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    "JC comme Jésus Christ" : 5 questions à Jonathan Zaccaï

    A l'occasion de la sortie en salles de son premier film "JC comme Jésus Christ", rencontre avec l'acteur et réalisateur Jonathan Zaccaï.

    On le connait acteur éclectique, on le découvre réalisateur énergique. Pour son premier long métrage, Jonathan Zaccaï a fait le choix d'une comédie originale sur le milieu du cinéma, aussi grinçante et décalée que réjouissante. Tourné à la manière d'un faux documentaire, JC Comme Jésus Christ suit les traces d'un jeune cinéaste de génie, lauréat d'une Palme d'Or à 15 ans et d'un César à 16. Porté par Vincent Lacoste, l'un des jeunes espoirs du cinéma français, le film est en salles depuis le 8 février.

    Un premier long métrage étonnant qui met en scène un héros pas comme les autres... Comment vous est venue l'idée d'un tel scénario ?

    Jonathan Zaccaï : JC était en fait le personnage secondaire d'un autre film que je n'arrivais pas à monter. C'est en rencontrant Vincent Lacoste que j'ai vraiment eu un flash sur lui et le personnage. Je suis rentré chez moi, j'ai écrit un scénario assez vite. Je l'ai ensuite contacté ainsi que son agent pour leur parler de mon désir de faire ce film. Je suis au final l'un des rares réalisateurs ayant fait un spin-off d'un film jamais fait !

    On sent une énergie mise au service de ce film indépendant, produit rapidement et en marge du système ...

    J. Z. : En fait, ça fait longtemps que je voulais réaliser, j'ai été assistant mise en scène, j'ai développé des films chez des producteurs, mais c'est vrai qu'à chaque fois, il y a eu des concours de circonstances. C'est compliqué de monter un film... Alors oui, celui-là j'ai été le chercher, je l'ai autoproduit, j'ai monté ma boite de production, on l'a tourné en deux semaines. J'avais les vacances de février pour le faire parce que Vincent passait son bac et jouait dans Astérix. Ça a été un peu un acte de démesure, de folie, d'énergie oui justement. Le choix du faux documentaire m'a en outre permis de pallier au manque d'argent tout en servant mon propos: suivre un personnage peu crédible et le rendre crédible d'une certaine manière.

    Comment décririez-vous ce personnage justement?

    J. Z. : C'est l'anti Van Gogh, en fait. Il y a des artistes maudits qui ne sont jamais connus de leur vivant et qui sont des génies. Et puis aujourd'hui, on est dans une époque où je crois, enfin je le crains, parce que l'argent l'a emporté, le génie est plutôt quelqu'un créé de toutes pièces par de gros groupes financiers. De ce fait, c'est plutôt bien si parfois ce génie est juste un mec un peu innocent qui n'a rien demandé et qui a été comme désigné. JC a le look du génie mais en fait, c'est juste un mec qui mange des céréales, un adolescent comme les autres. J'aimais cette ambiguité : est-ce une arnaque ou un génie ? Je pense avoir la réponse personnellement mais j'aimais l'idée de jouer avec ça...

    A la fois en marge du système et à propos du système, ce film dans lequel vous jouez, s'offre le luxe de caméos réjouissants, Gilles Lellouche et Kad Merad notamment...

    J. Z. : Je joue dans mon film parce que c'était plus simple en terme de mise en scène, pour faire du in, du off, entrer par exemple dans le champ et poser une question. Vous savez, on dit qu'en général les réalisateurs font des films en s'offrant le rôle de leur vie. Vu le journaliste un peu lourd que je joue, c'est un fait qu'on ne pourra pas me reprocher je crois ... En ce qui concerne les autres acteurs qui jouent leur propre rôle, il est vrai que comme je suis moi-même acteur, ça a été un peu plus simple pour moi de les avoir. Aussi, j'ai dit à Elsa Zylberstein et à Aure Atika que j'avais écrit leur rôle respectif en pensant à elles et qu'il fallait absolument qu'elles me disent oui sans le lire. Ce qu'elles ont fait ! Gilles Lellouche a tout de suite été amusé par l'idée de son personnage, qu'il joue à merveille d'ailleurs. De même pour Kad Merad. Ils ont tous eu l'humour de jouer avec leur image. C'est tout à leur honneur !

    Votre comédie est parfois grinçante à propos d'un monde que vous connaissez bien, le cinéma...

    J. Z. : C'est un humour qui peut être un peu grinçant oui parfois, un peu ambigu. J'ai pris un génie du cinéma, parce que cela me permettait de jouer un peu avec les codes d'un milieu qui m'est en effet familier. Par exemple, lorsque JC fait passer un casting à une pauvre jeune fille et qu'il est un peu méprisant, lui ne se rend pas compte du pouvoir qu'il a. Je voulais à ce moment-là parler de ces petits abus de pouvoir qui existent partout, au cinéma comme ailleurs. Autre exemple : le moment où, au nom d'une association, il se filme avec sa copine en train de faire l'amour, m'a permis d'évoquer ces gens de la télé-réalité qui se mettent en scène au nom d'une association. C'est très bien de faire des choses pour, attention, mais il y a aussi la manière de faire... C'était important pour moi d'en parler.

    Important aussi de dire que derrière un film un peu "débile", peut se cacher un message indirect. C'est très bien de faire un film parlant du racisme ou de la guerre, mais il est aussi possible de raconter des choses plus petites mais importantes, plus discrètes, en évitant le premier degré ou la complaisance. En sortant d'une comédie, les gens se demandent juste s'ils ont ri ou pas. J'ai voulu mettre quelque chose derrière cet humour-là.

    Bande-annonce de JC Comme Jésus Christ

    Propos recueillis par Laetitia Ratane, le 27 Janvier 2012 à Paris.

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