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    Zoom sur... Cyril Descours

    Cette semaine sort sur nos écrans "La Ligne droite" de Régis Wargnier, qui raconte la lutte d’un athlète devenu aveugle pour concourir de nouveau. L'interprète principal est Cyril Descours, un jeune acteur qui fait doucement sa place dans le cinéma français. Retour sur ce comédien surprenant.

    "Est-ce qu’il est vraiment aveugle?" se demandaient des spectateurs en sortant de la projection de La Ligne droite, parlant de Yannick, son personnage dans le film. Non, il ne l’est pas, mais la prestation de Cyril Descours dans le film peut laisser perplexe tant il est crédible et intense dans ce rôle d’accidenté de la vie qui va vers la reconstruction de soi. Et s'il montre dans ce film une large palette d'émotions qui vont définitivement ancrer son visage dans l'esprit du public, cela fait déjà plusieurs années que le comédien promène son corps élancé entre l'écran et les planches.

    Cyril Descours naît à Francfort, en Allemagne, le 15 juillet 1983 mais c’est à Paris qu’il grandit. Il prend des cours de théâtre dès l’école primaire, s’initiant au plus jeune âge à la passion qui va être la sienne : la comédie. Chaque année la scène l’appelle et le spectacle de fin d’année est toujours une joie. Et quand une année, ce spectacle est annulé, le jeune Cyril découvre avec détresse que jouer n'est pas qu'un passe-temps mais un véritable besoin; sa vocation est là. C’est donc en toute logique qu’à seize ans, il s’inscrit au fameux Cours Florent où il suivra des cours tout en poursuivant son cursus scolaire classique. Cela lui permettra d’obtenir un rôle dans des pièces de répertoire comme La Guerre de Troie n’aura pas lieu, Le Mariage de Figaro ou Les Femmes savantes. Il complète sa formation au Conservatoire du Xe arrondissement, ce qui lui permet d'apparaître dans dans des pièces d’Oscar Wilde ou Edward Albee. Mais déjà, les planches ne lui suffisent plus, car depuis quelque temps, d’autres horizons s’offrent à lui.

    Cyril Descours nous parle de sa passion pour le théâtre

    Son premier rôle dans un film, il l’obtient en 2000 grâce à un jeune scénariste qui réalise son premier court-métrage, Jérôme Salle, qui, quelques années plus tard, va se faire connaître en réalisant Anthony Zimmer et surtout les deux épisodes de Largo Winch. A 17 ans, dans Le Jour de Grâce, Cyril Descours incarne un jeune soldat pendant la Première Guerre Mondiale. Le film fait le tour des festivals, mais pour le comédien, il faudra attendre trois ans encore pour la révélation. C’est en 2003, en jouant le premier rôle du téléfilm L'Enfant de l'aube de Marc Angelo que les spectateurs français vont faire connaissance avec le visage de Cyril Descours. Libre adaptation d’un roman à teneur autobiographique du journaliste Patrick Poivre d'Arvor, ce film raconte l’histoire de deux asthmatiques qui, pendant les années 1960, se rencontrent dans un sanatorium et vivent une idylle qui finit tragiquement par la mort en couche de la jeune fille (interprétée par Mélanie Thierry, elle aussi à l’aube de sa carrière). Cyril joue le rôle délicat de cet adolescent qui devient père et doit faire face au jugement de son entourage. Cette fiction est un gros succès, attirant plus de dix millions de téléspectateurs (un score rare), et révèle la présence solaire du comédien. La télévision fait désormais confiance en son physique magnétique pour attirer les foules et il se voit proposer le rôle d’un jeune drogué dans la série policière Les Montana sur France 2 avant de jouer un rôle récurrent sur la même chaine dans la mini-série à succès Clara Sheller. Il y joue le rôle d’un jeune homosexuel qui vit une amourette avec Frédéric Diefenthal. Un rôle pas évident, qu’il aborde avec simplicité et enthousiasme. Il insuffle à son personnage une séduisante énergie et la série connaît encore un beau succès. Le comédien retrouve l’année suivante le réalisateur Marc Angelo sur le téléfilm Joseph. Mais c’est un autre écran qui s’ouvre à lui cette année-là pour ne plus le lâcher !

    C’est en 2005 que le comédien participe au film collectif Paris, je t'aime. Dans le segment « Quai de Seine » réalisé par Gurinder Chadha, il s'éprend de Leïla Bekhti, qui joue une jeune femme voilée. Ce rôle lui permet de se rendre à Cannes où le film est présenté dans la section Un Certain Regard en 2006 et de côtoyer un casting d'acteurs et de réalisateurs internationaux. Quelque chose qui n’est pas pour déplaire au comédien. En effet, de père français et de mère allemande, ce diplômé en traduction littéraire parle aussi bien ces deux langues mais maitrise aussi couramment l’anglais et sait se faire comprendre en italien et en espagnol. C’est donc naturellement que le comédien a l’idée de tourner à l’étranger : « j’ai toujours été élevé dans le mélange des langues et des cultures, ça m’est déjà arrivé d’avoir une ou deux expériences de cinéma à l’étranger, j’aimerais bien continuer ça, dans le cinéma européen ou international ». Ainsi, Cyril Descours tourne avec le jeune réalisateur allemand Christian Ditter dans son film Français pour débutant qui raconte les aventures amoureuses d’un jeune Allemand dans le Beaujolais. Mais l’Europe ne suffit pas, et Cyril a la chance de participer à une prestigieuse mini-série multi-récompensée de HBO, John Adams. Bien qu’il y incarne un citoyen français, c’est sans aucun doute sa maîtrise de l’anglais qui lui permet d’obtenir le rôle et de sentir à l’aise sur les plateaux. Une maîtrise qui lui vaut même de faire de la figuration en soldat américain dans un film français certes, mais d’envergure internationale : Arthur et la vengeance de Maltazard. Cyril n’a pas de gêne à avouer qu’il a été un « extra » (figurant en anglais) pour pouvoir arrondir ses fins de mois. Une honnêteté rare dans le monde du cinéma...

