Mon compte
    "Trois Mondes" : rencontre avec l'équipe du film !

    Rencontre avec Catherine Corsini, Raphael Personnaz, Clotilde Hesme et Arta Dobroshi autour de "Trois Mondes", dans les salles mercredi. L'histoire de trois destins qui basculent à la suite d'un même incident. Le film était en compétition dans la section Un Certain Regard à Cannes cette année.

    AlloCiné : Qu'est ce qui a été l'élément déclencheur du film ?

    Catherine Corsini : J’ai une amie qui m’a raconté un jour qu'elle a vu quelqu’un se faire fait faucher par une voiture, sur une grande artère de Paris, qu’il a fait un soleil, et que le type est parti. C’est tellement impressionnant de lâcheté que ça me sidère. Et comme moi-même, quand j’avais 12-13 ans, j’ai été renversée par une voiture et qu’elle est partie, je me suis toujours demandée, "dans cette voiture, qui s’en va? Qui sont ces gens? Est-ce qu’ils se demandent s’ils ont tué quelqu’un? Si la personne en a réchappé, comment elle va?" On est dans une société où on ne prend le temps de rien : on n’a pas le temps de demander pardon, on a toujours quelque chose de plus important à faire... Je trouve que c’est une question assez vitale et très importante.

    J’avais aussi l’envie de raconter un film à plusieurs personnages, avec plusieurs points de vue. Ca m’est venu du film précédent. Dans Partir, il y avait trois personnages importants, même si ça n’était vu que par le personnage central. Je voulais vraiment arriver à ce que ces personnages se définissent, les uns par rapport aux autres, et que l’action soit toujours relancée par le questionnement ou par l’action d’un personnage par rapport à un autre.

    En quoi le thème du film vous a parlé ? Raphael Personnaz en particulier, votre personnage est complexe...

    Raphaël Personnaz : C’est compliqué de juger le personnage de Al. Est-ce qu’il est vraiment lâche ? Des petits moments comme ça dans la vie, c’est une seconde où il faut prendre une décision. Lui, il prend la mauvaise en l’occurrence. Est-ce que ça en fait un lâche sur tout ? Moi je ne pouvais pas l’aborder en me disant ça. C’est un type comme nous tous qui peut avoir ce mauvais réflexe.

    J’avais lu des choses sur des gens à qui il arrive des accidents hyper violents. Par exemple, il y a un type qui une fois en conduisant sur l’autoroute, a écrasé quelqu'un qui était en train de changer le pneu de sa voiture sur la bande d’arrêt d’urgence. Il roulait à 130. Il avait du sang sur le capot. Il a eu une réaction du cerveau qui fait qu’on ne réalise pas ce qu’il s’est passé. Il a roulé 40 km avant de s’en rendre compte.

    Al a un réflexe très humain de protection. Quand on se sent en danger, on pense d’abord à protéger sa vie, sa famille… Mais après la culpabilité va faire que ce personnage va évoluer...

    Clotilde Hesme : Je me dis que je pourrais très bien me retrouver embringuée comme ça. Je veux faire bien, et finalement, je fais mal. Je pense qu’on peut tous s’identifier à chacun des personnages. A la lecture du scénario, je me suis identifiée à cette Juliette, qui à trop vouloir aider la veuve et l’orphelin, et surtout la veuve en l’occurrence, elle se retrouve prise dans un engrenage. Elle a du mal à en sortir, et en même temps, ça la remet d’aplomb, ça l’aide à avancer aussi. C’est très complexe. Ils ont tous des choses difficiles à faire. Elle n’a aucun stratagème, elle fait du mieux qu’elle peut.

    Arta Dobroshi : J’ai vraiment aimé le rôle, j’ai été touchée. Chaque scène est très intense. Je viens du Kosovo. Dans le film, je joue une femme qui vient de Moldavie, habitant à Paris. J’en ai rencontré, j’ai vu comment ils se sentaient, comment ils se sentaient rabaissés. J'ai essayé de jouer ce qu'ils pouvaient ressentir.

    © Pyramide Distribution

    Quels films vous ont inspiré ?

    Catherine Corsini : J’ai vu beaucoup de films américains, des films de Sidney Lumet que j’aime beaucoup. Il y a toujours cette tension, des relations affectives, des gens qui prennent les mauvais choix, etc. J’ai revu aussi des films de James Gray. Ainsi que des films de Melville pour voir comment on filmait Paris à une certaine époque. J’avais envie de faire un film urbain, noir, assez masculin, avec beaucoup de scènes de nuit. Et puis aussi Hitchcock car il y a du suspense, en particulier un suspense érotique, sensuel.  Je voulais réussir à développer ça dans le film.

    Dans un making of du film, vous expliquiez, Clotilde Hesme, que tourner avec Catherine Corsini, c'est "brut de décoffrage"...

    Clotilde Hesme : C’est quelqu'un qui ne s’embarrasse pas de la forme. Elle va à l’essentiel, ça se voit dans le film. C’est brut, tendu… Ce n’est pas quelqu'un qui va te dire quand ça va, mais plutôt quand ça ne va pas. C’est plutôt bien, en fait ; ça fait avancer les acteurs. Plus on a de choses tendues, graves à jouer, une fois que c’est coupé, on peut être léger et savoir rire...

    Raphael Personnaz : Ce n’est pas un défaut, c’est une qualité pour un metteur en scène. Ça demande une telle énergie un tournage, il faut motiver les gens, les amener dans sa vision. Cette atmosphère de tension se ressent beaucoup dans le film.

    Comme c’est un rôle assez mutique, assez sombre, elle cherche à vous provoquer pour déclencher un truc sourd, assez costaud quoi.

    La bande-annonce de "Trois Mondes" :

    Trois Mondes

    Portrait d'une jeune actrice avec Arta Dobroshi :

    Propos recueillis par Brigitte Baronnet, Festival de Cannes 2012

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top