A une encablure de la soirée des Oscars, la polémique autour de Démineurs commence à (vraiment) tourner au vinaigre... Alors que Nicolas Chartier s'est vu retirer son accès à la grande cérémonie pour avoir enfreint les règles de l'Académie des Oscars (VOIR NOTRE ARTICLE), un soldat qui faisait partie de l'unité de déminage au sein de laquelle le scénariste Mark Boal fit son reportage, pour le compte du magazine Playboy en 2004, a annoncé vouloir porter plainte contre la production du film. Motif de sa plainte : le personnage central du film, brillamment incarné par Jeremy Renner, serait ni plus ni moins basé sur sa propre histoire.
Le sergent-chef Jeffrey S. Sarver, 38 ans, estime en effet que Mark Boal, qui l'avait suivi au sein d'une unité de déminage en Irak, s'est littéralement inspiré de sa vie. "J’aurais été très content de participer au film en tant que consultant", a expliqué Jeffrey S. Sarver, mercredi. "Là, je me sens un peu laissé de côté." Son avocat affirme même que le personnage principal du film, Will James, s’inspire directement de son client, allant même jusqu’à reprendre son surnom de "Blaster One", qui était son nom de code lorsqu'il était en mission en Irak. Pour sa défense, Summit Entertainment, distributeur du film aux Etats-Unis, affirme qu'il s'agit avant tout d'une oeuvre de fiction. On ignore encore quelles seront les suites juridiques qui seront données à cette affaire très opportuniste, qui surgit juste avant la cérémonie des Oscars.
"Une totale hypocrisie"
Si le microcosme hollywoodien s'est emparé de la double polémique autour du film Démineurs, elle a aussi le don d'agacer certains éditorialistes qui dénoncent non seulement l'ambiance délétaire de la compétition, mais jugent aussi la mesure de rétorsion adoptée par l'Académie des Oscars vis-à-vis de Nicolas Chartier comme totalement hypocrite. L'un des éditorialistes les plus influents, Nikki Finke, en charge de l'excellent site Deadlinehollywood, va même plus loin et se fend sur son site d'un papier assassin qui, à coup sûr, ne manquera pas de raviver des feux mal éteints... Morceaux choisis :
"Soyons clair. Nicolas Chartier, qui a financé le film Démineurs et qui est l'une des quatre personnes accréditées ayant produit le film, ne peut pas assister à la soirée parce qu'il a massivement envoyé un Email qui en plus ne mentionne jamais le nom d'Avatar ? Et le comité de direction des Oscars pense que ses propos malheureux sont bien pires que les coups tordus que se font année après année tous les concurrents dans la catégorie du Meilleur film ? Je trouve particulièrement grotesque que cette Académie de la honte ait fait une décision aussi bancale et minable. Alors je vous le demande : est-ce une pure coïncidence si le président de l'Académie Tom Sherak (qui fut un temps un des gros exécutifs de la Twentieth Century Fox), le producteur de la soirée des Oscars Bill Mechanic (qui fut lui aussi un des gros exécutifs de la Fox), Adam Shankman (qui occupe actuellement un gros poste dans le département TV de la Fox) et Jim Gianopulos (actuellement un gros exécutif au sein de la Fox), qui ont eux aussi des responsabilités au sein de l'Académie, ont de très fortes attaches avec le studio qui a produit Avatar ? L'Académie aurait mieux fait de faire profil bas et de ne pas apparaître comme une sympathisante de la Fox à cause de cela. Surtout lorsque je reçois des Email de la part de ce Studio accusant l'équipe de Démineurs de faire courir la campagne pré-Oscars la plus dégueulasse qui soit et s'en tirer à bon compte ? Est-ce que cette mesure drastique adoptée par l'Académie aurait été la même si Nicolas Chartier s'était appelé Grazer, Rudin ou n'importe quel autre initié du microcosme hollywoodien ? Je ne crois pas. Sachez pour finir que je me pose ces questions alors même que je pense sincèrement qu'Avatar devrait gagner l'Oscar du Meilleur film (parce qu'il a radicalement changé la manière de faire des films à Hollywood) et James Cameron celui du Meilleur réalisateur (parce qu'il a aussi changé la façon de faire des films à Hollywood). Alors s'il-vous-plaît, ne venez pas me dire que mes accusations sont sans fondements parce qu'elles sont biaisées".
Olivier Pallaruelo