AlloCiné Séries : Dans la genèse de "Heroes", le personnage Mohinder était un homme d'une cinquantaine d'années. Quel effet ça fait de savoir que les scénaristes ont réécrit le personnage pour vous ?
Sendhil Ramamurthy: C'est une sensation géniale. Le fait que le rôle ait été conçu au départ pour un homme dans la cinquantaine m'a aidé à faire une meilleure audition ! Je pensais n'avoir aucune chance d'obtenir le rôle. Je ne comprenais même pas pourquoi ils voulaient me voir, je n'ai donc ressenti aucune pression, je n'étais pas du tout nerveux. J'y suis allé, j'ai fait ce que je devais faire, et je suis parti. Cela m'a vraiment aidé.
Mohinder n'a pas choisi sa quête. Etait-il prêt à être impliqué dans cette histoire ?
Aucun personnage, aucun Heroes ne choisit cette quête. C'est elle qui les choisit. Ils n'ont pas vraiment le choix, ce sont des héros et tout dépend de la manière dont ils répondent à cette quête. Au départ, Mohinder fait ce voyage à cause du meurtre de son père. Mon personnage est plus ou moins forcé d'examiner les recherches de son père et les raisons pour lesquelles ce dernier les avait effectuées. Il doute, il se dit que peut-être son père était fou... Ce n'est qu'après qu'il tente de résoudre le meurtre et de reprendre les recherches commencées par son père. Je ne pense pas que Mohinder voulait faire partie de cette histoire, mais la quête l'a choisi, alors... ainsi soit-il !
Mohinder est dans une situation très critique à la fin du dernier épisode. Que pouvez-vous nous dire pour rassurer vos fans ?
Pas grand chose. C'est dans la nature même de la série que les personnages soient impuissants face à certaines situations. Parfois, ils peuvent les surmonter, parfois non. Certains personnages vont mourir. Nous venons de perdre Simone (ndlr : jouée par Tawny Cypress) et je peux vous dire qu'un autre personnage va mourir avant la fin de la saison. Est-ce Mohinder ? Un autre ? De toute façon, les acteurs savaient depuis le départ qu'aucun des personnages n'était irremplaçable. Certains peuvent partir, d'autres peuvent arriver. Aucun personnage n'est plus important que l'histoire. C'est elle, la véritable star de la série. J'aimerais pouvoir dire que Mohinder ne va pas mourir, mais je ne peux pas.
Tous les personnages ont une part d'ombre, mais nous n'avons pas encore vu celle de Mohinder. Quelle pourrait-elle être ?
J'espère que c'est la vengeance. J'aimerais que l'on voit le côté sombre de Mohinder à un moment, comme on en voit un petit exemple à la fin de la première saison avec Sylar. J'espère qu'on en verra un peu plus dans la deuxième saison.
Justement, que pouvez-vous nous dire sur la seconde saison ?
Absolument rien, nous ne savons rien à propos de la seconde saison. Nous avons reçu le script de l'épisode final hier soir (ndlr : l'entretien a été réalisé le 19 mars 2007), et je ne l'ai pas encore lu. Je vais m'asseoir et le lire dès la fin de cette interview.
Aucun personnage n'a la certitude de survivre. Cela a-t-il un impact sur la série, les acteurs ou les personnages ?
Je pense que oui. Tim (ndlr Kring, le créateur de la série) a déclaré qu'aucun personnage ne sera jamais trop puissant ou capable de faire trop de choses. Au-delà, on ne sait pas exactement où les scénaristes veulent aller. Le fait que chaque personnage puisse partir est un moyen pour les scénaristes de rester honnêtes. Ils ne veulent pas sombrer dans les clichés, mais écrire des histoires encore et toujours meilleures.
Mohinder n'a aucun pouvoir. Il est comme le public. Est-ce la raison pour laquelle les téléspectateurs peuvent s'identifier à lui ?
Absolument. Il fallait un personnage principal sans pouvoirs. Tim Kring y tenait beaucoup car il ne voulait pas d'une série entièrement peuplée de super-héros. Les personnages ne doivent pas former une ligue de justiciers parcourant la planète afin de sauver des gens et d'arrêter le Mal. C'est un groupe de personnes désespérées dans lequel certains individus développent des capacités. Ils essaient de faire avec. Mohinder est le narrateur, le spectateur qui guide les téléspectateurs. Tout comme le public, il essaie de comprendre comment et pourquoi ces personnes développent de tels pouvoirs, comment tout cela est possible, comment contrôler ces pouvoirs...
