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    Festival de Gérardmer 2013 : jour 5 !

    Suite et fin de ce vingtième Festival de Gérardmer ! Retour sur le dernier film en compétition, et nos interviews de Marc Caro, et Andres et Barbara Muschietti, grands vainqueurs de cette édition avec "Mamà".

    Gérardmer 2013, c'est fini ! On revient donc une dernière fois sur cette vingtième édition le temps d'un gros plan sur la cinquième et ultime journée, où le candidat de la compétition s'appelait… The End.

    Le film du jour

    The End de Jorge Torregrossa avec Maribel Verdú, Daniel Grao...

    Compétition

    Le pitch

    Un groupe d’amis de longue date se retrouve le temps d’un week-end dans un chalet en montagne. Des années se sont écoulées depuis leurs dernières retrouvailles, et pourtant, rien ne semble avoir changé entre eux. Un sombre épisode du passé se cache néanmoins derrière les rires et les anecdotes. Témoins d’un étrange incident, ils se retrouvent soudainement abandonnés à leur sort, sans moyen de communication vers le monde extérieur. Parti chercher de l’aide, le groupe devient de plus en plus restreint, tandis qu’autour de lui, toute vie humaine semble avoir disparu.

    À retenir

    Le dernier candidat de la compétition avait donc un nom prédestiné à se retrouver dans cette position. Mais il faut croire que ça n'a pas nui au représentant espagnol, qui est reparti auréolé d'un Prix du Jury plutôt mérité. Lors de son discours sur scène, pour justifier la récompense, Christophe Lambert a en effet comparé la qualité du résultat au peu de moyens mis à la disposition de Jorge Torregrossa, ce qui se ressent un peu à l'écran. Pas parce que l'ensemble paraît fauché, mais parce que le metteur en scène joue la carte de la suggestion et du hors-champ pour parvenir à ses fins, et vise avant tout la simplicité. Un peu trop parfois, si bien que The End ne décolle jamais vraiment à partir de l'incident évoqué dans le synopsis. Ce n'est pas pour autant que le rythme est faible car, une fois la mise en place passée, on se laisse vite entraîner dans le récit. Mais, sans aller jusqu'à titiller les dernières claques du cinéma ibérique, The End pourrait révéler son réalisateur au grand public, et lui ouvrir quelques portes.

    La bande-annonce

    À noter que le festival s'est terminé avec les projections de Doomsday Book et Mamá, re-projeté suite à sa victoire au palmarès (voir notre article)

    C'est dit

    Gérardmer, le cinéma de genre ou Mamá, en compagnie de Marc Caro, membre du jury, et des deux grands vainqueurs de cette édition, Andres Muschietti et sa soeur Barbara : c'est le programme de cette dernière salve de phrases recueillies en interview, avec deux bonus.

    "Les débats ont été assez houleux, et comme vous pouvez le voir il y a eu quelques coups." (Fouad Benhammou, en référence au maquillage arboré par les membres du jury courts métrages)

    "Y a une sorte d'intimité avec les autres membres du jury qui est vraiment sympa. Peut-être parce qu'on est tous dans le même hôtel qui ressemble à l'Overlook Hotel [de Shining, ndlr], sans le petit garçon qui roule dans les couloirs. Mais je n'ai pas eu la chambre 237, j'en suis un peu déçu." (Marc Caro)

    "Ce qu'on aime le plus dans un festival, c'est voir des films. Mais nous ne savions pas que nous aurions autant d'interviews, et il y a plein de choses que je meurs d'envie de voir. Sauf que nous n'avons malheureusement pas le temps pour ça aujourd'hui." (Barbara Muschietti)

    "Parmi les neuf longs métrages que nous avons vus, certains n'appartenaient pas au genre fantastique. Donc pour que le festival perdure, je demande à ce que la sélection soit plus drastique." (Christophe Lambert, pendant la cérémonie de clôture)

    Ouah, genre (épisode 2) !

    "Le cinéma de genre, même s'il est un peu ghettoïsé en France, est l'un des seuls qui a réussi à s'exporter à l'extérieur des frontières. C'est pas forcément les grosses foules qui se déplaçent, mais ça commence à exister." (Marc Caro)

    "Pendant 15 ans, j'étais plongé dans le monde de la publicité, et j'ai un peu perdu de vue les festivals qui avaient lieu. Mais quand j'étais gamin et ado, je lisais "Mad Movies", "L'Écran fantastique" et "Impact", et j'étais impressionné de voir ces magazines pour les fans de cinéma fantastique. Mon français a toujours été mauvais, donc je ne lisais pas tout, mais je suivais ça de près." (Andres Muschietti)

    "C'est sain pour un cinéma d'avoir une diversité, et je trouve qu'on est un peu en train de prendre une tendance qui a été dramatique pour le cinéma italien pendant les années 70 : il y avait quand même une richesse de films de genre en Italie, aussi bien dans la comédie et les westerns spaghetti que les giallo ou les films policiers, et en l'espace de très très peu d'années, ça a été remplacé par un cinéma qui était fait par la télévision, et le cinéma italien est maintenant réduit à très très peu de films par an. J'ai l'impression qu'on part un peu dans cette dérive et je trouve ça un peu triste." (Marc Caro, au centre sur la photo ci-dessus)

