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    "Horton" par le tandem Carrey / Carell

    Deux stars comiques américaines pour un film d'animation. Rencontre avec Jim Carrey l'éléphant et Steve Carell le Zou autour de "Horton"...

    AlloCiné : Au-delà du jeune public "Horton" peut-il plaire aux adultes ?

    Steve Carell : Et bien oui, je crois que ce film plaira aux enfants de 5 ans comme aux adultes de 50 ! Je pense évidemment qu'à 5 ans vous n'y voyez pas les mêmes choses, mais de toute façon vous passez du bon temps. Les histoires du Dr. Seuss sont tellement riches en symboles qu'il y a dix mille façons de les apprécier. A 5 ans, vous ne comprendrez sans doute pas la complexité du message humaniste et social de cette histoire, mais les belles couleurs et les gentils animaux vous feront éclater de rire, et c'est ce qui est important ! De rire ! Et puis je pense qu'à 5 ans on a déjà conscience de sa place dans la société, on commence à se mesurer aux autres enfants et donc l'idée de trouver son " nid " social commence déjà à germer dans notre esprit.

    Jim Carrey : Steve a raison. Et puis l'univers de Dr. Seuss est fantastique pour les enfant car c'est une porte ouverte sur l'imaginaire. Dans le monde du Dr. Seuss, tout est possible. Cette notion de franchir le cap de toute impossibilité est essentiel pour un enfant. Il faut vraiment lui faire croire qu'il n'y a pas de limites pour qu'il puisse grandir avec le choix de vie qu'il a dans sa tête. Quand j'étaits gosse, j'adorais ce monde imaginaire du Dr. Seuss. Toute ces créatures étaient mes amis et je me sentais bien avec elles. D'ailleurs je me sens toujours bien avec elles !

    On imagine que vous avez dû être un enfant " étrange ", Jim...

    Jim Carrey : C'est surtout mon père qui était " étrange ", je crois. Moi, j'étais le petit dernier de la famille. Ce qui est marrant, c'est que même si mon père était un peu hors du commun, un peu fantaisiste, tout le monde le regardait, le prenait pour le centre du monde. Et donc forcément, je me suis dit que ce n'était pas si mal d'être étrange soi-même. J'ai tout de suite voulu lui ressembler : très jeune, je m'efermais dans ma chambre pour jouer devant le miroir et trouver des trucs pour paraitre étrange, des mimiques, des expressions... Et voilà où tout ceci m'a mené !

    Comment devenez vous un éléphant, Jim, et vous Steve un Zou ?

    Jim Carrey : Le truc, c'est d'imaginer l'effet que cela fait de sentir la cacahuète en permanence puisque c'est ce qu'adorent les éléphants ! Et puis je voulais interpréter un éléphant qui ne se croit ni gros, ni encombrant. Un comble, non ? Il se croit " léger comme un plume ", comme s'il était danseur étoile !

    Steve Carell : Et bien pour moi il a fallu que je crois au monde des enfants où tout est parfait, beau, où tout le monde est gentil et vit en paix! Pfff... Pas facile d'imaginer une telle planète ! Et puis évidemment, il m'a fallu ensuite imaginer le pire, ce qui pourrait arriver à ce monde "meilleur". Ce fut un vrai défi pour moi de me mettre dans la peau d'un Zou.

    Vous êtes tous deux des acteurs très physiques, très visuels : est-ce que cela vous limite de ne faire "que" des voix pour un film d'animation ?

    Steve Carell : Oui, c'est certain que cela limite ce que nous pouvons faire. En même temps, on a énormément de liberté pour pouvoir tenter telle ou telle interprétation, pour se lâcher totalement. En espérant ensuite que cela collera avec l'animation finale de notre personnage.

    Jim Carrey : C'est génial d'être entouré d'artistes aussi créatifs, aussi fous et qui tentent le tout pour le tout. On essaye vraiment de créer des personnages hors du commun dans un film d'animation, des personnages qu'il serait impossible de faire en live. Donc cela donne une autre dimension à mon talent et mes capacités d'acteur.

    Avant "Horton", vous aviez tout deux plusieurs fois refusé des projets animés. Pourquoi ?