Mohinder est-il réellement dénué de pouvoirs ?
Tout est possible. La soeur de Mohinder avait un pouvoir, cela laisse la porte ouverte... Mais j'espère vraiment qu'il n'en aura pas. Je ne sais pas, ils ne m'ont rien dit, dans un sens ou dans un autre.
Etiez-vous surpris par le fait que Mohinder ne soit pas un personnage d'indien typique et caricatural ?
J'ai refusé d'auditionner pour de nombreux rôles parce que je ne suis pas intéressé par ce type de personnage. Quand Mohinder est arrivé, j'ai réalisé que c'était une chance unique. J'étais vraiment excité car je ne crois pas avoir déjà vu un personnage d'origine indienne comme Mohinder à la télé, que ce soit aux Etats-Unis ou en Angleterre où j'ai vécu durant 6 ans, bien que l'influence indienne soit plus importante là bas. J'étais donc très surpris et heureux que Tim ait eu le courage de faire cela et ce genre de série. Ça ne pose de problèmes à personne pour être honnête.
En tant qu'acteur, est-ce amusant de jouer avec un accent ?
C'est un challenge. C'est difficile d'apprendre et de jouer avec. Le personnage le perd parfois, mais en temps normal il parle avec. Ça continue d'être un challenge, et j'adore ça.
La série est doublée dans d'autres langues. Ne vous sentez-vous pas frustré par la perte de l'accent et donc d'une partie de votre travail ?
Je suppose qu'avec la traduction, l'accent disparaîtra en effet. C'est frustrant mais tout à fait compréhensible. On ne parle pas anglais partout, et le fait que les téléspectateurs en France, au Portugal, en Espagne, au Brésil ou dans d'autres pays où la série sera diffusée puissent l'apprécier et la comprendre dans leur propre langue me rend heureux. C'est le plus important. Si l'accent est perdu dans la traduction mais que le message passe, ça me va.
Sendhil, vos parents sont médecins, vous vouliez également être médecin, pourquoi êtes-vous devenu acteur ?
J'aurais fait un horrible médecin ! Je n'aimais pas être à l'hôpital, entouré de personnes malades, je me sentais mal, je déprimais ! C'est une bonne chose que j'en joue un à la télé. C'est mieux pour moi, et certainement mieux pour les patients !
En quoi le succès de la série a-t-il changé votre vie ?
J'ai développé un très grand ego. Je ne parle plus vraiment aux gens, je me considère comme une personne importante et je regarde tout le monde de haut. Non, je plaisante ! (rires) Le succès a changé ma vie dans de nombreux domaines. Premièrement, en tant qu'acteur, avoir un travail régulier est une chance fantastique. Et puis ma vie de tous les jours est différente : les gens me reconnaissent dans la rue, ici à Los Angeles ou partout aux Etats-Unis, ils viennent vers moi et me parlent, c'est très positif. Personne n'est encore venu vers moi pour me dire "Oh mon Dieu! Vous êtes un acteur horrible, vous devez quitter la série immédiatement !". Ils sont en général fans de la série et veulent tous savoir ce qui va arriver. Dans ces cas-là, je dois être charmant et ne rien dire, mais après j'ai toujours peur d'en avoir trop dit. Je travaille là-dessus !
Avez-vous des projets pour les vacances entre les deux saisons ?
J'ai eu quelques offres et je suis en train d'y réfléchir. Je ne peux pas vraiment en parler maintenant, car rien n'a été finalisé mais c'est en cours. Le problème tient au fait que le temps de battement entre les deux saisons est très court, environ 7 semaines. Trouver un film durant ce laps de temps est difficile.
Quelles sont vos séries préférées ?
Je suis un grand fan des séries Entourage, Larry et son nombril, Sur écoute et Grey's Anatomy. J'ai joué un très petit rôle dans le premier épisode de cette dernière et j'aime beaucoup les acteurs. En fait, je ne regarde pas beaucoup la télévision : j'ai une petite fille de neuf mois, et je suis très occupé avec elle! Elle ne me laisse que peu de temps pour regarder la télé.
Vous n'étiez pas réellement fan de comics avant de jouer dans la série. L'êtes vous maintenant ?
Non, pas vraiment. Ce n'est simplement pas quelque chose que j'apprécie particulièrement. J'ai lu beaucoup de comics et de livres sur le sujet mais ce n'est pas pour moi.
Propos recueillis par Aurélie Sibille, le 19 mars 2007
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