    Le segment Quais de Seine de Paris, je t'aime

    C’est ce qui surprend quand on est face au jeune comédien : sa sincérité. Il n’est pas courant d’entendre les jeunes acteurs parler des difficultés inhérentes à leur métier. Il avoue sans mal ses doutes. « A l’époque, je faisais les castings, rien ne marchait (…) j’étais vraiment déprimé » nous raconte-t-il, parlant du moment où il a rencontré Régis Wargnier pour son rôle dans La Ligne droite. Il s'est alors donné à fond, s’entrainant seul plusieurs heures par jour pendant plusieurs semaines, et malgré son investissement, il a encore du mal à mettre ses doutes de côté : « C’était énorme, j’y croyais pas ». On n'est pas étonné ainsi de voir ce jeune comédien avoir pour référence Patrick Dewaere. Même présence vive, même aspect tantôt à fleur de peau (sensible dans La Ligne droite), tantôt survolant les choses (comme son personnage "innocent" de Complices). Ces doutes qui peuvent l’assaillir parfois semblent bien vite disparaître quand il s’agit de jouer. « A chaque fois que je suis sur un plateau, je me sens vraiment heureux » nous dit-il. Un plaisir de jouer, visible à l’écran, qui le conduisent à s’essayer à toutes sortes de rôles, au théâtre comme au cinéma ou à la télévision ; « c’est à chaque film une envie différente qui nait ». A présent que lui viennent le succès et les premiers rôles, il garde cette fraicheur et cette spontanéité du comédien en devenir, de celui qui a tout à gagner, et cette façon modeste de garder les pieds sur terre : « A chaque fois que je vais au cinéma, je me dis que j’ai trop de chance de faire ce métier ».

    Bande-Annonce de Complices

    Une modestie que l’on peut ressentir, par exemple, quand on lui parle de son passé (réel) de sportif qui a touché à un peu toutes les disciplines, L’air gêné, il s'empresse de dire « Ca c’est ce qu’on met sur les CV ! ». Pourtant ceinture noire de karaté (sport qu’il pratique depuis dix ans), il pratique le snowboard, le tennis et la natation et est maintenant un coureur expérimenté grâce à son entrainement pour La Ligne droite. Une forme physique qui va lui servir dans ses rôles où souvent la présence du corps est primordiale, comme ces deux films qui, en 2010, le propulsent sur le devant de la scène. Le premier, Une petite zone de turbulences, est une comédie de mœurs sur la famille, la mort et l’engagement, dans lequel il est Mathieu, jeune homosexuel qui tente de s'assumer. Un ton à l’opposé de Complices, dans lequel il incarne Vincent, un des personnages principaux, jeune prostitué retrouvé mort au début du film. C’est au court de flashbacks que l’on découvre sa vie et son amour pour Rebecca, jouée dans le film par Nina Meurisse. Un rôle difficile, noir, mais un personnage lumineux : « Vincent est un être insouciant, pur, malgré son métier de prostitué. Il ne se pose pas de questions. Un personnage qui a un parcours à jouer, allant de l’amour le plus pur à la mort la plus tragique (…) il y a une pureté, une candeur dans ce personnage ».

    Il y a bien sûr quelque chose de Cyril dans Vincent, acteur lui-même plein de cette fraicheur qui fait son charme. Un charme qu’il sait faire oublier dans La Ligne droite, où il se montre souvent agressif et violent, s’en prenant aux autres dans son désir d’autodestruction. S’il déclarait il y a quelques années surtout adorer le théâtre (« avec un faible pour les personnages burlesques »), faisant d’ailleurs partie de la compagnie « Pas de dieux » depuis 2005, le cinéma et la télévision lui tendent aujourd’hui les bras. Il vient de jouer dans la troisième saison de Un Village français sur France 2 et devrait apparaître prochainement dans Le Chant des sirènes de Laurent Herbiet aux côtés de Sabrina Ouazani et de Eric Caravaca, toujours avec France Télévisions. Un acteur qui ne demande qu’à travailler pour jouer le plus de rôles possibles : « C’est ce qui me plait dans ce métier ! Entrer dans des univers inconnus et pouvoir transmettre des émotions nouvelles ». Gageons qu’il aura l’occasion de nous faire visiter encore de nombreux univers différents !

    Matthieu Le Caisne

    Bande-annonce de La Ligne droite

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