Retenu au Panama sur le tournage de Quantum of Solace, le prochain 007, Mathieu Amalric avait laissé à Antoine de Caunes, le maître de cérémonie de la 33e édition des César, un texte de remerciement "au cas où" il remporterait le César du Meilleur acteur. Le "cas où" se présentant, le discours a bel et bien été lu... mais seulement dans sa première partie, celle des remerciements. La seconde, plus engagée, a été amputée de plusieurs phrases. Les spectateurs et téléspectateurs de la cérémonie n'auront alors pas entendu les critiques de l'acteur à l'encontre de "l'insupportable trompe-l'oeil des multiplexes (...)" qui n'ont que "les chiffres comme seule ligne d'horizon." D'après le journal Libération, la coupe a été faite sans qu'Antoine de Caunes ne soit au courant. "On m'a passé quatre fiches et j'ai tout lu, de la première à la dernière ligne", affirme le journaliste.
Un discours trop long ? Ou trop engagé ?
Au lendemain de la cérémonie, l'Union des Journalistes de Cinéma (UJC) dénoncait cette censure dans un communiqué: "Il est inadmissible que les membres de la profession et les spectateurs aient été privés des réflexions de celui qui a reçu le César du Meilleur acteur, relatives aux menaces qui pèsent en France actuellement sur l'action culturelle cinématographique et les salles de cinéma indépendantes." Selon l'UJC, "cet acte de censure est un nouveau coup porté contre celles et ceux qui au quotidien se battent pour la défense du cinéma sous toutes ses formes." En réponse à ce début de polémique, Renaud Le Van Kim, producteur de la cérémonie des Césars, s'est dit "tout à fait désolé" que le comédien Mathieu Amalric "ait pu imaginer une censure quelconque" de son texte de remerciements. "Je tiens à préciser que nous avons reçu le texte de Mathieu Amalric aux alentours de 23h00. Nous sommes tout à fait désolés qu'il ait pu imaginer une censure quelconque. Il n'a sans doute pas évalué dans quelle précipitation nous avons dû gérer ce texte imprévu dans le conducteur d'une émission en direct de cette ampleur", écrit le producteur. "Pour des raisons de timing (...), nous avons demandé à son agent, représentant officiel de l'artiste, qui nous a donné son accord sans l'ombre d'une hésitation, d'écourter son texte", explique le producteur. "Contrairement ce qu'affirme Mathieu Amalric, nous ne l'avons évidemment pas fait pour des raisons éditoriales." Sur leur site internet, les Cahiers du Cinéma publient l'intégralité du texte qui aurait du être prononcé.
Aline Honigmann avec l'AFP