Les gamins du village du Ruban blanc, l'entourage de La Pianiste, la famille séquestrée de Funny Games : tous subissent des humiliations. Voila sans doute le grand thème du cinéma de Michael Haneke. Le onzième long métrage du réalisateur autrichien est à cet égard une forme d'aboutissement : les deux personnages centraux de Amour doivent affronter l'humiliation suprême, la plus révoltante : celle qui est causée par le vieillissement et contre laquelle on ne peut rien. Rien, à part peut-être aimer. Mais est-ce suffisant ? Georges et Anne forment un couple d'octogénaires, cultivés, amoureux comme des adolescents, incroyablement beaux. Normal, ils sont interprétés par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, tellement impériaux qu'ils sont quasiment hors concours pour un Prix d'interprétation.
Lorsqu'Anne est victime d'un accident, qui la rend hémiplégique, et de plus en dépendante, son compagnon refuse de l'envoyer dans une maison spécialisée. Il tient à s'occuper d'elle, dans leur maison, tout juste aidé par la visite occasionnelle d'une infirmière. Ce dévouement admirable et déraisonnable, sa fille (Isabelle Huppert) ne le comprend pas. Face à cette tragédie en huis clos, le spectateur est forcément renvoyé à ses propres interrogations, à son expérience et à ses angoisses. Est-ce l'effet de la Palme d'or obtenue pour Le Ruban blanc ? Haneke, à qui on a parfois reproché un goût pour la provocation stérile et un côté donneur de leçon, opte pour une sobriété et une tendresse qu'on ne lui connaissait pas vraiment. Pour autant, difficile de ne pas être profondément remué par cette histoire d'Amour simple et cruelle.
JD
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Amour