    "Le genre ne peut se suffire à lui-même, car il doit toujours avoir un impact émotionnel. Je me retrouve assez facilement dans le fantastique car j'ai un esprit assez évasif. J'aime aussi les mondes fantastiques. C'est comme ça depuis l'enfance et ça m'a toujours suivi. Je ne saurais pas dire pourquoi mais j'adore le genre et je pense avoir beaucoup à lui donner. Mais il faut que ce soit lié à une histoire porteuse d'un vrai contexte et d'un impact émotionnel." (Andres Muschietti)

    "Je ne me retrouve pas tellement dans les captations du réel, même si je trouve qu'on est parfois plus proches du réel en faisant des contes, comme ce que j'ai fait, qu'à travers des drames réalistes. Il y a aussi un aspect onirique très important. Dans certaines traditions on y est même très attentifs, mais nous on a un peu perdu ce truc." (Marc Caro)

    Yo "Mamà" !

    "Je me suis sentie comme chez moi pendant la présentation de Mamá. C'était tellement bien. Je ne sais pas si c'est parce que c'est notre premier film, mais tout le monde est très gentil avec nous (rires) Donc nous n'avons aucune raison de nous plaindre." (Barbara Muschietti, à gauche sur la photo ci-dessus)

    "J'ai dû voir mon film [Mamá, ndlr] 200 fois, donc j'en deviens presque malade à chaque fois que je suis devant (rires) Mais c'est intéressant car, après avoir été si proche de lui, il ne m'affecte plus et, au bout de 200 ans fois, je n'en vois que les défauts. Donc pour me protéger, je regarde la première demi-heure pour voir comment les gens réagissent, et je m'en vais. Élégamment." (Andres Muschietti, à droite sur la photo)

    "Guillermo del Toro a vu le court métrage Mamà [dont le film est tiré, ndlr], et il a été impressionné et effrayé. Ce qui est une bonne chose car c'est le but du film." (Andres Muschietti)

    "La semaine où Andy m'a parlé de son idée de court métrage, je suis allée à Los Angeles voir mon ami Louis Leterrier. Il préparait L'Incroyable Hulk, son premier gros film, et ça m'a rendu envieuse, mais de façon positive. Et de retour à Barcelone, trois jours plus tard, j'ai dit à Andy que nous devions tourner le court immédiatement." (Barbara Muschietti)

    "Le court métrage était le toit à partir duquel nous avons écrit l'histoire du long. Sauf qu'une fois le premier traitement du scénario terminé… le toit n'était plus là (rires) Vu la tournure de l'histoire, nous n'avions plus de scène où Mamà poursuit les fillettes. Et quand nous avons présenté ça à Guillermo del Toro [le producteur, ndlr], il nous a dit : "Où est le court métrage ?" Je lui ai répondu que nous n'en avions pas besoin, et lui m'a dit que si, et que le studio voudrait le voir dans le film." (Andres Muschietti)

    "Il y a peut-être un peu de nous dans l'histoire, à travers le fait que la plus grande protège la plus petite, comme ma soeur le fait avec moi. Mais c'est vraiment accidentel, et le fait que nous ayons écrit un scénario tournant autour de deux soeurs n'est pas lié à nous deux." (Andres Muschietti)

    Gérardmer et moi

    Pour Andres et Barbara Muschietti, ce Gérardmer était le premier. Pour Marc Caro, en revanche, c'est une autre histoire.

    Marc Caro

    "J'étais déjà venu en tant que juré en 1996 et j'étais très content d'avoir donné le prix au Jour de la bête, même si je n'étais pas tout seul. Sinon c'est plus l'ambiance qui est vraiment sympa, et c'est pour ça que, quand on m'a demandé de revenir ici, j'ai dit oui sans problème. Et puis j'étais quand même là un peu tous les gens, grâce au petit jingle du festival avant chaque film, que j'avais fait."

    C'est quoi tes films préférés de Gérardmer ?

    Suite et fin de notre questionnaire sur les films primés à Gérardmer que les personnalités ont préféré !

    Marc Caro

    "Dark Water, Morse et Norway of Life, je trouve ça formidable. Bienvenue à Gattaca aussi, c'est un super film. Dans Dark Water et Morse, il y a plus de place laissée au spectateur. C'est moins descriptif et plus dans la suggestion, moi je préfère ce genre de choses."

    Andres Muschietti

    "Créatures célestes est un film incroyable. Je l'ai regardé un tas de fois, et il m'impressionne toujours. Je l'ai d'ailleurs revu avant de faire Mamá, car je voulais voir ce que Peter Jackson faisait avec une caméra. Le Jour de la bête m'a retourné l'esprit. Je l'ai vu au moment de sa sortie et j'ai trouvé qu'il y avait quelque chose de nouveau. Cube aussi est un film incroyable, je l'adore. Et puis Vincenzo Natali a soutenu Mamá. Hypnose est un super film de fantômes, Dark Water aussi (bande-annonce ci-dessous), et j'ai d'ailleurs croisé Hideo Nakata tout à l'heure. Sinon j'aime beaucoup Kim Jee-woon, et j'ai revu 2 soeurs avant de faire Mamá, tout comme Morse, qui est un film magnifique. Ce serait d'ailleurs mon préféré de cette liste."

    Gérardmer 2013, ce coup-ci c'est bien fini ! Et rendez-vous l'année prochaine pour la vingt-et-unième édition !

    Maximilien Pierrette

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