AlloCiné Séries : Sylar est un des personnages les plus populaires de "Heroes". Vous attendiez-vous à un tel engouement de la part des fans ?
Zachary Quinto : Tout le monde attendait avec impatience et curiosité de savoir qui allait interpréter Sylar. Ils ont tous été assez surpris par le fait que ce soit moi. Quand je suis arrivé pour mon premier jour de tournage, je ne l'ai appris que plus tard, mes collègues ont discuté avec les producteurs et se disaient : "quoi ? c'est lui ? Sans rire ?" Ils avaient dépeint un personnage si sombre, si menaçant, si imposant au cours des huit premiers épisodes, et j'apparais dans ma première scène sous les traits de cet horloger à l'air tellement gentil, Gabriel Gray... La juxtaposition de ces deux éléments était quelque chose que les gens attendaient avec impatience. Je n'aurais jamais pu me douter d'un tel succès, sûrement pas, mais j'en suis très reconnaissant.
Dans les premiers épisodes de la série, lorsque le visage de Sylar n'est pas encore dévoilé, était-ce vous déjà devant la caméra ?
Ce n'était pas moi jusqu'à la scène du café dans l'épisode 8. Et le premier épisode que j'ai tourné, c'était en fait le neuvième, l'épisode du bal de fin d'année, où je tue Jackie la pom-pom girl. Avant, c'était des cascadeurs, ils les ont gardés dans l'ombre, juste des silhouettes, alors on ne voit jamais vraiment leur visage.
Comment vous êtes-vous préparé pour ce personnage à double facettes ? Vous êtes-vous inspiré de personnages comme Hannibal Lecter ?
Non, je ne m'en suis pas inspiré. Pas consciemment en tout cas. Je pense que la représentation de ce personnage donnait la vision la plus effrayante et intérieure d'un méchant que je n'ai jamais vue. Mais non, je ne me suis pas vraiment inspiré de ça. Quand vous rencontrez Gabriel, au magasin de montres, il y a tellement de petites portes à ouvrir et à franchir, pour un acteur, tellement d'indications. Ils m'ont donné beaucoup de matière pour travailler, et la connexion que j'ai eu avec le personnage au début, c'était sa tranquilité et le détail de ce qu'il fait de sa vie, il est très isolé, très solitaire et déconnecté, extrêmement concentré sur le minuscule fonctionnement interne de cette montre. Cette tranquilité et cette énergie ont beaucoup influencé la façon dont j'ai abordé le personnage. Ensuite, la lecture du script de l'épisode 10 m'a permis de me lancer, alors c'est comme ça que je me suis plongé dans le personnage. Après, il y a tellement de choses qui sont venues s'ajouter que j'ai pris le train en route.
Comprenez-vous comment votre personnage glisse de Gabriel à Sylar ?
C'est très compliqué, et je comprends tout à fait, mais c'est difficile à expliquer. Quand quelqu'un est aussi déconnecté, désengagé de la société, beaucoup de possibilités de dérangements, de désillusions peuvent naître, et prendre le contrôle de cette personne. Je pense que Gabriel était une sorte de bombe à retardement en ce sens que, quand le professeur Suresh arrive et suggère qu'il puisse être le patient zéro, cette faim qu'il a emmagasinée en lui peut se révéler au grand jour. Mais Gabriel n'est pas exactement un type solitaire normal, il est profondément dérangé. La ligne est franchie à partir du moment où Suresh entre dans le magasin de montres et où il lui dit "oui, tu es spécial, tu es ce que tu as toujours voulu être". Explosent alors ce désespoir, cette faim insatiable. Et quand Suresh allume cette petite étincelle, tout l'assaille et Gabriel, qui ne semble pas si spécial, perd le contrôle.
Est-ce que nous saurons un jour comme fait Sylar pour voler le pouvoir des autres héros après les avoir tués ?
Je n'en sais rien. Je connais mon opinion, ma position, je sais comment je joue le personnage, j'ai eu des conversations avec certains scénaristes et les producteurs, mais ils ne sont pas encore prêts à l'écrire ou à le montrer à l'écran. Je pense que garder le mystère est aussi fascinant que de savoir, pour le public mais pour moi aussi. Je ne sais pas. Ce serait une question à poser à Jeph Loeb ou Tim Kring (ndlr : les créateurs de Heroes).
A la fin de l'épisode 18, nous voyons Sylar sur le point de tuer Peter. Que se passerait-il s'il absorbait ses pouvoirs ? Qui pourrait l'arrêter ?
