AlloCiné : Que trouve-t-on dans ce premier DVD d’Avatar ?
Jon Landau : Nous nous sommes exclusivement concentrés sur le film, dans sa version cinéma, parce que nous voulions avant tout obtenir la meilleure qualité possible. Chaque fois que vous ajoutez du contenu additionnel sur votre disque, vous ôtez quelque chose de la qualité d’un film. Nous pensons que la plupart des gens veulent regarder Avatar, et retourner sur Pandora. […] Notre but, à terme, c’est de faire une édition 3D, dans laquelle on trouvera un tas de nouvelles choses, mais il faut encore attendre pour savoir quand cela se fera.
AlloCiné : Pas mal de rumeurs ont circulé au sujet de la scène d’amour entre Jake et Neytiri coupée au montage, qu’en est-il réellement ?
Jon Landau : Pour être franc, beaucoup de choses ont été dites au sujet de quelque chose qui ne méritait pas tant de battage… Est-ce qu’elle sera dans la prochaine édition, on ne peut pas le dire. Selon moi, la scène telle qu’elle est pour le moment fonctionne, elle est telle qu’elle doit être. Ce type de rapports repose sur le fait d’être avec l’autre, de ne faire qu’un avec lui/elle, plutôt que sur toutes ces idées que les gens peuvent se faire au sujet de ce qu’est le sexe.
AlloCiné : Le film a suscité pas mal d’interprétations, de lectures, parfois assez radicales. Que pensez-vous de celle qui veut que l’arbre représente les Twin Towers, ou que la situation des Na’vi renvoie à celle des Irakiens ?
Jon Landau : Il y a des similitudes qu’on peut souligner, d’un point de vue visuel, entre la chute des tours et celle de cet arbre. Mais je pense que ce que l’arbre symbolise plus que tout, c’est en quelque sorte l’idée de la destruction de notre monde, la somme des actes commis par l'homme tout autour du globe. Un arbre représente tous les arbres, tous les lacs qui s’assèchent, tous les océans dont les espèces s'éteignent. Je pense que c’est plus important que le seul fait que cela rappelle le 11 septembre.
AlloCiné : En fin de compte, Avatar est-il un film optimiste, avec son happy-end, ou un film extrêmement pessimiste, qui dresse un portrait particulièrement sombre de l’espèce humaine, si sombre qu'on peut comprendre sa conclusion comme un reniement absolu, le héros lui-même allant jusqu'au bout de la transgression et préférant ne plus être un homme (même si son handicap entre évidemment en ligne de compte dans son choix) ?
Jon Landau : Je pense qu'Avatar est un film optimiste, que c’est l’une des raisons pour lesquelles les gens y sont réceptifs. Le futur qui s’offre à Jake est bien plus lumineux, riche d’espoir et de promesses, que celui auquel il était destiné, et qu’il laisse derrière lui.
AlloCiné : Le film a également été perçu par certains, à tort ou à raison, comme mettant en scène le gamer ultime…
Jon Landau : Je crois que le film a beaucoup à offrir à des gamers, mais je ne dirais pas qu'il est le "film ultime" pour un gamer.
AlloCiné : Dans la catégorie analyse, on trouve aussi cette théorie, à laquelle on peut souscrire... ou pas, selon laquelle le héros handicapé incarnerait le cinéma "traditionnel" en 2D, qui a besoin d’une évolution technologique (le passage à la 3D) pour pouvoir "refonctionner"… Qu’en pensez-vous ?
Jon Landau : Je pense que les gens extrapolent un peu trop… Je crois que ce que Jake représente, c’est l’idée qu’en chacun de nous un héros en puissance sommeille, qui doit se lever (sic), et agir.
AlloCiné : Que nous réserve Avatar 2 (qui ne s'appellera sans doute pas Avatar 2), quelle est la prochaine étape ? En somme, comment dépasser la révolution qu’a pu représenter Avatar ?
Jon Landau : Ce que nous voulons surtout cette fois-ci, c’est produire le film plus rapidement, en tenant mieux le budget, tout en faisant en sorte qu'il soit une expérience aussi intense et jouissive que l'a été Avatar [pour plus d’infos sur le projet, voir la dernière news en date à ce propos].
AlloCiné : Qu’en est-il du projet Titanic 3D ?
Jon Landau : Nous travaillons dessus, nous voulons vraiment le ressortir en 3D. Nous allons prendre notre temps pour le faire bien : nous pensons pouvoir opérer la conversion, mais il faut la faire dans les règles de l’art. C’est un processus artistique, pas un processus technique. Et nous allons passer les 12 ou 18 prochains mois à le faire. [Pour info, James Cameron a déclaré qu’il souhaitait que le film ressorte en 3D à l’occasion du centenaire du naufrage, soit au printemps 2012].
Propos recueillis par Alexis Geng