    Jim Carrey : Et bien parce que les personnes qui font ces films vous mentent toujours ! Ils viennent vous voir avec une idée brute et très approximative, et ensuite c'est à vous de faire tout le boulot, de bosser durant votre temps libre et d'espérer que tout ce boulot prenne un sens en fin de compte. C'est vraiment un boulot de malade de faire de l'animation. C'est tellement dur et cela prend tellement de temps...

    Steve Carell : C'est vrai qu'il faut avoir la foi pour faire de l'animation car c'est impossible de savoir à quoi va ressembler le film une fois fini. C'est encore plus imprévisible que sur un film live. Vous devez faire aveuglement confiance au réalisateur qui va prendre l'une des 100 interprétations différentes que vous lui donnez de la même phrase et vous espérer que tout va se mettre en place. Mais il n'y pas de garantie de succès. Au moins, quand je tourne un film live, je vois ma performance tout de suite et je peux choisir de corriger telle ou telle chose, mais en animation on se sait jamais ce qui va finir sur l'écran et sur ce qui finira à la poubelle...

    Comme dans " Horton ", avez-vous parfois l'impression de ne pas être grand chose dans l'ordre de l'Univers ?

    Jim Carrey : Totalement ! Je sais que je ne suis rien dans l'ordre de l'Univers. Je me sens toujours à l'état de petite poussière invisible, vraiment ! Je fais de mon mieux avec ma petitesse pour avoir une vie intéressante mais chaque fois que je vois des documentaires sur l'infini de l'Univers, je ressens vraiment le vide existentialiste. En même temps, il faut se rassurer et ramener son champ de vision au niveau de sa petite existence, et faire avec.

    Steve Carell : Si je pense trop à ma petitesse, je crois que ma tête va exploser ! Mais en fait, tout dépend du point de vue. D'en haut on est très peu de chose, mais ici bas chacun est une pièce d'un puzzle important. On a tous un impact les uns sur les autres et il nous faut agir avec responsabilité et en connaissance de cause. C'est un peu le message du film d'ailleurs...

    Jim Carrey : Oui, et nous sommes nous-mêmes des univers à l'intérieur d'autres univers. J'ai toujours pensé qu'il y a un univers particulier et indépendant qui se déroule en ce moment dans mon bras droit par exemple ! J'imagine les petite cellules de mon bras qui prient pour que je n'aille pas écraser mon poing sur un arbre et tuer ainsi des millions de ces mêmes petites cellules... Vraiment, c'est quelque chose de déroutant la complexité de la vie...

    Steve Carell : D'ailleurs, d'avoir fait ce film m'a totalement paralysé ! Je ne bouge plus un membre de peur de faire du mal à l'une de cellules de mon corps !

    Quelles leçons de vie voulez-vous que l'on tire de " Horton " ?

    Steve Carell : Au-delà du film et du divertissement familial, il ya une vraie leçon d'humanité dans ce film. Pour moi, il sagit d'apprendre à vivre mieux ensemble, dans un monde où toutes les personnes comptent et sont complémentaires les unes des autres. Surtout dans le monde instable dans lequel nous vivons aujourd'hui...

    Jim Carrey : Oui, il faut faire attention aux battements d'ailes d'un papillon à l'autre bout du monde car cela peut avoir un effet sur nous ici. Nous faisons tous partis d'un grand jeu de dominos, si l'un de nous tombe, c'est la chute pour tout le monde... Je crois même que lorsque l'on crie, ça a un effet autre que le simple impact négatif immediat sur l'environnement dans lequel on se trouve à ce moment là. Tout a un effet. Et on l'a bien vu au niveau politique ces dix dernières années! Chaque fois que nous croyons " tuer " l'une de nos peurs, c'est pour en créer d'autres et créer d'autre problèmes. Il faut donc plus que jamais faire attention à ce que l'on fait sur cette toute petite planète !

    Y-a t'il d'autres histories du Dr. Seuss que vous aimeriez adapter pour le grand écran ?

    Steve Carell : Oui, sans doute celle qui s'appelle Green Eggs and Ham. C'était tellement fou de faire partie de Horton que cette autre histoire toute aussi loufoque du Dr. Seuss pourrait être également un succès !

    Propos recueillis à Los Angeles par Emmanuel Itier le 2 mars 2008

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