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    Peter Jackson : l'interview-vérité !

    Rencontre très spéciale avec le cinéaste néo-zélandais Peter Jackson. Le réalisateur du "Seigneur des Anneaux" évoque notamment "District 9", "Lovely Bones", "Bilbo le Hobbit" et le projet "Tintin"...

    AlloCiné : Cette interview se déroule autour d'un feu de cheminée, comme si vous alliez nous conter une histoire. Quel est votre conte préféré ?

    Peter Jackson : Sans doute un roman de Tolkien ! En ce moment, j'écoute surtout des romans sur CD, car si je prends un bouquin, et vu ma fatigue, je m'endors en un clin d'oeil. Mais j'adore les livres, les contes, tout autant sinon plus que le cinéma. D'ailleurs, quand je lis un livre ou que j'en écoute le récit sur CD, c'est tout un film qui défile dans ma tête en un rien de temps. C'est vraiment magique la manière dont les mots stimulent l'imagination...

    AlloCiné : Parlez-nous de votre implication dans "District 9" (actuellement en salles) et de votre collaboration avec le réalisateur Neill Blomkamp ?

    Je crois aux relations de longue haleine, et c'est le cas avec Neill Blomkamp. Après King Kong, j'étais en contact avec une productrice d'Universal qui voulait produire un film tiré du jeu vidéo Halo. J'étais fan du jeu, comme mon fils. Je voulais trouver un jeune cinéaste avec une vision fraiche et des idées plein la tête. Elle nous recommenda alors Neill. Il n'avait fait que quelques pubs et courts métrages mais j'ai été très impressionné. Nous l'avons signé pour développer le film. Mais après trois mois, le projet est tombé à l'eau en raison d'un conflit entre les deux studios qui devaient financer le film. Hollywood ! Nous nous sentions mals pour Neill, alors nous l'avons invité à monter un long métrage à partir d'un court qu'il avait réalisé, intitulé Alive in Johannesburg. District 9 était né. Je voulais garder l'intégrité de la vision de Neill et donc je n'ai pas été voir en premier lieu les studios. Nous avons monté le film en "indépendants" avec la société américaine QED, et en France les droits ont été pré-achetés par Metropolitan Filmexport.

    AlloCiné : On parle ici d'un "petit" budget ?

    Oui, surtout comparé au Seigneur des anneaux ! On a dépensé dans les 30 millions de dollars pour District 9 et vu le nombre impressionnant d'effets digitaux, je trouve ça très raisonnable ! Vraiment, on a mis tout le fric que l'on a eu sur l'écran !

    AlloCiné : "District 9" est un film très "politique" et attaque de plein front le problème du racisme qui sévit encore aujourd'hui un peu partout...

    Vraiment, je suis fier de Neill Blomkamp et du film car nous offrons un spectacle à la fois pour les yeux et pour les neurones. Vous allez passer un bon moment dans un bon film d'aliens bien gore, et en même temps, cela vous fera réfléchir à pas mal de problèmes sociaux et politiques qu'il nous faut encore surmonter dans nos sociétés...

    AlloCiné : Comment choisissez-vous les réalisateurs avec qui vous travaillez ?

    Je ne fais pas de plan pour être le producteur d'un autre réalisateur. Ma priorité est d'abord de réaliser. Cela dépend du projet sur lequel je travaille et si je pense qu'il vaut mieux trouver un autre réalisateur. Je suis toujours ce que le destin me dicte et je vais vraiment dans le sens du courant. Et puis je n'aime pas me répéter ou rentrer en concurrence avec ce que j'ai déjà realisé, donc si je sens que c'est du déjà vu, je passe la main. Voilà pourquoi j'ai choisi de laisser Guillermo Del Toro réaliser Bilbo le hobbit. Je ne voyais pas ce que je pouvais faire de mieux que ce que j'avais fait avec les trois films de la saga du Seigneur des anneaux. Cela ne veut pas dire que je ne serai pas impliqué à fond dans la production de Bilbo le hobbit, bien au contraire. Le film avance à vitesse grand V en ce moment et nous ne sommes qu'à quelques jours de montrer au studio le premier script ainsi que pas mal de visuels, de dessins pour illustrer les grand moments du film. Cela n'a pas éte facile de determiner s'il y aurait un, deux ou trois "tomes", mais en fin de compte nous ferons deux films l'un après l'autre. Ainsi, nous avons gardé l'essentiel de l'oeuvre de Tolkien tout en passant sur quelques passages non importants. Personne pour l'instant n'est signé en tant qu'acteur mais certains noms seront les mêmes que pour Le Seigneur des anneaux. Je pense que nous sortirons le premier film en décembre 2011 et le second en décembre 2012. Au début ce fut vraiment un défi de me replonger avec Guillermo Del Toro dans l'univers de Tolkien, mais après quelques jours à bosser sur le script, tout s'est remis en ordre dans ma tête et ce fut vraiment un grand plaisir de replonger au coeur de cet univers fantastique.

