studios. On a tourné dans les bureaux parce qu’on avait besoin d’une base de décor de bureaux, donc on a tout construit dans les grands open space complètement vides, et la scène du défilé de mode se passe dans la grande nef, qui est gigantesque.
20 ans d'écart
Propos recueillis par Brigitte Baronnet, le 20 janvier 2013, au Festival de l'Alpe d'Huez