Oui, qui pourrait l'arrêter ? Je pense que ce serait très dangereux, pour le monde mais aussi pour Sylar lui-même. Pendant toute la première saison, Peter s'est battu avec ce pouvoir, avec l'idée d'exploser. A la fin de l'épisode 11, il s'évanouit avant d'être capable de maîtriser son pouvoir, de le contrôler, cela met en danger sa santé. Si Sylar absorbait la capacité de Peter à absorber les pouvoirs des autres, en plus de ceux qu'il a déjà, cela deviendrait complètement incontrôlable. Mais nous verrons peut-être ça... quand je l'aurai tué !!
Comment parvenez-vous à jouer votre personnage, alors que vous ne connaissez pas son évolution et que vous ne savez pas ce qui va lui arriver ?
Cela nécessite une certaine confiance, envers nos scénaristes et nos producteurs qui nous font eux aussi confiance. Nous gardons tous une bonne dose de foi... le tour que va prendre la série continuera d'être passionant, stimulant et gratifiant. Et jouer chaque épisode uniquement avec les informations que l'on a, c'est plutôt euphorisant, parce que deux épisodes plus tard, il peut y avoir une toute nouvelle lumière sur la scène ou la relation que vous aviez dans un épisode précédent, et c'est vraiment cool, vraiment unique. Peu de séries sont basées sur ce genre de structure.
Est-ce qu'il vous est déjà arrivé que quelqu'un vous reconnaisse et panique complètement en vous voyant ?
J'ai sans aucun doute fait sursauter des gens qui ne s'attendaient pas à me voir. Lorsqu'ils arrivent au coin d'une rue, par exemple, et qu'ils me voient et crient "oh mon dieu", visiblement ils m'ont reconnu. Au début les gens sont nerveux. Quand ils m'approchent, ils ont parfois un mouvement de recul. Mais en général, comme je suis très différent de mon personnage, je suis plutôt quelqu'un de gentil, d'avenant, d'accessible, une fois qu'ils arrêtent de me voir comme mon personnage, ils se rendent compte que tout va bien. Mais certaines personnes adorent le méchant, alors ils sont surexcités quand ils me rencontrent, ils s'enflamment. Les gens adorent détester le bad guy, alors être le bad guy que les gens aiment détester, c'est vraiment génial. J'adore ça !
Avant "Heroes", vous avez déjà joué dans la série"So NoTORIous". Quels souvenirs en gardez-vous ?
J'en garde beaucoup de souvenirs, c'était vraiment génial... un monde complètement différent de celui dans lequel je suis actuellement. Je suis ravi et reconnaissant d'avoir eu cette opportunité. Vous savez, à Los Angeles, quand les gens vous voient comme un personnage, ils ont tendance à vouloir vous voir toujours dans ce type de personnage et ils vous rangent dans une certaine catégorie. Je suis vraiment content d'avoir pu passer d'un extrême à l'autre dans la palette des genres. So NoTORIous était une série géniale, Tori Spelling et moi sommes devenus amis. Je suis allé à l'université avec quelques collègues, d'ailleurs, donc je les connaissais déjà : James Carpinello, Brennan Hesser... Nous nous sommes bien amusés, c'est évident. Mais mon but en tant qu'acteur c'est de surprendre tout le temps, d'aller partout où je peux, et d'inviter les gens à m'offrir des opportunités. Je suis très reconnaissant aux créateurs de Heroes d'avoir été les premiers à me proposer le rôle et de me permettre de vivre cette expérience.
Aimez-vous les séries télévisées ? Quelles sont vos préférées ?
J'aime les séries télévisées, oui. Je n'en regarde pas autant qu'on pourrait s'y attendre, vu que je passe moi même à la télévision. Pendant cinq ans, je n'ai pas eu de télévision dans mon appartement de Los Angeles. En fait j'en ai eu une, quelques temps, mais je la laissais au placard et ne la ressortais que pour regarder des films. Je préfère le cinéma. Mais sinon, j'aime Six pieds sous terre, À la Maison blanche... Cette dernière était l'une de mes séries préférées, tellement bien écrite, remarquablement jouée. Les acteurs de cette série sont absolument incroyables. J'aimais aussi Arrested Development. Ce sont des séries qui ne passent plus, mais maintenant je n'ai plus le temps de regarder la télévision. J'ai un peu perdu le fil à ce niveau là.
Voir l'interview de Sylar !
Propos recueillis par Sarah Vauzelle le 21 avril 2007 à Paris
au 15ème Festival Jules Verne
Montage Frédéric Heusse
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