    AlloCiné : Comment se prépare la sortie de votre nouveau film, "Lovely Bones" ?

    On peut voir maintenant un peu partout la bande annonce sur internet. Le film sortira en décembre aux Etats-Unis et en Janvier en France. Certains le comparent à Créatures célestes, et c'est un peu vrai de par sa nature. J'avais besoin de réaliser un type différent de film, surtout après quatre "films monstres" comme les trois volets du Seigneur des anneaux et King Kong. Lovely Bones était pour moi un défi différent et palpitant. Et puis j'ai tellement pleuré en lisant le livre que j'ai tout de suite voulu le mettre en images. Le livre n'a pas du tout une structure cinématographique et donc l'écriture du script fut la chose la plus complexe à surmonter. D'ailleurs, l'auteur du livre, Alice Sebold, a été un rien surprise de notre adaptation très libre, mais maintenant elle aime vraiment notre travail et le film.

    AlloCiné : Quelle est votre vision de "l'après-vie" dans ce film ?

    Dans Lovely Bones, il sagit de la vision d'une jeune fille de 14 ans qui est assassinée. Elle se retrouve dans une dimension entre la vie et la mort. Une dimension presque parfaite, d'où elle peut veiller sur sa famille restée derrière... On passe d'un ton léger a un autre plein de gravité. On est vraiment plongés au coeur d'un film noir intense et je suis certain de vous dresser les poils sur le bras...

    AlloCiné : Avez-vous en projets d'autres adaptations littéraires ?

    Oui, nous allons bientôt adapter toutes une série de bouquins relatant des aventures fabuleuses se déroulant pendant l'ère Napoléonienne. Au coeur de ces récits, il y a des batailles aériennes incroyables entre une flotte de la Royal Air Force anglaise ayant dompté des dragons et les armées de Napoléon. Visuellement, ça va être exceptionnel ! Je ne sais pas si nous allons tourner ce projet en mini-série télé ou pour le cinema. C'est tellement énorme au niveau de l'histoire que ce serait sans doute pas mal en mini-série.

    AlloCiné : Vous travaillez sur l'adaptation de la BD Tintin. Pas trop difficile de "vendre" le projet aux Américains ?

    Avec Steven Spielberg à bord et une machine de promotion et de marketing du tonnerre, il va être difficile pour le public américain de ne pas connaitre Tintin avant la sortie des Aventures de Tintin : Le secret de la Licorne et de ne pas être emballé pour aller le voir. Et puis il y a plein d'autres personages qui n'étaient pas connus comme ceux de Star Wars ou d'Indiana Jones, et qui ont fait un carton. Si vous avez un bon concept, un héros top et un film béton, vous êtes presque assuré de décrocher le gros lot au box-office. Spielberg vient juste de fnir le tournage de toutes les scènes nécessitant de la motion capture, et maintenant il va devoir s'occuper de tout le montage digital des Aventures de Tintin : Le secret de la Licorne. A nouveau, comme producteur, je m'assure de la logistique du film et de donner à Spielberg tous les outils dont il a besoin pour faire son film. Ce qui est génial, c'est que l'on est fou de Tintin, Spielberg et moi. J'ai grandi avec Tintin et c'était un hit en Nouvelle-Zélande dans ma jeunesse. Ce qui est marrant, c'est que lorsqu'Indiana Jones est sorti dans les années 80, pas mal de critiques de cinéma européens ont comparé Indiana à Tintin ! C'est ainsi que Spielberg a eu vent de la BD, l'a lu et en a acheté les droits pour le cinéma, il y a presque 30 ans ! En tout cas, vous n'allez pas être décus du film, en France. Je vous promets d'être fidèle aux BD de votre enfance.

    AlloCiné : Et les films d'horreur pure avec plein de sang, on va vous voir y retourner ?

    Et bien oui, cela me démange ! En fait, quand je vois le succès de District 9 et comment Neill s'est amusé sur le tournage, cela me rappelle le bon vieux temps de Braindead et je pense fort qu'il va falloir que j'y revienne au moins encore une fois. Pour l'instant, je n'ai pas de script de prévu pour ce type de film, mais tout est possible ! C'est ça le cinéma...

    Propos recueillis par Emmanuel Itier à San Diego en juillet 2009

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