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De quoi ça parle ?
Hannah et Violetta forment un couple hors du commun : Mère insaisissable et fillette en quête d'amour maternel, artiste fantasque et modèle malgré elle. Lorsqu’Hannah demande à sa fille si elle veut être son modèle, tout bascule dans la vie de Violetta qui vivait jusque là avec sa tendre grand mère. D’une enfance banale elle devient égérie du milieu branché parisien ...
La réalisatrice
Actrice avant tout, Eva Ionesco réalise avec My Little Princess, son premier long métrage, un long métrage autobiographique de surcroit. Car ce que le film raconte, Eva l'a vécue. Dès l'âge de 5 ans,Eva Ionesco est le modèle préféré de sa mère, Irina Ionesco, une photographe à la réputation sulfureuse, qui n'hésite pas à dévêtir sa fille pour ses clichés érotiques. Comédienne vue chez Doillon, Corsini ou Herve Le Roux, Eva Ionesco a débuté, gamine, en 1976, dans Le Locataire de Roman Polanski et... Spermula de Charles Matton. Cette enfance-modèle peu banale, Eva Ionesco la raconte aujourd'hui dans ce premier long métrage, d'abord intitulé "I'm not a fucking princess" et présenté dans le cadre de la Semaine de la Critique, la plus ancienne section parallèle du Festival de Cannes, consacrée aux premiers et deuxièmes longs métrages.
Que retenir ?
Le moins que l'on puisse dire, c'est que My Little Princess partage, mais ne laisse pas indifférent... A l'issu de la projection les festivaliers semblaient choqués par cette petite fille prenant des poses de "grandes", et s'insurgeaient contre la réalisatrice qui avait osé faire endurer "ça" à une enfant. Ce qu'ils ignoraient certainement c'est que "ça", Eva Ionesco l'avait vécu, alors qu'elle était bien plus jeune que l'actrice de son film. Dès lors, My Little Princess prend une toute autre ampleur, le film met mal à l'aise et fait inévitablement penser à un conte qui n'aurait pas été réécrit pour les enfants. Et les contes de fées se transforment souvent en conte horrifique comme on le sait... Dans le rôle de la princesse, une petite fille qui ne souhaite qu'une chose : être aimée et regardée par sa mère. Dans le rôle du Prince charmant, objet de désir, mais également de la vilaine reine, objet de désenchantement, la mère, brillamment interprétée par la grande Isabelle Huppert aussi brillante que son personnage est détestable. Mais rapidement la petite fille, magnifiquement incarnée par la jeune Anamaria Vartolomei, se rend compte qu’elle n’est là que pour servir les ambitions de sa mère. Ce désenchantement bouleverse et la transformation de Violetta ne laisse pas indifférent, son passage de l'enfance à l'âge adulte, bien trop rapide, bien trop dur, choque. La naissance d'une lolita s'opère sous vos yeux et le regard d'Anamaria vous transperce le cœur. Tout au long du film un jeu des miroirs s’opère, la mère s’observe photographier sa fille tandis que la réalisatrice, anciennement à la place de cette petite lolita, filme son histoire, celle de ce duo incroyable de chevelures blondes et ondulées. My Little Princess est un conte pour adulte, et certainement un exutoire pour la réalisatrice qui peut enfin donner sa version de l’histoire. Une version que sa célèbre mère a, pour sa part, déjà exposée grâce aux sublimes (il faut l’avouer), mais dérangeantes, photos de sa (très) jeune fille nue… Qu’on aime ou qu’on déteste, cette petite princesse ne vous laissera pas indifférent...
LA scène
La scène où, pour la première fois, la jeune Violetta pose pour sa mère Hannah. Les décors, la lumière, font penser à Lewis Caroll et à son Alice, sauf qu'ici le pays des merveilles se transforme vite en pays des cauchemars. Les poses lascives et les regards intenses et justes de la jeune Anamaria Vartolomei sont troublants et montrent à quel point cette petite fille a sacrifié son enfance pour se faire aimer de sa mère, une mère certes, aimante mais surtout inconsciente et narcissique qui n'arrive pas à voir que sa fille souffre et ne veut finalement pas grandir trop vite...
En bref...
My Little Princess – Sortie le 29 juin 2011
Semaine de la critique - Séance spéciale
Réalisé par Eva Ionesco– Avec Isabelle Huppert, Anamaria Vartolomei,Denis Lavant…
Tout sur le film
La bande-annonce
Laëtitia Forhan
